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Le chaudronnier Acti jette l’ancre en Bretagne
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Le chaudronnier Acti jette l’ancre en Bretagne

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En faisant l’acquisition de l’entreprise bretonne Breizh Sailing Holding, le groupe varois Acti, spécialisé en chaudronnerie, tuyauterie et mécanique dans les secteurs naval et industriel et dirigé par Romuald Seillier, conforte ses ambitions de développement et s’installe sur la façade Atlantique pour accompagner ses clients au plus près.

Chaudronnier de formation, Romuald Seillier a créé l'entreprise Acti en 2000. — Photo : Acti

L’entreprise seynoise Acti (pour Azur chaudronnerie tuyauterie industrielle) spécialisée dans le travail des métaux pour les domaines navals et industriels, et jusqu’alors positionnée en Méditerranée, aura désormais un pied à terre sur la façade atlantique. À Belz, près de Lorient, dans le Morbihan plus exactement. En fin d’année 2019, le dirigeant fondateur de l’entreprise varoise, Romuald Seillier, a en effet saisi l’opportunité d’acquérir Breizh Sailing Holding (BSH), dont les activités sont complémentaires aux siennes et qui détient notamment les sociétés Kenzik Marine, Etelium et Chantier Bretagne Sud et emploie 18 personnes. « Cette opération est avant tout une rencontre d’hommes qui a parfaitement fonctionné », raconte Marc-Antoine Gonin, directeur des opérations chez Acti. Elle est pour le groupe industriel varois une étape importante et un accélérateur car le dirigeant en est convaincu « les activités vont s’enrichir mutuellement. Avec Yannick Bian (dirigeant de BSH, qui reste directeur, NDLR), nous voyons dans cette reprise le point de départ de nouveaux challenges à mener en commun sur nos métiers traditionnels, mais aussi dans le domaine de l’innovation marine. »

Une double complémentarité

Car l’innovation est inscrite dans les gènes de Chantier Bretagne Sud, une caractéristique qui le rend très complémentaire d’Acti. « L’ingénierie de haut niveau de BSH alliée à la richesse de nos retours d’expérience, conduit à des synergies évidentes et nous permet d’offrir un service plus complet à nos clients », se félicite Romuald Seillier. Le chantier breton a ainsi développé « un talent certain » pour l’ingénierie et l’innovation et a développé de nouveaux engins marins : prototypes d’hydroliennes, de bateaux à propulsion électrique avec pile à hydrogène, ou encore de drones flottants… Autant de projets qui représentent 60 % de l’activité du Chantier Bretagne Sud et qui avaient « besoin de l’appui industriel d’un grand groupe pour les mettre en production, explique Marc-Antoine Gonin. Autant nous avions besoin d’eux pour proposer des prestations clé en main et nous ouvrir les portes de l’Arsenal de Lorient et de nouveaux marchés sur la façade atlantique, autant ils avaient besoin de notre force de production, de notre expérience », résume le directeur des opérations.

La complémentarité est aussi géographique puisque cette opération de croissance externe va permettre à Acti de mieux accompagner ses clients sur le long terme et de renforcer la confiance de grands groupes, au premier rang desquels Naval Group, présent à Toulon, mais aussi en Bretagne. D’ailleurs Chantier Bretagne Sud occupera prochainement un site de 3 000 m² à Lorient, avec accès direct à la mer, ce qui lui permettra d’être « à proximité immédiate de Naval Group et de Kership (Piriou – Naval Group) pour les accompagner sur la construction métallique comme le fait Acti dans le Sud », souligne le dirigeant breton, Yannick Bian, resté aux commandes des trois entreprises qu’il a lui-même fondées. « Avec Acti, nous souhaitons vraiment créer un pôle Ouest avec une présence de proximité pour des clients actuels et nouveaux », ajoute Yannick Bian.

