Les PME font de la résistance face à la crise du coronavirus
# Tourisme # Conjoncture

Les PME font de la résistance face à la crise du coronavirus

S'abonner

Face à la crise du coronavirus, les PME plient, mais ne rompent pas... pour l’instant. Dans sa dernière enquête de conjoncture semestrielle, Bpifrance Le Lab se veut même plutôt rassurant sur l’état de santé des petites et moyennes entreprises. La trésorerie et les emplois semblent avoir été sauvés après le confinement. Les dirigeants se montrent même moins pessimistes qu'au printemps. Mais l’épidémie laissera irrémédiablement des traces sur cet exercice 2020. Et peut-être même au-delà, tant les incertitudes demeurent autour de la reprise.

La crise du coronavirus a fait fondre la trésorerie des PME, mais 49 % d'entre elles estiment pouvoir quand même passer la crise avec les liquidités qui leur restent — Photo : CC0

En plein confinement, fin avril, les PME françaises broyaient du noir et craignaient le pire pour l’avenir. Un mois et demi plus tard, à l’heure de la reprise, et en attendant la relance, Bpifrance est retourné prendre de leurs nouvelles.

Secoués, forcément, mais toujours debout, les 5 556 dirigeants interrogés durant la première quinzaine de juin ont revu leurs ambitions à la baisse pour 2020, sans totalement y renoncer pour autant. Touchés, mais pas coulés, ils continuent néanmoins de naviguer à vue dans la tempête du coronavirus.

Les PME limitent la casse à court terme

Sans surprise, l’enquête de conjoncture semestrielle de Bpifrance Le Lab sur les PME porte les stigmates de l’épidémie de Covid-19. Tous les indicateurs sont en repli pour l’année en cours… mais certains moins que d’autres. Un choc atténué par les mesures d’urgence prises par le gouvernement, assure l’étude.

• Trésorerie suffisante

« Le défi de la survie [des entreprises] semble en passe d’être remporté à court terme », affirment sans ambages les auteurs de l’enquête. C’est que les PME elles-mêmes se montrent plutôt rassurantes sur l’état de leur trésorerie.

Elle est considérée « suffisante » pour passer la crise par la moitié des dirigeants (panel restreint, sur cette question, à 2 875 répondants). Ils étaient à peine un tiers à le penser fin avril. Dans le même temps, 39 % reconnaissent des difficultés, mais les jugent surmontables. Et ce, alors que l’accès aux crédits demeure à un niveau stable et satisfaisant - une différence majeure avec la crise de 2008-2009.

« Le défi de la survie des entreprises semble en passe d’être remporté à court terme. »

Pour Bpifrance, ces résultats s’expliquent avant tout par le recours généralisé aux dispositifs d’urgence mis en place par le gouvernement, en particulier les prêts garantis par l’État et les reports de charges. La partie n’est toutefois pas encore gagnée : la proportion de dirigeants redoutant une dégradation de leur trésorerie sur les six prochains mois, elle, a explosé (solde d’opinion à son plus bas historique, à -38, après avoir perdu 42 points en un semestre).

• Emploi résilient

Là encore, Bpifrance ne prend pas de pincettes : « Les dirigeants comptent réduire leurs effectifs. » Mais peut-être moins que redouté. Si, en matière d’évolution de l’emploi, le pessimisme a effectivement gagné les PME (solde d’opinion à -13), il reste relativement contenu, en comparaison des perspectives d’activité, beaucoup plus sombres (-59). Un résultat « possiblement » dû, cette fois, au succès du chômage partiel, largement élargi et pris en charge par l’État depuis le confinement, et même au-delà.

Autre signe encourageant, sur 2 038 PME qui avaient des projets d’embauche avant la crise, elles sont 43 % à penser les maintenir, en hausse de 12 points par rapport à avril. 35 % penchent plutôt pour le report, 22 % pour l’annulation (-8 points).

Le niveau de la demande inquiète les chefs d’entreprise

Si la trésorerie et l’emploi résistent, la crise s’annonce bien plus rude, en revanche, pour le chiffre d’affaires et les investissements des PME. Avec, en filigrane, la crainte d’une demande atone.

• Chiffre d’affaires minoré

Les PME en sont déjà convaincues : le coronavirus amputera sévèrement leur chiffre d’affaires 2020. Un recul attendu par 68 % d’entre elles et estimée, en moyenne, à -15 % (avec des disparités régionales, la prévision oscillant entre -12 % en Bretagne et -17 % en Région Sud). À peine un quart des entreprises espère quand même stabiliser leurs recettes cette année.

Le renversement de tendance reste spectaculaire : le solde d’opinion des dirigeants sur l’évolution de leur chiffre d’affaires a perdu 84 points entre novembre et juin, pour s’établir à -59 (record de 2009 battu de 23 points). Preuve « de l’ampleur et de la soudaineté du choc », mais aussi du large consensus sur son impact économique.

• Investissements menacés

Dans ce contexte, l’investissement pourrait être le grand perdant de la crise du coronavirus. 41 % des PME ont déjà investi en 2020, ou prévoient de le faire. C’est 9 points de moins qu’en 2019. De même, si 4 entreprises sur 10 qui avaient des projets avant la crise pensent les poursuivre (+14 points depuis fin avril), elles sont autant à envisager leur report (-4 points).

Preuve que la situation reste fragile, les difficultés de trésorerie justifient près de la moitié des décisions d’annulation. Mais le mal est (aussi) ailleurs : le niveau de la demande s’impose comme le principal obstacle à l’investissement pour 61 % des dirigeants (+10 points en un an). « Ceci reflète aussi bien le manque actuel de débouchés que les perspectives de demande dégradées, accentuées par le niveau élevé d’incertitudes », décrypte Bpifrance.

>> Participez à notre grande enquête sur les investissements des entreprises

Ce climat défavorable pèse déjà sur l’année 2021 : « Le jugement sur les carnets de commandes à venir est toujours dégradé (le solde d’opinion perd 32 points à -21), en particulier chez les PME exportatrices (-43 points, à -24). »

En 2021, le retour de la confiance ?

Dans ces conditions, faut-il s’inquiéter pour la relance, comme 53 % de dirigeants qui anticipent « un retour à la normale difficile » ? La part de ces pessimistes est « en nette baisse par rapport à avril » (-10 points), relativise Bpifrance Le Lab. Elle préfère parler d’un retour de la confiance et d’un « début de normalisation ». Un rétablissement progressif auquel ne goûtent pas les entreprises du tourisme : elles enregistrent les plus mauvais résultats de l’enquête sur quasiment tous les indicateurs.

« Les PME semblent par ailleurs davantage dans l’expectative face à l’incertitude très forte sur l’environnement économique actuel, plutôt que dans une logique de révision drastique de leurs plans de développement », souligne encore l’étude, avec une pointe de soulagement.

Problème : face à une épidémie qui dure, les inconnues persistent, et les contraintes avec. À l’image des règles sanitaires en entreprise, deuxième facteur de baisse du chiffre d’affaires le plus mentionné (à 29 %), derrière les fermetures administratives. Or, avec un virus toujours en circulation, ces mesures de prévention restent d'actualité. Même moins grave qu'attendu dans l'après-confinement, la crise pourrait encore le devenir, si elle devait durer : le pire n'était pas certain au moment de la reprise du travail. Le meilleur ne l'est guère plus pour la relance à venir.

# Tourisme # Conjoncture