Sébastien Le Corfec, vous êtes co-fondateur du West Web Festival et d'Xplore (ex-West Web Valley), la marque de capital-innovation du fonds Épopée Gestion dont vous êtes associé. Quelle est votre vision de l’écosystème numérique breton, vous qui en êtes un observateur privilégié ?
Je dirais qu’il est arrivé à maturité. À l’instar de ce qui s’est passé dans la Silicon Valley, de nombreux startupers bretons ont rencontré le succès et réinvesti leurs profits dans de nouvelles start-up, ce qui a créé une sorte de cercle vertueux. Il y a certes eu de la casse ces derniers temps du côté de l’Île-de-France, mais en Bretagne nous sommes relativement épargnés parce qu’on a su garder les pieds sur terre. Les valorisations des start-up bretonnes restent raisonnables, ce qui facilite leur financement et a donné lieu à de très belles levées de fonds ces derniers mois. Je pense notamment aux 85 millions d’euros levés par les Rennais d’Unseenlabs, qui sont spécialisés dans la détection de radiofréquence par satellite, ou encore aux 32 millions d’euros levés par les Brestois de BoondManager pour développer leur plateforme logicielle à destination des entreprises de service numérique. Je pense aussi que la Bretagne a une véritable carte à jouer dans des activités à impact mêlant à la fois industrie et environnement, grâce à des pépites comme Entech et ses solutions de stockage et de conversion d’énergie innovantes.
Quel bilan tirez-vous à l’approche de cette dixième édition du West Web Festival ?
Nous avons lancé ce festival en 2014, en même temps que le fonds West Web Valley, devenu aujourd’hui Xplore. À l’époque, notre objectif était d’asseoir notre singularité dans le paysage des fonds d’investissement. Dix ans plus tard, c’est chose faite. Notre communauté grossit d’année en année, et nous avons noué des liens forts avec nos réseaux parisiens. Dès la première édition, nous avons réussi à faire venir de grands noms du web, tels que Frédéric Mazzella, le fondateur de BlaBlaCar, ou encore Pierre Kosciusko-Morizet, qui a fondé PriceMinister. C’est ce qui plaît à nos festivaliers : avoir accès à ces véritables rock stars du digital et pouvoir leur parler de business, de façon simple et décontractée. D’ailleurs, au-delà des startupers et des entreprises liées au web ou au numérique au sens large, notre public s’est rapidement élargi aux patrons de PME et d’ETI plus traditionnelles, car ils ont tous des problématiques communes et des synergies potentielles.
À quoi peut-on s’attendre pour cette dixième édition ?
Nous avons tenté de faire un mix entre d’anciens speakers et des nouveaux. Nous accueillerons par exemple Laurent Buannec, le directeur général de X en France (ex-Twitter), qui était déjà venu nous voir en 2021. Nous aurons également Anthony Monin, le DG Europe de l’Ouest de Spotify, ou encore Cédric O, ancien secrétaire d’État chargé du numérique qui est également le co-fondateur de Mistral AI. Nous aborderons d'ailleurs plusieurs thématiques autour de l'IA, ainsi qu'autour des cryptomonnaies. Cette édition sera donc une nouvelle fois l'occasion d'écouter des success stories incroyables, mais aussi de rencontrer des fondateurs de premier plan (Akeneo, Lhyfe, Ynsect, Mistral.ai, Résilience, Memo Bank, Greenscope,...) et d'échanger avec les décideurs des grands groupes (SNCF, Dassault, April, Arkéa, etc.). Et comme chaque année, le startup tremplin, pour lequel les candidatures sont ouvertes jusqu'au 18 juin, verra s'affronter une douzaine de startups.
