Lancé par l’EMS (Eurométropole de Strasbourg) il y a plus d’un an, l’AMI (Appel à manifestation d’intérêt) pour la création de plateformes de réemploi et de recyclage des matériaux du BTP (Bâtiment et travaux publics) commence à se concrétiser. L’EMS et ses partenaires (Agence de la transition écologique Ademe, Région Grand Est, Envirobat Grand Est) ont dernièrement rassemblé pas moins de 92 structures impliquées, parmi lesquelles onze entreprises (Reichstett Matériaux, Leonhart, Eiffage Construction, Lingenheld, Helmbacher, Spiess, PTFA, EMI & CRENO, KS Groupe, KS Aménagement, VALOBAT), pour faire un point d’étape au Kaleidoscoop à Strasbourg. La strasbourgeoise Emi & Creno inaugure une première plateforme de démantèlement à la mi-octobre dans la zone portuaire. Y seront employées des femmes catégorisées comme éloignées de l’emploi, dans une perspective de réinsertion.
Vers une charte
En février 2023, une première réunion avait rassemblé les lauréats de l’appel à projets et les acteurs publics et privés potentiellement concernés (maîtres d’ouvrage, maîtres d’œuvre, architectes, entreprises, assureurs, éco-organismes…) pour prendre contact et amorcer les réflexions. Six mois après, outre l’inauguration de la plateforme d’Emi & Creno, plusieurs avancées ont été relevées. La société coopérative Relais 2D et les maîtres d’ouvrage publics travaillent à formuler des éléments de prescription pour bien libeller les clauses des marchés et préparent une charte de réemploi des matériaux. Le territoire de l’Eurométropole bénéficiera de l’accompagnement de l’équipe du projet Life Waste2Build pour l’application de leur méthodologie d’intégration des matériaux de réemploi sur un chantier expérimental. Porté par Toulouse Métropole, ce projet s’appuie sur les marchés publics de travaux pour développer l’utilisation de matériaux de seconde main dans la construction, la rénovation ou l’aménagement paysager.
Rendez-vous dans six mois
"Nous avons la conviction que la commande publique peut être un levier pour installer la dynamique de l’économie circulaire de ces matériaux. Trois partenariats en particulier avancent bien. J’ai bon espoir qu’au prochain stade, dans six mois, ils aient une offre à proposer et soient prêts à se lancer. La charte que préparent les donneurs d’ordre publics sera aussi probablement prête", souligne Anne-Marie Jean, vice-présidente de l’EMS en charge de l’emploi et de l’économie durable.
Des milliers de tonnes
Les déchets du BTP représentent trois-quarts de l’ensemble des déchets générés sur le territoire eurométropolitain, soit 2,2 millions de tonnes chaque année, dont 26 % par le bâtiment. Parmi ceux-ci, seuls 45 % des déchets sont valorisés, contre 71 % pour les travaux publics. Si l’essentiel des déchets émanant du BTP ne peut être réemployé (mais peut être recyclé), 2 % du volume total pourrait l’être, ce qui représente tout de même plusieurs milliers de tonnes chaque année. Pour valoriser ce gisement, l’EMS a souhaité encourager, via son AMI, l’émergence de lieux de stockage tampons entre les opérations de déconstruction et de réutilisation de ces matériaux. Parmi les projets lauréats, sept concernent des plateformes pour le recyclage et le nettoyage des matériaux du gros œuvre, quatre des plateformes pour le traitement des matériaux de second œuvre. Une plateforme numérique et un "incubateur" de plateformes de réemploi des matériaux sont aussi à l’étude.
