Mapaero met le cap sur l'Asie pour exporter ses peintures à l'eau
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Mapaero met le cap sur l'Asie pour exporter ses peintures à l'eau

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Le spécialiste des peintures à l'eau pour l'aéronautique Mapaero ouvre une filiale à Hong Kong. Un premier pas avant un transfert souhaité d'une partie de sa production à l'étranger, en Asie du Sud-Est et aux États-Unis. L'entreprise de Pamiers travaille en parallèle sur une nouvelle génération de produits plus respectueuse de l'environnement.

Photo : Mapaero

Les premiers Européens à homologuer une peinture à l'eau pour l'aéronautique en 2001, c'étaient eux. Depuis plus de 25 ans, Mapaero (130 collaborateurs ; CA 2017 : 30 M€) conçoit, fabrique et vend des peintures destinées aux intérieurs et extérieurs des aéronefs. Aujourd'hui, la société installée à Pamiers (Ariège) ouvre sa troisième filiale à l'étranger, à Hong Kong, innove avec une nouvelle génération de peintures plus écologiques et investit 1 M€ dans des bâtiments neufs.

Depuis l'acquisition d'une technologie californienne développée par Boeing au milieu des années 1990, Mapaero est spécialisé dans la peinture à l'eau. Elle représente aujourd'hui 75 % de son activité. En 2009, l'entreprise dont la majorité des clients sont les sous-traitants des avionneurs (80 %) a ouvert sa première filiale internationale en Allemagne, un important marché de l'aéronautique européen avec la France. Elle y réalise aujourd'hui 35 % de son chiffre d'affaires à l'export et trois collaborateurs y sont installés.

Produire à l'étranger

Les États-Unis et le Royaume-Uni ont suivi en 2014 et 2015. « Nous ouvrons un fief à Hong Kong pour consolider notre présence en Asie, un marché en pleine croissance, décrypte Éric Rumeau, PDG de Mapaero depuis avril, après en avoir piloté la R&D pendant quinze ans. En plus de la clarté comptable, cette filiale va permettre à nos clients de Taïwan, du Japon, de Corée ou de Chine de régler directement en euros, alors que le marché aéronautique est régi par le dollar. C'est aussi une étape pour produire notre peinture localement. » Mapaero réalise aujourd'hui 8 % de son CA en Chine et Corée, 8 % au Royaume-Uni et 10 % aux États-Unis. Et c'est en Amérique que la société souhaite ouvrir son premier site de production hors de France. Elle cherche actuellement à y acquérir une entreprise.

Aujourd'hui, Mapaero fabrique toutes ses peintures sur son site ariégeois de 9 000 m2. « Pour adresser les compagnies aériennes, il faut être homologué auprès de tous les avionneurs internationaux - Boeing, Airbus... Aujourd'hui nous sommes d'envergure européenne, mais c'est cette dimension mondiale que nous visons », précise Éric Rumeau.

Améliorer l'empreinte écologique

L'entreprise est justement leader européen dans le domaine des peintures primaires, qui représentent 55 % de son CA. Ces produits à l'eau sont les premières couches protectrices destinées aux pièces élémentaires de structure intérieures et extérieures des avions. Beige ou verte sur l'aluminium, beige ou bleue sur les matériaux composites, la peinture est toujours anticorrosion dans les cas du fuselage et des ailes. Les produits Mapaero destinés à l'environnement passager et au cockpit sont homologués au niveau mondial. Ces peintures, vendues à Boeing, Bombardier ou encore Embraer, pèsent 30 % du CA de la société. La peinture extérieure - qui constitue 70 % du marché mondial de la peinture aéronautique - en représente 8 %. L'entreprise fournit notamment Airbus Helicopters et la gamme TBM de Daher-Socata à Tarbes.

Par ailleurs, Mapaero produit des peintures spéciales (conductrices, antidérapantes, résistantes à l'érosion ou aux hautes températures) conçues par une équipe de R&D forte de 26 personnes. « En tant que PME, la réactivité et l'innovation sont deux axes fondamentaux, souligne Éric Rumeau. Nous travaillons notamment sur une deuxième génération de peinture à l'eau sans chrome 6, un pigment anticorrosion considéré comme "critique" par la réglementation européenne Reach .» Nombre d'entreprises dans le monde cherchent un substitut au chrome 6. Mapaero pense, lui, pouvoir lancer cette peinture à l'eau anti-corrosion nouvelle génération plus écologique entre 2021 et 2025.

De nouveaux laboratoires

La PME, qui produit 1 600 tonnes de peinture par an, imagine aussi les peintures de demain qui sèchent plus vite pour limiter l'immobilisation des pièces aéronautiques et permettre une meilleure cadence. Les ingénieurs Mapaero développent des produits applicables sur de plus en plus de matériaux différents, et tous doivent être applicables par des robots. Pour se maintenir en tête de la course à l'innovation, l'entreprise doit investir 1 M€ en 2019 pour la construction de 1 000 m2 supplémentaires, notamment dédiés à des laboratoires. En 2017, l'entreprise avait déjà sorti de terre la même surface de nouveaux bâtiments administratifs.

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