L'événementiel redémarre en trombe à Saint-Etienne
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L'événementiel redémarre en trombe à Saint-Etienne

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Sinistré par la pandémie de Covid-19, le secteur de l’événementiel semble redémarrer très fort dans la région stéphanoise avec des congrès nationaux en juin mais surtout une vague d’événements privés, mariages en tête, qui pose des problèmes d’organisation pour les professionnels du secteur.

Entre les mariages, anniversaires et baptêmes L’événementiel privé connait un regain d’activité fort dans la région stéphanoise — Photo : Globe Réception

"Nous sommes contents de retrouver notre métier. Après quasiment 16 mois d’interruption, cela fait du bien d’être à nouveau autorisé à travailler", lance Laurence Bussière, directrice générale de Saint-Etienne Événements, le délégataire de service public (détenu à 65 % par GL Events et 35 % par l’association Saint-Etienne Parc Expo) qui gère et exploite le Centre de Congrès, le Parc des Expositions, la Verrière Fauriel, la Cité du Design et Métrotech.

Les sites événementiels rouvrent leurs portes

Depuis le 9 juin, les 5 principaux sites événementiels de la métropole stéphanoise ont rouvert leurs portes à hauteur de 65 % de leurs jauges habituelles. Une bonne nouvelle pour la filière MICE (Meetings, Incentives, conferencing et Exhibitions/Events) qui, avec la crise sanitaire, a vu ses efforts pour faire entrer Saint-Etienne dans le top 15 des villes événementielles retomber comme un soufflet.

"En 2013, le tourisme d’affaires représentait environ 18 millions d’euros de retombées économiques directes pour le territoire. Avant la crise, nous étions montés à près de 22 millions d’euros sans compter l’effet de traîne avec des retombées indirectes sur les traiteurs, la restauration… qui représentaient une vingtaine de millions d’euros supplémentaires. Et là, avec la pandémie de covid, nous avons perdu quasiment 80 % de notre activité", se désole Stéphane Devrieux, directeur de Saint-Etienne Tourisme et Congrès.

Des congrès nationaux et un plan de relance

Dans ce contexte, voir l’activité reprendre avec quatre congrès d’audience nationale dans le même mois, relève quasiment du miracle. Congrès de la CFDT Communication, Conseil & Culture (350 participants sur 4 jours), assemblée générale de la fédération des PEP (Pupilles de l’Enseignement Public), Convention nationale de la Jeune Chambre Économique Française (250 participants), Association Nationale des Étudiants de Médecine en France (300 participants)… "C’est un premier signe de reprise. Objectivement, les organisateurs ont été audacieux. Ces événements ont été maintenus au planning mais avec de très grosses incertitudes sur le fait qu’ils puissent se tenir", estime Laurence Bussière.

Plusieurs congrès dans les tuyaux

Autre bonne nouvelle, le téléphone s’est remis à sonner. "Nous avons enregistré une nette reprise des demandes entrantes. Pour le second semestre, nous avons déjà plusieurs congrès dans les tuyaux autour de la pneumologie, du très haut débit et également avec des sections de la CFDT. Le démarchage relationnel est bien reparti aussi. Nous recommençons à accueillir des organisateurs de congrès sur le territoire, la semaine dernière des biologistes des hôpitaux de Paris. La dynamique ne repart pas doucement mais de manière forte", confie Stéphane Devrieux.

Un redémarrage en trombe donc que Saint-Etienne Tourisme et Congrès entend bien intensifier avec la mise en place d’un plan de relance. "L’objectif est de renforcer le démarchage commercial et la communication. À notre niveau, nous avons dégagé des budgets supplémentaires pour monter une opération à l’automne pour cibler les grands comptes. Nous allons faire monter Saint-Etienne à Paris avec nos partenaires Saint-Etienne Événements et le Club des Hôteliers Stéphanois", explique le directeur de Saint-Etienne Tourisme et Congrès.

Mettre au point des actions communes

En parallèle, l’office métropolitain de tourisme et de congrès a renforcé sa communication dans les revues spécialisées et s’est rapproché d’Auvergne Rhône-Alpes Tourisme et des grandes villes de la région (Clermont-Ferrand, Grenoble, Lyon, Chambéry) pour mettre au point des actions communes visant à promouvoir leurs destinations. "Toutes les villes en France se sont rendu compte que l’arrêt du tourisme d’affaires faisait tomber à l’eau énormément d’activités : l’hôtellerie, la restauration, mais aussi les prestataires techniques que sont la sécurité, le nettoyage, etc. L’enjeu est donc énorme et la reprise s’annonce extrêmement concurrentielle", justifie Laurence Bussière.

Une situation exceptionnelle de relance de l’activité

Pour tirer son épingle du jeu, Saint-Etienne Tourisme et Congrès chassera donc en meute avec des opérations groupées et qualifiées de mailing et surtout l’organisation d’un workshop à Paris avec Auvergne Rhône-Alpes Tourisme. "Nous sommes en train de travailler avec des agences pour organiser des rencontres commerciales avec des organisateurs potentiels de congrès. Au final, nous aurons donc deux temps forts à Paris mais sur des cibles différentes. Nous ne faisons pas ça habituellement, mais nous sommes dans une situation exceptionnelle de relance de l’activité", argumente Stéphane Devrieux.

