Alpes-Maritimes
L'association Entre Head aide aussi les dirigeants de start-up
Alpes-Maritimes # Réseaux d'accompagnement

L'association Entre Head aide aussi les dirigeants de start-up

S'abonner

L’association azuréenne Entre Head et la French Tech Côte d’Azur ont signé une convention de partenariat pour faciliter l’accompagnement des dirigeants d’entreprises souffrant parfois de solitude et d’isolement. Un phénomène qui n’épargne pas les dirigeants de start-up.

Frédéric Bossard (à gauche), coprésident de la French Tech Côte d’Azur, a signé une convention de partenariat avec l’association Entre Head, présidée et fondée par Laurent Tissinié (à droite) — Photo : Olivia Oreggia

Pierre Guinet était président de M-Pearl, entreprise qu’il avait cofondée à Antibes en 2017. En s’appuyant sur l’intelligence artificielle, la start-up proposait une approche anonymisée du recrutement, afin de valoriser les compétences et non le CV. L’idée plaisait, avait séduit de grandes entreprises qui utilisaient sa solution, des investisseurs qui devaient financer son développement. Sauf que le Covid est arrivé et que devant le manque de visibilité, les dits investisseurs ont fait marche arrière. "On était sur le point de faire une belle levée de fonds, rappelle Pierre Guinet. Nous n’avons eu que trois ou quatre mois de trésorerie pour payer les salaires, et les fonds n’arrivaient pas…" La liquidation de M-Pearl a finalement été prononcée en mars 2021. "Quand on est à la tête d’une start-up, on est toujours à envoyer les bons messages, les bons signaux. Dès qu’on parle de difficultés avec son banquier ou son comptable, la relation n’est plus la même. Et si c’est prématuré, on ne veut pas alarmer. On ne sait plus à qui parler, à qui confier ses craintes, ses inquiétudes. Un ami m’a conseillé l’association Entre Head que je ne connaissais pas. Le simple fait de pouvoir parler, de se livrer, carte sur table, sans être jugé, sans être dénigré, d’avoir une oreille attentive et neutre, cela a été salutaire pour moi. Et avoir en face de soi un dirigeant qui a connu la même chose, cela met évidemment en confiance."

Accompagner les dirigeants dans leur solitude

Les bénévoles de l’association azuréenne ont donc su écouter la détresse de l’entrepreneur, lui apportant notamment des conseils sur la communication et le dialogue à avoir auprès de ses employés (M-Pearl comptait six salariés). Depuis sa création il y a plus d’un an, Entre Head accompagne ainsi tous ceux tous qui ont besoin d’un interlocuteur dans leur solitude, qu’ils soient dirigeants de PME ou de start-up. Première brique dans la chaîne de l’entraide, elle aiguille aussi vers d’autres acteurs tel que le Groupement de Prévention Agréé 06 ou le Centre d’Information sur la Prévention 06 dont elle est partenaire via le portail prévention-entreprises.com.

Aider l’humain, pas l’entreprise

Entre Head est précisément là pour l’humain, pour le dirigeant, non pas pour parler de business mais pour "mettre du cœur dans la matière", telle que le définit son président fondateur Laurent Tissinié. L’association vient de signer une convention avec la French Tech Côte d’Azur pour le faire savoir officiellement : tous les dirigeants peuvent bénéficier de cet accompagnement, y compris lorsqu’ils sont à la tête d’une jeune pousse innovante. "Dans la culture de la start-up, on est un winner. Être startuper implique une dynamique constante, il faut toujours aller chercher de l’argent, avoir une très bonne image, souligne Frédéric Bossard, coprésident de la French Tech azuréenne. Tout cela demande une énergie folle. Eh bien non, en tant que chef d’entreprise, on a le droit de ne pas être au top tout le temps."

Entre Head a pour ambition d’essaimer sur le territoire national dans les cinq ans à venir. Après la Côte d’Azur, une première antenne a ouvert à Paris. "Mais avant un développement en France, on veut surtout que tout le paysage économique local, de la French Tech à la Fédération du Bâtiment, aux syndicats de l’immobilier ou des restaurateurs, connaisse notre démarche. Tout ceci est entièrement gratuit, il n’y a aucun business derrière."

De son côté, Pierre Guinet a rebondi depuis "la très belle aventure M-Pearl, qui a été très formatrice". Il a rejoint l’entreprise Automata à Sophia Antipolis, en qualité de DRH. De nouveaux challenges en perspective au sein de cette fintech qui prévoit de recruter 500 personnes dans les deux ans. Il assure n’avoir "aucun regret. Cela n’a pas été un échec, disons plutôt une non-réussite qui porte une grande frustration ". Ainsi garde-t-il en tête le projet de recréer un jour son entreprise. "Quand on est entrepreneur, on porte ça en soi !"

Alpes-Maritimes # Réseaux d'accompagnement # Innovation