Les ports normands se préparent à un Brexit sans accord
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Les ports normands se préparent à un Brexit sans accord

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Le rejet par le Parlement britannique, le 15 janvier, de l’accord de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne a conforté l’hypothèse d’un Brexit sans accord. Les ports normands tentent de se préparer à ce bouleversement.

— Photo : DR

Le 15 janvier, le rejet par le Parlement britannique de l’accord de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne a conforté l’hypothèse d’un Brexit sans accord. Notre voisin d’outre-Manche redeviendra-t-il un pays tiers après le 29 mars ? Avec pour conséquences le retour des contrôles douaniers et sanitaires, ce qui ne sera pas sans impact sur la fluidité du trafic transmanche auquel quatre ports normands participent. Sur ce marché, la rangée Dieppe, Le Havre, Caen-Ouistreham, Cherbourg constitue le segment de la Manche centrale qui assure annuellement le passage de plus de 200 000 camions. En octobre, les acteurs concernés (ports et compagnies) avaient lancé un « cri d’alarme ». Le président de la Région Normandie, Hervé Morin, avait stigmatisé « le spectre d’un Brexit sans accord qui remettrait en cause les acquis qui ont puissamment contribué à la dynamisation des trafics et de l’économie normande ».

Sauf au Havre où existent déjà les structures PIF (poste d'inspection frontalier) et PEC (point d'entrée communautaire) nécessaires au transit international des marchandises, les ports normands se sont alors mis à la recherche des locaux pour accueillir les administrations chargées des contrôles nécessaires pour la nouvelle donne. Et des aires de stationnement pour éviter les files de camions.

Des retombées positives ?

Le gouvernement a annoncé le recrutement de 700 douaniers sur la façade maritime. « On n’y est pas », constate Alain Verna, président de Logistique Seine Normandie, structure chargée de l’information des entreprises (transporteurs et chargeurs) utilisatrices des services transmanche. Les réunions à Dieppe, Caen, et Cherbourg ont montré que les PME étaient plutôt mal préparées. Certes, la Soget poursuit le développement d’un outil pour interfacer les systèmes douaniers. Et les commissionnaires de transport du Havre sont prêts à absorber le flux de déclarations en l’absence d’accord.

À Londres et à Dublin, LSN s’est également attelé à « la promotion d’une offre transmanche Normandie ». En cas de Brexit dur, les ports normands pourraient en effet bénéficier de quelques retombées positives. « Notre priorité est de nous préparer au Brexit qu’il y ait deal ou not deal », déclare Christophe Mathieu, président du directoire de Brittany Ferries. Contractuellement avec le ministère britannique des transports, l’opérateur répartira 19 rotations hebdomadaires sur Roscoff-Plymouth, Cherbourg-Poole, et Le Havre-Portsmouth après le 29 mars. L’armement breton va investir 450 millions d’euros dans trois navires pour renouveler sa flotte. Le Honfleur entrera en service cet été sur Caen-Portsmouth.

La ligne Dieppe-Newhaven exploitée par DFDS pour le compte du département de la Seine-Maritime, dans le cadre d’une délégation de service public, pourrait bénéficier de reports de trafic de la part de l’opérateur très présent sur le détroit. Près de 40 000 camions l’ont empruntée en 2018 (-13 %). L’activité remorques non accompagnées s’est inscrite à 531 unités (-39 %).

Enfin, Cherbourg, pourrait développer son trafic avec l’Irlande en jouant la proximité favorable aux échanges de produits frais. Irish Ferries y a récemment mis en service le W.B. Yeats sur Dublin.

Alain Verna, président de Logistique Seine Normandie (LSN) — Photo : DR

"Le compte n'y est pas", s'inquiète Alain Verna, président de LSN, au sujet du recrutement de 700 douaniers sur la façade maritime prévu par la gouvernement.

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