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Les skis électriques à roues Skwheel entrent en piste
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Les skis électriques à roues Skwheel entrent en piste

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Skwheel va démarrer la production de ses skis électriques à roues. S’appuyant sur des fondamentaux et des financements solides, la start-up normande s’apprête à décoller, avec de belles promesses de commercialisation.

Grâce à leurs batteries, les skis Skwheel permettent de longues virées au grand air, sur route comme sur les chemins — Photo : Skwheel

L’industrialisation des nouveaux skis électriques à roues Skwheel One va démarrer prochainement. Les premières paires devraient être livrées cet été. Soutenus notamment par Bpifrance, Réseau Entreprendre et le réseau Initiative France, les trois associés de cette start-up euroise (Conteville), Antoine Massebeuf, Romain Massebeuf et Joseph Dahirel, ont réuni un million d’euros de financements privés et publics pour lancer la production.

25 km/h sur route et plus rapide sur terrain privé

Ces skis sont dotés de batteries électriques rechargeables et sont commandés par une poignée d’accélération. Bridés à 25 km/h, ils sont homologués pour rouler sur route, avec une autonomie de 30 km. Débridés, sur terrain privé, ils peuvent atteindre 80 km/h.

La production des pièces va être assurée par moulage au Portugal tandis que la partie électronique et les batteries au lithium proviennent de Chine. L’assemblage sera effectué dans un atelier, recherché activement entre Le Havre et Rouen. À terme, les dirigeants comptent internaliser leurs opérations au maximum. Dans un premier temps, huit monteurs vont être embauchés.

L’ouvrier devenu ingénieur

Le trio normand a été remarqué au CES 2024 de Las Vegas, où il a noué des contacts avec d’éventuels distributeurs du monde entier. — Photo : Skwheel

Il aura fallu huit ans pour que l’idée qui a germé dans l’esprit d’Antoine Massebeuf se concrétise en un projet entrepreneurial solide. "Quand on est jeune en Normandie, skier coûte cher. La sensation de liberté que procure le ski alpin me manquait", confie l’entrepreneur. Ce jeune autodidacte a inventé le moyen de retrouver le plaisir de la glisse sur tout terrain.

Antoine Massebeuf affiche un parcours atypique. "Je n’ai pas fait d’études supérieures. Après un Bac S, j’ai intégré une entreprise de robotique, pendant cinq ans. Là, j’ai grimpé les échelons, d’usineur à responsable de dossiers R & D. Quand je présentais mon idée à des ingénieurs, ils me répondaient que c’était impossible…" Et pourtant. Chez lui, petit à petit, tandis qu’il montait en compétences, il a élaboré les pièces de son puzzle, aboutissant au dépôt de plusieurs brevets, en particulier pour le système de direction de la roue avant. Celui-ci permet de prendre les virages avec le poids du corps, comme sur des skis. Un autre brevet porte sur la poignée d’accélération à double usage : elle sert également à lier les deux skis à l’arrêt. Pratique pour désangler, puis pour les transporter.

Ayant abouti à un prototype fonctionnel, Antoine Massebeuf s’est associé à son frère, Romain, et à un ami d’enfance, Joseph Dahirel. Le premier apporte ses compétences en termes de supply chain et de management, le second celles orientées vers le business et la comptabilité. Ils ont créé l’entreprise E-Line en 2022, porteuse de la marque Skwheel. Ils travaillent avec deux alternants.

Jackpot à Las Vegas

Skwheel s’adresse à deux publics. Le premier est celui en quête de sensations sportives, pour dévaler routes et chemins voire, à l’instar du créateur, partir pour des virées sur le sable mouillé des plages normandes, grâce à l’électrification des skis. L’autre marché est celui de la mobilité urbaine.

En janvier dernier, Skwheel a participé au CES de Las Vegas avec le pôle de compétitivité TES de Caen. Il y a attiré l’attention de distributeurs internationaux, s’ouvrant la perspective d’un marché B to B. "Nous sommes en discussion avec des grossistes pour des commandes conséquentes, de 500 voire 1 000 paires", glisse l’inventeur. Les contacts viennent de partout : Brésil, Japon, Pérou, et bien sûr, des États-Unis, qui représentent 80 % du marché potentiel.

Antoine Massebeuf s’efforce de garder la tête froide et veille à "ne pas mettre charrue avant les bœufs". Car ces perspectives n’étaient pas les cibles initiales du trio, dont le plan de développement visait en priorité les marchés français et européen. Les ventes s’effectuent via le site internet et une vingtaine de magasins spécialisés en France.

Pour les stations de ski sans neige

Dans les préventes, beaucoup d’acheteurs commandent plusieurs batteries. "Ils cherchent la performance, pour rouler à 80 km/h ou sur de longues distances", plutôt qu’une pratique urbaine, analyse Antoine Massebeuf. Cette tendance confirme son souhait d’explorer un débouché prometteur : les stations de montagne de basse altitude en quête de diversification, face à la raréfaction de la neige. "Nous terminons un prototype de skis non électriques tout terrain, avec bâtons et suspensions, pour emprunter des pistes rouges ou noires", annonce encore l’entrepreneur.

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