De nouveaux moyens de production dans le Sud

Au Sud aussi, de nouveaux bâtiments sont en train de sortir de terre pour offrir à Acti un nouvel écrin de 4 000 m², à Ollioules. Ce siège social, que le dirigeant espère inaugurer cette année, pour les 20 ans de son entreprise, permettra de développer l’outil de production, d’augmenter, par voie de conséquence, les capacités et de gagner en autonomie. Il abritera aussi un centre de formation pour répondre aux forts besoins en main-d’œuvre sur un secteur en tension. « L’entreprise recherche en permanence des chaudronniers, des soudeurs, des métalliers, des profils qui ont les yeux qui brillent, qui adhérent aux valeurs du groupe (l’amour et la passion du métier, la loyauté, l’honnêteté), qui ont l’envie de se dépasser… En contrepartie, nous leur offrons de vraies perspectives de carrière », détaille Marc-Antoine Gonin. L’entreprise a aussi des projets pour son atelier de La Ciotat, aujourd’hui positionné au cœur du chantier naval puisqu’elle s’est portée candidate pour occuper un lot du futur « yachting village », dont la livraison est prévue en 2021.

Des ambitions confirmées

Ces projets immobiliers étaient devenus indispensables pour accompagner le cap que s’est fixé Acti, un cap conforté par l’acquisition de BSH, à savoir : continuer à grandir, trouver des moyens de lisser son activité, compenser les pics et creux de charge. Ce cap s’appelle « Acti 50 » et a été lancé il y a un an et demi. Il vise un doublement du chiffre d’affaires sur 5 ans et le maintien d’une croissance de l’ordre de 15 % par an. Un rythme que le dirigeant et ses équipes connaissent bien puisque l’entrepreneur parti de zéro en 2000, dans un secteur alors sinistré, a multiplié son chiffre d’affaires par 20 et recruté une trentaine de personnes par an au cours des 15 dernières années. Le dirigeant revendique aujourd’hui un chiffre d’affaires consolidé de l’ordre de 30 millions d’euros. Cette réussite, passée et à venir, s’appuie sur une diversification des activités et une offre clé en mains. L’entreprise intervient bien sûr dans la grande plaisance, à La Seyne-sur-Mer, mais aussi à La Ciotat et plus ponctuellement aux Antilles. « Dans le yachting, Acti est devenu l’un des plus gros intervenants régional et français dans son métier », souligne Marc-Antoine Gonin. Acti embarque aussi à bord de navires de commerce à Marseille. L’entreprise est référencée auprès de Naval Group, des Chantiers navals de l’Atlantique, de la SNCF ou de la RTM. Elle a assuré les travaux de renflouement du Bonaparte à la suite de la rupture de ses amarres à Marseille, elle intervient dans l’industrie agroalimentaire et pharmaceutique, la parfumerie (clients à Grasse), le secteur de l’énergie ou dans la réalisation d’infrastructures. Son savoir-faire est aussi reconnu dans le monde du BTP, de la serrurerie et de la métallerie puisqu’Acti peut aller jusqu’à construire des bâtiments complets, à l’image du chantier du futur centre de formation du RCT, dont les travaux ont été lancés au dernier trimestre 2019 : charpente métallique, bardage, couverture, menuiserie… En définitive, la structure et l’enveloppe extérieure du bâti. « Nous pouvons faire de la haute couture comme de la cavalerie lourde : c’est un avantage par rapport à la concurrence, notamment celle qui nous arrive de plus en plus des grands groupes », ajoute Marc-Antoine Gonin.

FICHE ENTREPRISE

30 M€ de CA en 2018, répartis de manière équivalente entre les activités du naval (yachting, navires militaires et de commerce), du bâtiment (charpentes métalliques, équipements, toitures bardages) et de l’industrie (tuyauterie, chaudronnerie).

250 collaborateurs dont les deux tiers sont des techniciens et ouvriers spécialisés et le tiers restant est occupé par des ingénieurs.

6 implantations à La Seyne-sur-Mer, à La Ciotat, en Corse, aux Antilles (reprise d’une entité d’Eiffage), en Roumanie (via un partenaire industriel pour répondre aux demandes en chaudronnerie lourde) et désormais en Bretagne.

4 000 m² de bâtiment accueilleront le nouveau siège social et les activités de production d’Acti courant 2020, qui quitteront le site actuel de La Seyne-sur-Mer pour Ollioules, à quelques kilomètres.

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