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L'essor du e-commerce donne des ailes à Logvad
Lille # Logistique

L'essor du e-commerce donne des ailes à Logvad

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Le logisticien Logvad vient d'inaugurer un nouvel entrepôt à Neuville-en-Ferrain, près de Lille. Ces 10 000 m² vont lui permettre d'accompagner ses clients qui montent en puissance dans le e-commerce, un effet secondaire inattendu de l'épidémie de Covid-19 et du confinement.

— Photo : Jeanne Magnien - Le JDE

Au milieu des 10 000 m² de son nouvel entrepôt, à Neuville-en-Ferrain, Olivier Coryn, le dirigeant de Logvad fait faire le tour du propriétaire. Sur les rayonnages s’empilent déjà les produits de l’un de ses principaux clients, la chaîne nordiste de magasins de décoration Zodio. Ils seront bientôt rejoints par les stocks d’autres e-commerçants, comme Devred ou encore Kalicodéco, une filiale de Saint-Maclou, qui s’apprête à lancer son site marchand. Dans un angle, ce sont des cartons qui s’empilent, frappés du logo de la start-up parisienne Joone, qui vend des couches-culottes sur abonnement. « Chez Logvad, on accompagne sur le web autant des grands groupes que des start-up qui démarrent dans l’e-commerce, comme Joone, qui cartonne en ce moment. L’intérêt du métier, c’est de trouver des solutions logistiques adaptées aux besoins de chacun, à ceux qui font 3 000 colis par jour comme à ceux qui les font sur le mois, » résume Olivier Coryn. Loin de se contenter de fournir un entrepôt, Logvad, basée à Leers, propose surtout des solutions clés en main pour gérer l’ensemble de la logistique e-commerce de ses clients. « Moi, je suis un logisticien, je ne fais pas de l’immobilier », tacle Olivier Coryn. « Dans nos entrepôts, ce sont nos salariés, assistés de notre propre solution logicielle, qui gèrent la mise en rayon des produits, puis le picking, la préparation et l’expédition des colis, la gestion des retours… On n’est pas nombreux à faire ce métier, je suis le seul dans la région nord, il y en a un autre à Paris, un à Lyon… » détaille Olivier Coryn. Aujourd’hui, entre la France et la Belgique, Logvad traite quelque 4 millions de commandes par an, en plus d’une activité, résiduelle, de routage colis pour un volume annuel d’1,5 million de colis. Le tout, répartis sur une centaine de clients, de la start-up qui se lance et qui expédie quelques colis par semaine, au site spécialisé dans les produits naturels Onatera, qui tourne à 800 000 commandes à l’année.

Le colis comme support marketing

Son expertise sur le colis, Olivier Coryn l’a notamment acquise au cours de ses quinze années passées chez La Redoute, où il a organisé la logistique entre la France et la Belgique, à l’époque de l’âge d’or de la VPC. Débauché par Abx, une filiale de la SNCB, il développe ensuite, de part et d’autre de la frontière, les outils logistiques de plusieurs grands groupes, à l’heure des premiers balbutiements du web. En 2004, à la disparition d’Abx, il en reprend quelques actifs, et notamment un entrepôt de 1 500 m² à Roubaix, avec 17 salariés, pour créer Logvad. « J’ai tout de suite eu la volonté de faire du colis, j’ai senti venir le web et je me suis dit que la région et Roubaix seraient au coeur du réacteur. 2004, c’est à la fois l’arrivée de l’ADSL et la sécurisation des paiements sur Internet, c’est le vrai démarrage du e-commerce », pointe Olivier Coryn.

Il déniche ses premiers clients, et très vite, définit le positionnement de Logvad. « J’ai toujours défendu l’idée que le colis, c’est encore du marketing. La vente ne s’arrête pas au paiement, elle s’arrête à la réception de la commande. Et c’est là que se joue la récurrence. Si un client reçoit un colis en retard, en mauvais état ou avec le mauvais produit, il commandera ailleurs la prochaine fois, c’est fini. Mon boulot, c’est d’être sûr que les clients de mes clients recommanderont chez eux, tout le monde y est gagnant. » Et tout se joue dans le détail, insiste Olivier Coryn. « L’un de mes premiers clients vendait des bibelots du monde entier, des souvenirs de voyage pour ceux qui n’avaient pas les moyens de voyager. On a reçu de la marchandise en provenance d’Amérique du Sud, les produits étaient calés avec des journaux locaux. J’ai appelé directement mes clients pour leur dire qu’il fallait garder ça tel quel, que c’était le petit truc en plus qui ferait la différence. Ça a cartonné », s’amuse le dirigeant. Ce petit truc en plus, c’est la recette qui a permis à Logvad d’accompagner les premiers pas de grandes enseignes sur le web, comme Nordnet ou Nocibé.

Le confinement, un accélérateur

En 2005, c’est la création de Logvad Belgique, qui compte trois entrepôts, à Mouscron, Étaimpuis et Tournai. Du côté français, il y a les deux entrepôts à Roubaix, et le petit dernier, investi à Neuville-en-Ferrain début juillet. Logvad va ouvrir au moins deux nouveaux sites prochainement, tant le rythme s’accélère depuis le confinement. « On n’a jamais eu à courir après les clients, mais là, c’est l’explosion, on ne sait plus où les mettre », confie Olivier Coryn. « Avec le confinement, les ventes sur le web ont explosé. Beaucoup de mes clients, dont le site Internet faisait plus office de vitrine que de véritable site marchand, ont vu les commandes s’envoler, et ils se sont adaptés très vite. Avec le Covid, Zodio par exemple, est passé de 5 000 à 17 000 références disponibles sur son site en ligne. » En coulisses, c’est Logvad qui gère, et qui doit pousser les murs, ou investir de nouveaux entrepôts, et recruter en fonction. L’entreprise emploie aujourd’hui 140 salariés, « et beaucoup d’intérimaires », pour un chiffre d’affaires de 20 millions d’euros annuels.

Autre effet collatéral de la pandémie, le développement fulgurant de l’achat de nourriture en ligne. « Depuis le début du e-commerce, on voit passer de grandes phases. D’abord, ça a été tout le matériel informatique, la phase « geek ». Ensuite ça a été la grande mode du matériel de cuisine, et encore après, le textile. Ces derniers temps, ce sont les « box » sur abonnement qui cartonnent, dans tous les domaines, on en gère d’ailleurs un certain nombre. Et depuis le confinement, on est entrés dans une phase « nourriture », tout le monde se met à vendre sur le web. D’ailleurs, je suis en train d’équiper certains de mes entrepôts avec des frigos, pour pouvoir faire du frais. C’est vraiment ce qui marche en ce moment ». Olivier Coryn s’est également rapproché de son homologue allemand PVS, pour créer une joint-venture spécialisée dans l’expédition de nourriture, et notamment de produits frais, à l’international.

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