Début 2023, le groupe mayennais Protecthoms a créé un service Qualité sécurité environnement (QSE). "C'était une évidence", commente Marie-Pierre Marchand, la présidente du distributeur d'EPI, les équipements de protection individuels. "Le fondateur Laurent Lairy faisait de la RSE, sans d'abord le savoir, depuis la création de l'entreprise en 1993. À l'époque, personne n'en parlait. Aujourd'hui, il y a beaucoup de communication, cela peut mettre en avant des atouts, y compris sur le social."
Pas de RSE mais de la RSSEE jusqu'aux clients
Protecthoms (50 M€ de CA en 2023, 212 collaborateurs) a dépassé la RSE pour de la RSSEE : responsabilité sociale sociétale économique et environnementale. En 2018, une première ambition a été actée: labelliser le sourcing. Le plan se poursuit encore après le rachat par le groupe normand Grand Comptoir en 2021.
"Nous essayons de référencer ce qui est fabriqué en France quand on peut, et que cela existe. On essaye de le faire au maximum en provenance de l'Europe. Mais une bonne part de la production est quand même réalisée ailleurs dans le monde, aujourd'hui, explique Audrey Lairy, fille du fondateur, et responsable QSE du groupe. On regarde alors les matières, la qualité, l'environnement, la traçabilité, les conditions sociales de fabrication, les écolabels, les modes fournisseurs, etc."
Une première sélection écoresponsable mise en avant
En 2024, pour la première fois, une sélection 100 % green comprend des produits certifiés écoresponsables et équitables, issus de matériaux certifiés ou recyclés. Un livret les met en avant dans le nouveau catalogue aux 50 000 références: 95 % de cette sélection provient de fournisseurs qui ont signé la charte des engagements Labellisation Premium de Protecthoms.
La signature de la charte est une première étape. Deux autres sont ensuite soumises aux fournisseurs. D'abord, un audit documentaire RSSEE est réalisé par Protecthoms. "On commence par rassurer le fournisseur : nous ne serons jamais fabricant, nous resterons distributeur en B to B. Nous demandons surtout à savoir dans quelle usine, de quel pays et dans quelles conditions sont fabriqués les produits. Il n'y a donc pas de risque pour eux de dévoiler des secrets industriels ou d'approvisionnement", insiste Audrey Lairy.
Un engagement traçable, pas d'espionnage industriel
Pour éviter toute suspicion, c'est un opérateur extérieur qui est en charge des labellisations. Avec le cabinet d'audit et contrôles SGS, le groupe fait ensuite auditer les sites de ses fournisseurs. Toujours sur la base du volontariat. Mais l'engagement de l'entreprise mayennaise sur ces sujets semble convaincre les clients historiques.
Chez Protecthoms, les produits sont classés en six "familles": l'habillement constitue les plus gros volumes commercialisés, suivis des chaussures de sécurité, puis des gants et des protections de la tête, des services et enfin de l'hygiène. Toutes les catégories sont concernées, jusqu'à celle qui concerne la protection contre risque mortel. Il peut s'agir de masques à gaz, de tenues étanches pour environnements pollués, de baudriers, etc. Des produits qui requièrent des préconisations très techniques.
"On ne met pas des marques spécifiques en avant, mais une qualité de service, explique Marie-Pierre Marchand. Nous prenons le temps de bien identifier les besoins du client pour le conseiller et réaliser la commande la plus pertinente."
Une responsabilité appliquée aussi en interne
Le service commercial est structuré pour assumer ce temps passé. Toujours avec un souci de proximité avec les clients et leur famille. "Les commerciaux itinérants couvrent une zone dans un rayon de 100 km maximum. L'idée est qu'ils puissent se rendre facilement chez un client et rentrer chez eux le soir."
En interne, l'entreprise "essaie de s'appliquer ce qu'elle demande aux clients". Ainsi, le groupe a renforcé l'analyse de son bilan carbone. Il gère en interne ses expéditions en les regroupant le plus possible, et non en les gérant au coup par coup. L'investissement en cours dans l'EDI devrait renforcer cette démarche : le système d'échange de données informatisé avec les clients va automatiser les commandes, les bons de livraisons, anticiper les réapprovisionnements, etc. Les équipes sont aussi sensibilisées à la gestion des déchets. Sur le plan social, des événements sont organisés régulièrement pour créer un esprit de groupe.
Ambassadrice de l'ONU sur le développement durable
Engagement ultime : "Protecthoms est ambassadeur des 17 objectifs pour le développement durable de l'ONU", glisse Audrey Lairy. Et ce, pour un deuxième mandat. Comme elle, des représentants du groupe peuvent ainsi participer aux réflexions auprès des pouvoirs publics et des industries en régions. Audrey Lairy ajoute: "Nous sommes souvent sollicités par des clients, des entreprises du secteur ou d'autres qu'on ne connait pas qui cherchent des conseils sur les solutions à mettre en place."