Ils sont entrés dans les blocs opératoires il y a plus de vingt ans. Mais si utiliser des robots en chirurgie n’est pas nouveau, utiliser des robots comme ceux que Caranx Medical met au point pour remplacer une valve aortique ou pour traiter l’obésité, est une vraie innovation. "Nous sommes les seuls au monde", assure Pierre Berthet-Rayne, cofondateur de la start-up niçoise avec Éric Séjor, aux côtés de Philippe Pouletty (directeur général et cofondateur du fonds de gestion de capital-risque Truffle Capital).
Limiter au maximum les risques de complication
Discrètement, la medtech vient de signer, en mars dernier, une première mondiale. Avec son TAVIpilot, elle a réalisé - et réussi - une transplantation de valve aortique in vivo. "Le robot n’est pas encore autonome, mais c’est une belle avancée qui montreque la technologie est prête. Nous avons levé tous les verrous technologiques. Maintenant, pour aller sur l’homme, il y a un gros cahier des charges à remplir".
"Aller sur l’homme", signifie qu’avec l’innovation de Caranx, les patients qui doivent subir un TAVI, une technique pour réparer par voie transcatheter cette fameuse valve lorsqu’elle est défaillante, pourront le vivre via leur cuisse, en remontant l’artère fémorale jusqu’au cœur, et avec une précision jusqu’alors inégalée, limitant au maximum les risques de complications.
Un médecin au lieu de deux pour opérer
Autre avantage majeur : il permet l’économie d’un cardiologue. Contrairement à la technique employée aujourd’hui qui nécessite la présence de deux cardiologues, le robot de Caranx Medical, nourri d’intelligence artificielle, n’en nécessitera qu’un. "La population vieillit de plus en plus, il y a ainsi de plus en plus de pathologies mais de moins en moins de médecins, on le sait. Nous, nous voulons qu’un interne puisse opérer aussi bien qu’un médecin expert, avec le meilleur résultat possible dès le premier patient." Caranx travaille ainsi également au développement du logiciel qui sera "le cerveau et les yeux du robot qui guideront le cardiologue, comme un GPS."
Première opération sur l’homme en 2025
Car ce robot sera, à terme, autonome. Cela ne signifie pas pour autant que la machine prendra le pouvoir sur l’homme et son expertise. "Avec notre robot, le médecin est assis, avec un joystick dans la main. C’est lui qui a le contrôle, lui qui peut faire avancer ou reculer son dispositif. Un bouton lui permet de passer en pilote automatique et de passer le contrôle alors à l’intelligence artificielle. C’est lui qui décide. Un peu comme un pilote dans un avion qui passe les commandes au pilote automatique. On peut appeler cela de la télé opération augmentée ou de l’autonomie supervisée." L’objectif est de pouvoir faire une première sur humain l’année prochaine.
Recherche d’investisseurs
En parallèle, l’équipe, composée d’une vingtaine de collaborateurs, travaille sur un autre projet, baptisé Obélia, permettant également de limiter les risques liés à une chirurgie mais qui concerne cette fois le traitement de l’obésité. En passant par la bouche, le robot permettra de créer une poche dans l’estomac."Finie la chirurgie irréversible qui supprime un morceau de l’estomac, reprend Pierre Berthet-Rayne. Cela pourra être fait en ambulatoire." Et le marché est immense, les cas d’obésité dans le monde ayant plus que doublé chez les adultes en à peine plus de trente ans et quadruplé chez les enfants et les adolescents : 1 personne sur 8 dans le monde est obèse. Là encore, la start-up prévoit les premiers essais sur humain fin 2025-2026.
D’ici là, Caranx cherche des financements, pour compléter ceux de Truffle Capital qui l’accompagne depuis ses débuts, et prendre la suite de ceux de Bpifrance. "Nous recherchons activement quelques millions d’euros. Un montant à deux chiffres", explique le dirigeant sans être plus précis. Et parce que "les premières sur humains coûtent cher", la medtech recherche également des investisseurs supplémentaires, en complément de son actionnaire historique.