"On décloisonne, on innove, on n’est pas inutiles et on a la gnaque". Alain Mérieux, 83 ans, l’emblématique fondateur de BioMérieux, à l’initiative du collectif "L’Entreprise des Possibles", ne cache pas son plaisir.
Depuis avril 2019 et le lancement de cette initiative inédite, visant à fédérer les entreprises et leurs collaborateurs autour de l’aide aux plus fragiles, L’Entreprise des Possibles a bien grandi. En 2021, le nombre d’entreprises adhérentes est passé de 50 à 100, voyant l’arrivée de l’EM Lyon business school, l’Institut Paul Bocuse, l’Ucly (Université catholique de Lyon), mais aussi la Holding Textile Hermès, l’OL groupe ou La Vie Claire, lesquels rejoignent Sanofi, Huttopia, le groupe Seb, Visiativ, Evolem ou Algoé. Soit près de 55 000 salariés potentiellement engagés dans la cause.
1 million d'euros de congés payés redistribué
Les salariés - qui peuvent devenir bénévoles auprès d’associations - peuvent aussi faire le don de congés. Une fois monétisés et abondés financièrement par leur employeur, ces dons de congés payés atteignent la somme de 1 million d’euros pour la seule année 2021. Les dons équivalent à la somme de 2,5 millions d’euros depuis avril 2019, avec 3 265 jours offerts par les salariés et abondés par les entreprises.
"Notre modèle fait la preuve de son efficacité", se réjouit Alain Mérieux, qui a confié les rênes de l’organisation à Patrick Lepagneul, directeur général délégué du collectif et ancien vice-président EMEA de Biomérieux. "Nous incarnons une sorte de place de marché en faisant matcher les besoins des associations (Notre-Dame des sans-abri, Le Mas, Le Prado, l’Armée du Salut, Habitat et Humanisme…) avec les possibilités qu’offrent les entreprises", souligne-t-il. L’entreprise Huttopia fournit 17 chalets à l’association Le mas à Villeurbanne, qui loge ainsi 17 mères et une trentaine d’enfants. Le groupe Sanofi a financé à hauteur de 100 000 euros les travaux de rénovation à "L’Effet Mères", un centre d’hébergement pour 55 femmes sans-abri, femmes enceintes, accompagnées de jeunes enfants ou victimes de violence, situé en plein cœur du 2e arrondissement de Lyon. Au total en 2021, 3 000 personnes démunies ont été aidées par L’Entreprise des Possibles, dont 1 250 qui ont trouvé un toit.
Dans les trous d’air de l’aide sociale
La force de ce collectif réside aussi, et surtout, dans sa capacité à se glisser facilement dans les interstices de l’aide sociale non couverte par les aides institutionnelles. L’Entreprise des Possibles réunit dans une sorte de précipité des associations qui se connaissent mais n’ont pas l’occasion de travailler ensemble, et les fédère. Dernièrement, l’association Le Prado et Ailoj ont créé Passerelles, un dispositif qui vise à récupérer des jeunes tout juste sortis du dispositif d’aide sociale à l’enfance, de les héberger pour les sécuriser dans leurs démarches de recherche d’emploi avec l’aide de salariés bénévoles, évitant ainsi que ces jeunes ne passent par la rue.