Un label source protocole de l’Apave

Une relance à laquelle Saint-Etienne Événements devrait fortement contribuer avec la Foire de Saint-Etienne à la rentrée, "très attendue par les exposants" mais surtout la remise au goût du jour de projets rangés au placard durant la pandémie. "Nous allons relancer l’organisation du salon de l’automobile et du salon de l’Habitat et Design. La vie reprend son cours avec quelques compétences en plus acquises durant cette période covid. Nous savons désormais mettre en œuvre un protocole sanitaire strict. Nous avons d’ailleurs obtenu le label source protocole de l’Apave. Et puis, nous savons aussi intégrer à nos événements la captation d’image et la retransmission de ce qui se passe sur nos sites", détaille Laurence Bussière.

Emeline Russier, fondatrice de Globe Réception à Saint-Etienne — Photo : Gilles Cayuela

Coup de feu dans l’événementiel privé

Si tout semble donc en ordre de marche pour la relance du tourisme d’affaires et des événements grand public à la rentrée, c’est du côté de l’événementiel privé que la reprise est la plus significative. "L’activité redémarre très fort. Trop fort peut-être même ! Surtout sur les mariages ! Normalement, on met un an voire deux à préparer un mariage avec les clients. Là, j’ai dû m’organiser en 15 jours pour un mariage. Il faut vite faire les devis, vite faire les dégustations… C’est la catastrophe !", lance Émeline Russier, fondatrice de l’organisateur d’événements et traiteur Globe Réception.

Une crise de croissance

Lancée en mars 2020, juste avant le premier confinement sa petite entreprise est aujourd’hui confrontée à une crise de croissance. "En un mois, j’ai dû recruter une apprentie et 3 autoentrepreneurs qui viennent s’ajouter aux quatre chefs indépendants avec qui je travaille. Et depuis peu, je me suis mise en quête de nouveaux locaux. J’ai besoin de 500 m² pour mettre mes bureaux, un laboratoire et de quoi stocker plus de matériel. Le tout avec une chambre froide, ce qui n’est pas facile à trouver dans la région en si peu de temps", développe la jeune entrepreneuse.

Bien connue sur la place stéphanoise pour avoir officié durant de nombreuses années dans des maisons de renommée comme Traiteur Despi ou Le Savoir Fer, Émeline Russier devrait vivre un été assez mouvementé avec "parfois trois mariages dans le même week-end", sans compter les soirées à thèmes qu’elle organise ici et là (Moonlight Party dans un lieu insolite et croisières à thèmes au départ de Saint-Victor-sur-Loire).

"Nous avons presque trop d’activité"

À une autre échelle, Kevin Richard, fondateur de Richard Traiteur (anciennement Le Savoir Fer ; 300 000 € de CA, 8 salariés), est confronté au même coup de feu. "La reprise est surpuissante. Nous avons presque trop d’activité. Tous les événements privés, mariages, baptêmes, anniversaires sont en plein boom. Les gens rattrapent ce qu’ils n’ont pas pu faire pendant un an et demi. Nous, nous ne rattraperons pas ce qui a été perdu mais la saison s’annonce plutôt pas mal. Nous arrivons sur des week-ends avec une quinzaine de prestations. Même sur les événements professionnels, nous commençons à avoir quelques devis", développe le dirigeant.

Une vague de commandes mais un trou dans la raquette

Les événements professionnels, c’est le trou dans la raquette que constate Kevin Waton, dirigeant de Loc’Assiette (9 salariés ; 1 M€ de CA). Spécialisée dans la location de matériel de réception (mobiliers, vaisselles, chapiteaux, etc.) et la vente de matériel consommable (nappage, vaisselles éphémères, décorations), l’entreprise familiale stéphanoise a elle aussi constaté une grosse reprise de son activité.

"Nous n’avons pas retrouvé le niveau de 2019 mais nous sommes overbookés en termes de prises de commandes. Habituellement, ces commandes se font en début d’année. Là, elles ont attaqué mi-avril. Résultat on se prend actuellement une véritable vague dans la figure. Tout ce que l’on fait d’habitude en plusieurs mois est aujourd’hui concentré sur quelques semaines", constate le dirigeant de Loc’Assiette, dont l’activité dépend à plus de 70 % de l’événementiel.

Mais cette vague ne semble pas concerner les événements professionnels. "La saison sera meilleure que ce que je pensais mais il va nous manquer 80 % du marché des entreprises. Les séminaires, les repas d’entreprises n’existent quasiment pas cette année et ne redémarreront pas avant la rentrée, au mieux", remarque Kevin Waton.

En temps normal, un mois de juin, c’est environ 250 repas d’entreprises pour Loc’Assiette. "Cette année, si on en fait une dizaine ce sera le maximum", conclut le dirigeant.

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