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Le fabricant d’isolation Bauder construit en Alsace sa tête de pont pour tout le Rhin supérieur
Bas-Rhin # BTP # Attractivité

Le fabricant d’isolation Bauder construit en Alsace sa tête de pont pour tout le Rhin supérieur

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L’Axioparc de Herrlisheim-Drusenheim accueille deux lignes de production de l’entreprise allemande Bauder, fabricant d'isolation de toit. En ligne de mire, le marché français mais aussi la Suisse et tout le sud de l’Allemagne

La nouvelle usine de Herrlisheim-Drusenheim représente un investissement de plus de 100 M€ — Photo : DR

Construire l’usine de systèmes de toitures la plus moderne d’Europe : c’est le projet qu’a engagé le groupe allemand Bauder (CA 2022 : 1,079 Md€, 1 400 salariés dont un peu plus de 800 en Allemagne) sur la zone d’activité de Herrlisheim-Drusenheim (Bas-Rhin). L'ETI familiale y investit plus de 100 millions d'euros pour faire sortir de terre deux lignes de production de membranes bitumineuses d’étanchéité et de panneaux en polyuréthane. La mise en service du site est prévue en 2025. À la clé, la création d’une centaine d’emplois.

Un marché européen très prometteur

Archétype du "Mittelstand" allemand, la société Bauder a été fondée à Stuttgart il y a plus de 165 ans. Depuis 2018, l’entreprise est dirigée par trois frères, représentant la 4e génération à l’œuvre : Mark, qui supervise les questions techniques, Jan à l’export et Tim, responsable du marché allemand. Ce dernier compte encore pour 60 % du chiffre d’affaires de l'ETI, mais celle-ci affiche aujourd’hui d’importantes ambitions européennes. Bauder compte 7 usines en Allemagne et une en Autriche, complétées de 16 filiales commerciales établies à travers l’Europe.

Le fabricant anticipe en effet une forte croissance du marché des produits d’isolation, poussé par les politiques allemande et européenne de limitation de l'impact du changement climatique. "Nous produisons des isolations à la fois légères, durables et d’une grande efficacité, totalement en phase avec les exigences de diminution des émissions de CO2 du secteur du bâtiment. L’objectif de neutralité carbone de la filière va entraîner une multiplication par trois du marché de la rénovation, c’est pourquoi nous avons prévu d’augmenter l’ensemble de nos capacités de production”, indique ainsi Mark Bauder. En plus de Drusenheim-Herrlisheim, d’autres investissements productifs sont en cours en Allemagne (Schwepnitz et Landsberg) ainsi qu’en Autriche.

L’Alsace est attractive pour les investisseurs allemands

La société ne prévoyait pas initialement de s’implanter en France. “Nous avions besoin d’un site de production supplémentaire dans le sud de l’Allemagne, pour desservir notre clientèle allemande et suisse ainsi que le marché britannique. Après plusieurs années de recherches infructueuses, nous avons finalement élargi notre horizon et regardé de l’autre côté de la frontière. À Drusenheim-Herrlisheim, nous avons été très bien accueillis, de façon très professionnelle, bien mieux qu’en Allemagne !”, s’exclame le jeune dirigeant. Labellisée “site industriel clés-en-main", la zone d’activité Axioparc offrait en effet un terrain idéal, de grande taille (12,6 ha), viabilisé et proche de l’autoroute. L’occasion pour l’entreprise de prendre également pied sur le marché français.

“C’est la troisième tentative dans l’histoire de notre groupe, reconnaît Mark Bauder. Il est compliqué pour un fabricant étranger d’investir le marché français du BTP. Il doit en effet disposer d’autorisations de mise sur le marché pour ses produits, sans quoi l’entreprise les mettant en œuvre ne pourra se couvrir au titre de la garantie décennale”. Cette fois-ci, Bauder a pris les devants en ouvrant dès 2019 une filiale commerciale à Entzheim (Bas-Rhin). L'entreprise a pu piloter les demandes d’autorisation et se charge désormais de développer la présence du fabricant allemand dans l’Hexagone. Demain, cette filiale sera elle aussi basée à Drusenheim, où elle disposera d’un centre de formation pour présenter aux professionnels les techniques de pose des produits. “C’est très important dans notre culture que tout soit au même endroit et que tout le monde se parle, pour former une seule et même équipe”, estime le directeur technique.

RSE et économie circulaire

L’aspect développement durable est central dans le nouvel investissement du groupe Bauder. Ce dernier ambitionne de faire de son usine alsacienne la plus moderne des unités de production d’isolation de toit d’Europe, en termes d’automatisation mais aussi de transition environnementale. Les bâtiments respecteront les standards les plus élevés en matière d’efficience et d’autonomie énergétique. Le site sera raccordé au réseau de chaleur de l’Axioparc et ses toits systématiquement recouverts de panneaux photovoltaïques ou d’un couvert végétal. Quant à l’équipement des lignes de production, il sera, pour beaucoup, développé en interne, pour profiter des bonnes pratiques développées sur les autres sites du groupe. Bauder se veut également exemplaire en matière de bien-être au travail : les installations seront ainsi dotées d’un système d’aspiration des poussières générées par le process de production et les collaborateurs bénéficieront d’importants espaces sociaux (cantine, vestiaires, salles de repos, etc.).

La transition environnementale inspire aujourd’hui fortement la démarche de R & D menée par l'entreprise pour améliorer ses produits. De nombreux projets sont en cours pour développer une démarche d’économie circulaire. Plus de 90 % des déchets de polyuréthane issus du processus de production au sein du groupe sont récupérés et pressés chez un partenaire, qui en fait des plaques utilisables dans l’ameublement. L’industriel récupère également les poussières de polyuréthane pour les envoyer chez un de ses fournisseurs, qui les recycle grâce à un processus de pyrolyse. À Schwepnitz, il expérimente une déchiqueteuse pour démanteler les membranes d'étanchéité et réinjecter le bitume ainsi récupéré dans ses processus de production. Des solutions qui devraient être reproduites à Drusenheim.

Un an de formation en Allemagne

Sur place, les recrutements ont d’ores et déjà démarré. Il y a un an, Bauder a ainsi recruté les directeurs des deux futures unités de production. Les ingénieurs en chef et les directeurs de la maintenance suivront sous peu, pour qu’ils puissent être confrontés au processus de construction des usines, avant le recrutement de techniciens en mécanique, en électricité, d’opérateurs de production, de chimistes, de logisticiens… Sans compter l’équipe commerciale, qui doit elle aussi être renforcée. Tous seront formés par le groupe et iront pour cela travailler pendant au moins un an en Allemagne, notamment à Stuttgart et à Bochum, ou en Autriche où Bauder est en train de construire une unité de production de panneaux équivalente à celle de Drusenheim. Une démarche qui permet de recruter les collaborateurs en fonction de leur motivation et de leur personnalité, plus que de leurs diplômes.

Elle répond aux difficultés de recrutement qui touchent aujourd’hui l’industrie, y compris en Allemagne et en Autriche. “On arrive à garder nos collaborateurs parce qu’on recrute des personnes adaptées, qui ne sont pas juste un numéro mais se sentent bien dans leur travail”, note Mark Bauder. Une façon de valoriser la dimension familiale de l’entreprise, distinguée "Great Place To Work” en Allemagne et en Autriche.

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