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À Laval, le dirigeant de Faral Automotive placée en redressement judiciaire croit toujours au rétrofit en bio GNV
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À Laval, le dirigeant de Faral Automotive placée en redressement judiciaire croit toujours au rétrofit en bio GNV

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Hubert Pothier a repris Faral avec Sébastien Le Rendu pour créer Faral Automotive en 2020. Depuis début février 2024 l’entreprise a été placée en redressement judiciaire. Mais le patron lavallois n’en démord pas : leur solution de rétrofit des moteurs diesel en Bio GNV appartient à l’avenir et répond aux enjeux de décarbonation.

Sébastien Le Rendu et Hubert Pothier, directeur général et président de Faral Automotive à Laval qu’ils ont repris et tenté de relancer depuis 2020 — Photo : Rémi Hagel

C’est une entreprise fondée en 1932 à Laval qui est en sursis. La PME de 46 salariés Faral Automotive (ex-Faral) a vu sa demande de redressement judiciaire validée le 31 janvier 2024. Ses dirigeants espèrent pouvoir trouver une issue. "Pour moi c’est un échec, témoigne son président Hubert Pothier. Mais on peut au moins espérer une reprise des emplois et du site de Laval." Il s’agit de sauver "la dernière grande entreprise indépendante française de reconditionnement de moteurs et boîtes de vitesses", fait valoir Sébastien Le Rendu, directeur général et associé. Elle intervient sur les utilitaires légers.

Trois repreneurs sur les rangs

"Convaincus du potentiel de l’entreprise", les deux dirigeants l’avaient rachetée en 2020, déjà pour sauver l’usine alors placée en liquidation judiciaire. Ils ont voulu élargir la gamme et proposer des innovations. Trois ans plus tard, ils sont revenus à la case départ.

Selon nos informations trois repreneurs potentiels sont sur les rangs, tous sont étrangers. La date butoir de dépôt des candidatures auprès du Tribunal de commerce de Laval pour la reprise de l'entreprise est fixée au 29 mars.

La concurrence des pays low-cost

Depuis quatre ans, les deux associés se démènent pour sauver un savoir-faire français ; mais le combat s’avère difficile dans le secteur de la sous-traitance automobile. "Nos concurrents en Europe de l’Est et en Tunisie n’ont pas les mêmes coûts", soupire Hubert Pothier. "En Tunisie, les salariés sont payés deux euros de l’heure et travaillent six jours sur sept. On ne peut pas rivaliser là-dessus."

Un potentiel pénalisé dès le départ par le confinement

Le contexte mondial n’a pas aidé non plus le duo de repreneurs. "On a eu les clés le 13 mars 2020. Quatre jours après on était à l’arrêt pour deux mois du fait du confinement", raconte Hubert Pothier. En 2021, la situation s’avère cependant positive, avec un chiffre d’affaires de sept millions d’euros, et un résultat net de 250 000 euros.

Mais en fin d’année les choses se compliquent. Puis surgit la guerre en Ukraine, la hausse des prix des énergies et des matériaux, l’inflation… qui s’ajoutent aux difficultés du secteur automobile et donnent encore de sérieux coups à la PME. "On ne faisait pas suffisamment de volumes pour payer les charges", explique Hubert Pothier. Faral Automotive a continué de creuser ses pertes en 2023. En fin d'année, les associés ont alors décidé de demander la mise en redressement judiciaire de l’entreprise.

Des clients, des solutions mais pas de soutiens suffisants

Si les deux associés ont cru en une relance possible, c’est en partie grâce à un nouveau marché. L’entreprise spécialisée dans l’échange standard de moteurs, culasses, boîtes de vitesses, réservoirs a innové ces dernières années : elle propose le rétrofit de moteurs diesel au Bio GNV, gaz issu de la méthanisation de déchets organiques. Une solution d’avenir pour remettre sur le marché des véhicules plus vertueux en termes d’émissions de CO2 et de protoxyde d’azote. "Cela coûte aussi moins cher que les modèles électriques et répond davantage aux besoins des artisans", renchérit Hubert Pothier.

C’est la start-up Lyptech qui a développé le processus de rétrofit appliqué par Faral Automotive. Une dizaine de véhicules rétrofités ont été vendus à "GRDF, Vinci Autoroute, des communautés de communes de la région de Toulouse…" Transdev a commandé deux véhicules TPMR (transport de personne à mobilité réduite). De plus, "la Région nous a demandé si on pouvait fournir des autocars au Bio GNV. On ne s’était jamais intéressé à ces gros véhicules. En Pays de la Loire, comme en Bretagne, il y a 3 000 cars de ramassage scolaires." Un véritable marché se présente alors, pensent les dirigeants mayennais. "On est capable de fournir des cars avec des moteurs remanufacturés à zéro kilomètre, à deux fois moins cher qu’un électrique neuf."

Le Bio GNV est deux fois moins cher que l’électrique

L’absence de soutiens d’investisseurs et d’organismes d’Etat n’a toutefois pas permis de renflouer la trésorerie à un niveau nécessaire. Pour autant, "je ne crois pas à la fin du moteur thermique d’ici 2035 ou 2040, ni aux règles strictes des ZFE. En France, il reste quand même six millions de véhicules utilitaires légers en circulation et plus de 90 % de ceux qui sont actuellement achetés neufs ont des moteurs diesel", insiste Hubert Pothier.

Autre perspective pour le Bio GNV selon le dirigeant, le rétropédalage de grands constructeurs sur le tout électrique : "La marque Volkswagen est en chute libre sur ce segment, Stellantis réintègre une chaîne pour un modèle thermique (de la Fiat 500, NDLR) afin de faire tourner son usine en Italie".

Hubert Pothier exprime une certaine amertume. Alors que le tout électrique semble susciter de plus en plus de scepticisme, la solution Faral Automotive pourrait disparaître… ou partir chez des concurrents étrangers.

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