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Le constructeur aéronautique Aura Aero se heurte à la frilosité des financeurs privés
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Le constructeur aéronautique Aura Aero se heurte à la frilosité des financeurs privés

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Initialement prévue à l’été 2021, la levée de fonds majeure à laquelle travaille le constructeur aéronautique toulousain Aura Aero est retardée. Cela n’empêche pas ce pionnier de l’aviation décarbonée de tracer son chemin, à commencer par son implantation aux États-Unis en 2022.

La mise en service de l’avion régional ERA est prévue pour la fin de l’année 2026 — Photo : Aura Aero

Le constructeur aéronautique toulousain Aura Aero bouclera une levée de fonds de plusieurs dizaines de millions d’euros dans un délai de “six à huit mois” au maximum, selon son président Jérémy Caussade. Espérée l'été dernier par l'entreprise, sa réalisation a pris du retard. L'opération permettra à cet industriel pionnier en matière d’aviation décarbonée d’atteindre “une taille critique suffisante pour être capable de mener à bien [ses] projets”, précise le dirigeant.

Installé depuis le mois de mars à l’aéroport de Toulouse-Francazal, Aura Aero va produire en série des avions biplaces de la gamme Integral, pour lesquels la société a déjà reçu une centaine de commandes. En 2024, elle prévoit la sortie du prototype d’ERA (Electrical regional aircraft), avion régional à propulsion électrique de 19 places. Elle vient d’ailleurs de signer une lettre d’intention avec Amedeo, spécialiste du leasing d’avions, pour l’achat de 200 exemplaires.

La société a développé un processus unique au monde de conception et fabrication entièrement numérique. “Nous allons finir l’année avec une centaine de collaborateurs (il n’y avait que 2 salariés début 2020), détaille Jérémy Caussade. Notre bâtiment de 4 500 m2 est opérationnel. Notre premier avion a volé et il se trouve en fin de certification. Mais pour arriver à répondre aux enjeux qui sont ceux de la transition aéronautique, nous devons aller vite dans notre capacité à tenir nos engagements.”

1,7 million d’euros levés sur Wiseed

Or, “on ne sait pas financer les nouveaux industriels en France, regrette le dirigeant. Je n'ai jamais caché nos ambitions, notamment sur l’avion régional. Les montants associés sont connus : plusieurs centaines de millions d’euros. Nous sommes freinés parce qu’il existe des règles idiotes en France. Un fonds, par exemple, ne peut céder ses parts à un autre fonds. En outre, l’investissement doit être réalisé avec la plus-value dans la période du fonds, qui est en général de 6 ans. Or, moi, je ne sais pas développer un avion régional, le vendre et être profitable dans un délai si court.”

En attendant de décrocher le jackpot, Aura Aero dispose du soutien du fonds Innovacom, spécialiste de l’accompagnement des start-up “early-stage” et de la transformation numérique. La Région Occitanie va apporter elle aussi un montant de 3 à 5 millions d’euros. Enfin, une campagne de financement participatif sur la plateforme Wiseed a permis de récolter 1,7 million d’euros cet automne. “Pour arriver à faire une levée cohérente avec une société solide et en bonne santé, il faut avoir des capitaux, glisse Jérémy Caussade. C’était une passerelle indispensable pour nous. Deux acteurs majeurs nous ont aidés depuis le début : la Région et Bpifrance. Nous sommes aussi lauréats de France Relance. Si la force publique fait son travail, les acteurs privés financiers ne sont absolument pas à la hauteur.”

Les États-Unis en ligne de mire

D’ici la fin de l’année, Jérémy Caussade se rendra aux États-Unis, où Aura Aero projette de s’implanter en 2022. “C’est le premier marché du monde, confie-t-il. Nous allons chercher un endroit dans lequel nous pourrons livrer nos avions et les entretenir. Tout dépendra des partenaires que nous trouverons. Nous devrons être présents a minima sur la côte est, la côte ouest et même vraisemblablement au centre des États-Unis.”

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