"La disparition de notre président, Christophe Jung, en décembre dernier, a été un choc pour toute l’entreprise mais elle reste 100 % familiale, les rouages internes sont solides et tous les projets qui étaient programmés, se feront", souligne d’emblée Michel Walter, ancien directeur général, aujourd’hui président de l’entreprise alsacienne Jung Logistique dont le siège social est basé à Sélestat, dans le Bas-Rhin. Différents projets et investissements sont actuellement déployés par l’entreprise spécialisée dans le transport et la logistique, afin de conforter ses activités. Depuis le début de l’année, à Illies-Salomé (59), à proximité de Lille, Jung Logistique loue 60 000 m² d'entrepôts afin d’accompagner son client Heineken dans ses développements. 14 millions d’euros ont également été investis dans l’extension de sa plateforme régionale de Dambach-la-Ville (67) qui est ainsi passée de 40 000 à 63 000 m². "Une montée en puissance qui vise à répondre aux besoins croissants de nos clients. Toujours sur ce site, nous investissons encore 3 millions d’euros afin de parfaire l’automatisation. Le projet a démarré", indique Michel Walter. Pour alimenter son chiffre d’affaires, l’entreprise pourrait aussi avoir recours à de la croissance externe. Des contacts sont noués et des options sont étudiées mais pour l’heure il est encore trop tôt pour en parler, confie le dirigeant.
Doubler le chiffre d’affaires en lien avec la logistique
Jung Logistique a réalisé un chiffre d’affaires de 82 millions en 2022, en progression continue de 5 à 10 % chaque année. Comme le laisse supposer la nature des investissements évoqués, l’ambition est de fortement développer l’activité logistique de l’entreprise. "Le transport qui est l’activité originelle de Jung Logistique, génère environ 50 millions du chiffre d’affaires de l’entreprise contre un peu plus de 30 millions pour la logistique. Notre objectif est d’atteindre les 60 millions d’euros, dans les années à venir, sur cette dernière activité", explique Michel Walter. L’entreprise familiale dispose actuellement de 12 sites logistiques, avec un fort maillage sur le territoire alsacien, représentant une surface totale de plus de 300 000 m². Elle y déploie toute une palette d’activités et de services à valeur ajoutée : préparation de commandes B to B et B to C, copacking, repacking, kitting (préparation de kits), du contrôle et tri qualité, ré-étiquetage sans oublier du pilotage de flux logistiques en mettant à la disposition de ses clients, en temps réel, l’ensemble des données via un portail web développé sur-mesure.
En ce qui concerne l’activité de transporteur, Jung Logistique dispose d’une flotte poids lourds de 250 camions assurant un transport routier à travers toute l’Europe. "Nos clients sont de grands groupes internationaux actifs dans différents secteurs d’activité. Heineken, Carlsberg ou bien encore Cora, Socomec et Lonza pour n’en citer que quelques-uns", précise Michel Walter.
Un programme de formation pour une montée en compétences
Si la plupart des feux sont au vert pour continuer à se développer, l’ETI qui emploie 600 salariés répartis à parts égales dans ses deux grands métiers, se heurte tout de même à un écueil : la pénurie de main d’œuvre.
"Dans le Nord comme en Alsace, nous recrutons des chauffeurs comme des caristes ou des manutentionnaires. Et c’est clairement compliqué pour nous comme pour tous nos confrères. Nous avons néanmoins un petit avantage puisque, depuis trois ans déjà, nous déployons un programme de formation, en interne, qui vise à assurer la montée en compétences de l’ensemble des équipes et tout particulièrement du middle-management. Cela ne permet pas de couvrir tous les besoins mais cela participe à fidéliser nos collaborateurs et à améliorer notre compétitivité", précise le président de Jung Logistique qui a été créée en 1955 par Gérard Jung. En 1988, l’entreprise comptait 25 salariés. C’est à cette époque que Christophe Jung en prend les rênes et va s’attacher à développer l’affaire familiale en l’enrichissant de l’activité logistique. "Passionné de sport (il était, entre autres, président du club de foot le SC Sélestat depuis 2018, NDLR) et ayant un mental d’acier, Christophe Jung nous a tous appris à ne jamais rien lâcher", confie Michel Walter.
Nouvelle gouvernance
Malgré la disparition de son emblématique dirigeant, l’histoire de Jung Logistique continue. Et elle se poursuit en famille, avec la mise en place d'une nouvelle gouvernance. L’intégralité du capital de Jung Logistique est entre les mains des enfants de Christophe Jung. Deux d’entre eux sont tout particulièrement impliqués dans l’entreprise. Virginie Jung est vice-présidente du conseil de surveillance et Paul Jung fait partie du comité de direction. "Ils connaissent bien le monde de l’entreprise. Virginie a déjà dirigé une entreprise dans le domaine du sport (un complexe sportif à Sélestat, NDLR) et Paul a créé une start-up spécialisée dans la commercialisation de maillots de football vintage (Vintage Football Area, NDLR) qui connaît un beau succès. Il y a des compétences et de l’énergie. Christophe Jung avait pour projet de lever un peu le pied au sein de l’entreprise pour développer des projets plus personnels qui lui tenaient à cœur, dans d’autres domaines d’activité. Depuis 4 ou 5 ans déjà, le nécessaire avait donc été fait pour assurer la stabilité du pacte d’associés et mettre en place des structures internes à la fois fortes et pérennes. Ces dispositions nous permettent, aujourd’hui, de pouvoir aller de l’avant avec ambition et sérénité ", explique Michel Walter qui connaît très bien l’entreprise. Ancien directeur général de Jung Logistique, il a intégré l’entreprise, il y a 17 ans.
