Face à la crise qui menace, une seule réponse pour le Crédit Agricole Nord de France : "accélérer la transformation", pose Laurent Martin, son nouveau directeur général. Les difficultés conjoncturelles, qui se sont traduites par la hausse du taux d’usure et donc une baisse du nombre de crédits immobilier, des aides accrues aux petites entreprises, et un doublement du coût du risque, passé de 27 millions d’euros à 55 millions d’euros entre 2021 et 2022, ont entraîné une baisse du résultat net de la caisse régionale, passé de 135,4 à 102,3 millions d’euros.
Néanmoins, l’année 2022 s’est révélée bonne pour le groupe, avec un résultat consolidé établi à 170 millions d’euros (+ 6 %), et un bilan total qui franchit pour la première fois la barre des 40 milliards d’euros (+9,9 %). "Le Crédit Agricole Nord de France, c’est 3 000 salariés dans la région, 1,1 million de clients dont 51 000 nouveaux sur l’année, et 25 % du financement de l’économie du Nord et du Pas-de-Calais, avec 5,6 milliards de crédits en cours", resitue Bernard Pacory, son président.
Investissements Immobilier
Moteur de l’économie régionale, le Crédit Agricole compte enjamber les mois plus compliqués qui s’annoncent, pour voir le "temps long". En embarquant avec lui, l’ensemble de ses clients et partenaires. La banque poursuit donc le plan de rénovation de ses 230 agences, avec 40 opérations prévues en 2023. En 2025, 100 % du parc aura été rénové, avec le concours d’artisans locaux, pour un total de 100 millions d’euros. Surtout, le Crédit Agricole Nord de France se lance dans deux opérations immobilières d’ampleur, sur ses sièges de Lille et d’Arras. Le premier va être agrandi et rénové, pour accueillir en 2027, sur 16 000 m², 730 personnes dans des locaux décarbonés. Un projet à 100 millions d’euros.
À Arras, le siège historique de la banque, sur la Grand’Place, ne se prête pas à une rénovation d’ampleur, avec ses 14 bâtiments imbriqués, pour la plupart classés aux Monuments Historiques. La banque va donc se faire construire, pour 2027, un immeuble tout neuf, sur 9 000 m², à deux pas de la gare, pour accueillir 400 de ses salariés.
Refinancer toutes ses filiales
La banque investit aussi sur ses différentes filiales. Le réseau de 82 agences immobilières Square Habitat (43 M€ de CA, 600 salariés) va ainsi recevoir 10 millions d’euros pour accélérer sur son activité "gestion locative et syndic", au travers d’opérations de croissance externe. Exim, le "premier diagnostiqueur de France" (54 M€ de CA, 600 collaborateurs, 82 agences), va quant à lui se voir injecter 10 millions d’euros cette année. "Le diagnostic et la rénovation sont au cœur des préoccupations de nos clients. Nous devons les accompagner davantage, en prenant par exemple en charge une partie des coûts de diagnostic énergétique. Cela rentre dans notre mission de premier financeur de l’habitat", souligne Laurent Martin. Enfin, la Foncière de l’Erable, qui gère 80 000 m² de bureaux et quatre résidences seniors, fait l’objet d’un plan d’investissement de 30 millions d’euros sur trois ans. Elle va développer son activité vers les résidences seniors, dont trois nouvelles sont en construction, et vers la logistique, en anticipation du Canal Seine Nord.
Enfin, le Crédit Agricole Nord de France veut renforcer Nord Capital Investissement, son activité de capital développement. Le fonds, qui revendique 170 millions d’euros en actifs, a financé l’économie régionale au travers de 13 opérations en 2022, pour un total de 40 millions d’euros (contre 20 M€ en 2021). En 2023, la banque lance le Fonds Commun de Placement à Risques (FCPR) PME & Territoire. Au travers de ce dispositif, ses clients vont pouvoir investir dans des entreprises de la région, dès 2 500 euros. Lancé en mars, le FCPR devrait permettre de récolter 20 millions d’euros au bénéfice des entreprises du territoire, espère le Crédit Agricole Nord de France.
