Après le Covid, c’est la fronde contre la réforme des retraites qui risque bien de perturber le paisible cours des conventions bisannuelles de l’association nationale APM (Association progrès du management). Quatre ans après s’être retrouvé à Annecy, ce réseau de chefs d’entreprise réunit ses troupes au Parc des Expositions de Nantes les 16 et 17 mars pour deux journées de conférences et de tables rondes. L’occasion d’échanger sur les défis actuels et à venir auxquels sont confrontées les entreprises et leurs dirigeants.
Même si les perturbations dans les transports en commun ne vont pas faciliter les retrouvailles, un chiffre permet de mesurer l’influence de cette association de dirigeants, plutôt discrète sur la place publique : pas moins de 6 000 personnes se sont inscrites pour participer à l’événement nantais. Des entrepreneurs originaires de toute la France, et même de l’étranger, sont attendus dans la Cité des ducs. "C’est inouï, on n’a jamais vu un tel engouement dans le réseau. Nous allons rassembler 60 % de notre écosystème, sans compter que 500 personnes se sont également inscrites à notre convention en ligne", se félicite Schany Taix, directeur de la Maison APM, la structure qui chapeaute le réseau. Entre les dirigeants d’entreprise, les experts, les animateurs et les salariés de l’association, APM réunit en effet 10 000 personnes, dont 8 800 dirigeants d’entreprise membres.
Partages d’expériences et expertises
Cette envie de se retrouver montre le fort sentiment d’appartenance des dirigeants de PME à ce réseau, fondé en 1987 par le fondateur de Sodexo Pierre Bellon dans le but de former les entrepreneurs. Depuis, la ligne n’a pas changé d’un iota. "Pour qu’une entreprise grandisse, il faut que son dirigeant grandisse. C’est à travers les questionnements de son dirigeant que l’entreprise va pouvoir avancer et résoudre les défis du monde qu’elle traverse", expose Schany Taix. À l’APM, la pédagogie est bien rodée. Elle s’appuie à la fois sur le partage d’expériences entre pairs et sur l’apport d’expertises par des personnalités.
L’association regroupe 417 clubs dans 38 pays ; 80 % en France métropolitaine, mais aussi en Asie, en Afrique ou dans les Antilles. Ces clubs sont composés chacun par une vingtaine de dirigeants d’entreprise. Pour adhérer, "il faut être en position de numéro un, avoir toutes les dimensions de l’entreprise entre ses mains, soit en étant propriétaire, soit salarié. Et il faut que l’entreprise emploie au moins dix collaborateurs", expose Schany Taix.
Un réseau qui étend sa toile
Les membres de chaque club APM se retrouvent dix fois par an autour d’une problématique, durant une journée entière. Sous l’égide d’un animateur, chaque club établit son propre programme, en fonction des desiderata des entrepreneurs locaux. À chaque rencontre, un expert est invité, avec pour mission d’élargir les horizons de pensée des patrons en leur faisant faire un pas de côté. Management, gestion d’entreprise, économie, philosophie, etc. : parmi les 400 experts, le spécialiste de la gestion de crise Bertrand Robert, l’ancien leader de la Patrouille de France Patrick Dutartre ou encore le spécialiste des civilisations anglo-saxonnes et ex-professeur de Normale Sup' Christian Monjou. Tous sont triés sur le volet. "Le processus est très sélectif. On reçoit 500 candidatures par an, mais 30 experts seulement intègrent le réseau", indique Schany Taix.
Depuis 35 ans, la formule a fait ses preuves, le réseau étendant petit à petit sa toile. Près de 50 nouveaux clubs APM ont ainsi vu le jour depuis l’avant crise sanitaire. On y vient "pour rompre avec la solitude, partager ses expériences, arrêter de foncer tête baissée, se donner une bouffée d’oxygène régulière pour s’alimenter ou alimenter les autres dans son entreprise. Nous sommes une école du questionnement, qui propose une autre approche du monde où l’on accepte de se remettre en question et de remettre en question son business model", indique Schany Taix. Cette école est ouverte aux dirigeants sans limite d’âge. Mais dans les faits, la moyenne d’âge tourne autour de 50 ans. "N’a-t-on pas aussi besoin d’un questionnement en amont, c’est-à-dire au moment où l’on se pose la question de créer l’entreprise ?", s’interroge Schany Taix. Les lignes de l’APM pourraient donc prochainement être amenées à évoluer.
