Récompensée par le prix du concours mondial de l’innovation en 2015, catégorie recyclage de déchets, Morphosis devient depuis sa création au Havre en 2009 une référence en la matière. À tel point que les grands opérateurs comme Orange s'intéressent fortement à la technologie de recyclage des déchets électroniques et de valorisation des métaux rares développée par l'entreprise normande. Un partenariat a ainsi été signé depuis 2013 entre Morphosis et Orange pour le recyclage des métaux rares de téléphones portables dans cinq pays d'Afrique (Bénin, Niger, Cameroun, Côte d'Ivoire et Burkina Faso). Au total, une vingtaine de conteneurs de déchets, soit près de 300 tonnes de produits ont déjà été acheminées pour retraitement chez Morphosis.
Un contrat révélateur du potentiel africain
« Ce contrat avec Orange nous a lancé sur le marché africain. Avant cela, je n'aurais pas imaginé le potentiel de ce marché », concède Serge Kimbel, gérant de Morphosis qui précise: « Les gouvernements africains ont compris la problématique et pris les choses en mains ». Un partenariat entamé par une série de visites des d'ateliers d'Orange en Afrique, afin d'améliorer les process et de consolider la construction d'une filière avec Orange, Emmaüs international et les Ateliers du bocage sur le recyclage de mobiles. Dépolluer et récupérer les métaux fins et rares, une démarche indispensable pour Serge Kimbel : « Ce sont des métaux en voie de raréfaction tel que l'Argent pour lequel il reste moins de dix années d'exploitation possible. Il y a donc deux solutions, soit trouver des métaux de substitution, soit recycler, sachant que pour sa part l'Argent est recyclable à 99,9%. De plus, le besoin en métaux est fort dans beaucoup d'industries, comme le solaire. Il faut donc proposer des sources d'approvisionnement alternatives ».
Une usine en Afrique ?
Si les responsables d'Orange restent prudents quant à la possibilité de construire une usine de retraitement des déchets sur le continent africain, notamment à cause du coût des transports, Serge Kimbel se veut plus optimiste en notant "Des évolutions" et espérant : « Qu'un jour cela aboutisse ». Le développement en Afrique des activités de Morphosis, au-delà du partenariat avec Orange, a depuis amené l'entreprise à s'intéresser à d'autres pays du continent pour retraiter les déchets électroniques de tous types d'appareils. L'entreprise havraise cherche ainsi à déployer ses solutions de recyclage en Guinée-Bissau, au Tchad, Gambie, Tanzanie et au Sénégal, pays le plus prometteur, selon Serge Kimbel, notamment pour la construction d'une future usine de retraitement des déchets : « C'est le pays le plus mûr dans sa réflexion sur le recyclage. Pour l'instant, nous travaillons à la formation au recyclage par rapport à notre cahier des charges en matière d'envoi de déchets vers nos sites havrais ».
Multiplier par dix les capacités de production
Alors qu'elle traite 8 000 tonnes de déchets par an sur ses deux sites du Havre, l'entreprise à l'ambition de multiplier par dix ses capacités de production dès 2018 en investissant dans des nouveaux locaux sur le territoire de l'agglomération. Une activité tirée en partie par l'export, et représentant 25% de l'activité en 2016: « C'est un vecteur de croissance à suivre car il croît rapidement », affirme le gérant de Morphosis. Des évolutions sont également à attendre du côté de la technologie employée par Morphosis: « Des pans entiers restent à explorer », affirme Serge Kimbel.
