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L'ETI nordiste Ineat rejoint le groupe Astek pour accélérer
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L'ETI nordiste Ineat rejoint le groupe Astek pour accélérer

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Le groupe lillois spécialisé dans la transformation numérique Ineat vient d'annoncer son rachat par le groupe francilien Astek. Une étape importante pour l'ETI, fondée en 2006 à Euratechnologies, qui fait le choix de se renforcer pour mieux affronter des temps troublés.

Cyril Delbecq et Yves Delnatte ont fondé Ineat en 2006 à Lille. Ils viennent de rejoindre le groupe Astek pour pouvoir accélérer le développement de l'ETI, malgré la crise qui s'annonce. — Photo : Ville de Lille

"Il va vous falloir un plus gros bateau", analyse avec lucidité le héros du film Les Dents de la Mer à ses comparses chasseurs de requin lors de leur premier face-à-face avec le monstrueux squale. C’est un peu ce que se sont dit Yves Delnatte et Cyril Delbecq, les deux dirigeants du groupe lillois Ineat, en voyant les nuages de la crise du Covid-19 s'amonceler au loin.

L’ETI spécialisée dans la transformation numérique, créée en 2006 à Euratechnologies, vient d’être rachetée par Astek, groupe francilien indépendant spécialisé en ingénierie et conseil en technologie comptant 5 000 collaborateurs, qui devrait réaliser 250 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2020, et 500 millions d'euros en 2024. L’objectif est double pour les dirigeants d’Ineat : accélérer et mettre à l’abri de ce qu’ils ont construit depuis quatorze ans.

Protéger l’entreprise et les salariés

Avec ses 24 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2019 et ses 300 salariés en France, à Montréal et à Shanghai, Ineat ne semblait pourtant pas le moins armé pour affronter une tempête. L’ETI, qui accompagne des entreprises, dont un certain nombre de grands groupes nordistes, dans leur digitalisation, est particulièrement reconnue pour son savoir-faire en termes d’e-commerce et d’expérience numérique. Pour autant, ses fondateurs n’étaient pas sereins.

"Cela faisait environ un an et demi que nous cherchions à lever des fonds. Nous avons toujours fonctionné en fonds propres, il était temps d’accélérer. Nous avons rencontré beaucoup de fonds d'investissement et de banques, mais rien n’a collé. Les fonds voulaient nous imposer des objectifs irréalisables, qui ne correspondaient pas à nos ambitions, et nous n’avons jamais réussi à trouver un accord avec les banques. Juste avant le début de l’épidémie de coronavirus, on a failli signer avec un fonds, mais ça ne s’est pas fait finalement. Après le premier confinement, la question s’est posée différemment. L’enjeu désormais, c’était de protéger tous nos salariés, tout en développant de nouveaux marchés pour Ineat, qui a besoin de se diversifier pour affronter la crise," retrace Yves Delnatte, le directeur général d'Ineat.

Finalement, une prise de contact et un rapprochement s’opèrent avec Astek, "Nous avons eu un très bon feeling avec Julien Gavaldon, le président d’Astek, avec qui nous partageons des valeurs communes", résume le dirigeant. Dirigé par un Québécois et très bien implanté à Montréal, Astek est présent dans 15 pays, et, comme Ineat, à Lille, Paris, Lyon, Bordeaux, et Shanghai. Le groupe francilien cherchait justement à se renforcer dans le nord de la France, et auprès des grandes entreprises régionales du retail, principaux clients d’Ineat, qui compte 250 salariés à Lille.

S’ouvrir des marchés pour accélérer

De son côté, en passant sous l’égide d’Astek, Ineat va se voir faciliter l’accès aux marchés à Montréal et dans le nord de l’Amérique, où Astek, qui compte désormais plus de 450 salariés sur place, fait figure de leader. L’ETI s’ouvre également la porte de nouveaux secteurs, à un moment où la diversification de sa clientèle apparaît comme un enjeu majeur. Astek revendique un savoir-faire dans l’intelligence artificielle, le conseil en performance, les systèmes numériques, la cybersécurité ou encore l’ingénierie. Le groupe compte des clients dans neuf secteurs d’activité, de l’aéronautique au tourisme en passant par la banque.

"C’est comme un puzzle où tout s’emboîte", se félicite Yves Delnatte, qui entre au comité de direction d'Astek tout comme Cyril Delbecq. "La marque Ineat va continuer à exister, au moins dans le Nord. En tout cas, nous avons pris cette décision en grande partie pour nos salariés, et ils nous ont donné leur aval et leur confiance. L’idée, c’était vraiment d’être mieux armés pour affronter les deux ou trois ans à venir qui vont être difficiles pour tout le monde", justifie-t-il.

Grâce à cette opération, Ineat ambitionne de devenir "l’un des leaders dans le secteur de l’internet, de l’e-commerce et de l’expérience digitale", précise un communiqué, avec un chiffre d’affaires de 100 millions d'euros en ligne de mire.

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