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L’aéroport de Bordeaux et le lyonnais Elyse Energy réunis pour structurer une filière régionale de biocarburants
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L’aéroport de Bordeaux et le lyonnais Elyse Energy réunis pour structurer une filière régionale de biocarburants

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L’aéroport de Bordeaux Mérignac s’associe à Elyse Energy dans le développement de la future offre de carburants durables à l’échelle de la Nouvelle-Aquitaine. La PME lyonnaise cherche ainsi à quantifier les débouchés locaux de BioTJet, son usine de production de biokérosène sur le bassin de Lacq (Pyrénées-Atlantiques).

La PME lyonnaise Elyse Energy prévoit de faire tourner en 2028 l'usine BioTJet pour y fabriquer 75 000 tonnes annuelles de biocarburant pour l’aviation à Pardies (Pyrénées-Atlantiques) — Photo : Elyse Energy

L’aéroport de Bordeaux vient de conclure un partenariat avec la société lyonnaise Elyse Energy (60 salariés), qui porte un projet d’usine de production de biocarburants sur le bassin de Lacq (Pyrénées-Atlantiques), pour la mise en place d’une filière de carburants d’aviation durable à l’échelle régionale.

Objectif du partenariat : structurer l’offre du biokérosène fabriqué par l’entreprise, de la production à l’avitaillement à Bordeaux, pour " définir un équilibre économique", précise Elyse Energy. L’industriel souhaite pouvoir identifier à la fois les volumes nécessaires aux besoins et les potentiels signataires de contrats d’achat (compagnies, industriels).

"Nous souhaitons participer à l’animation de la filière SAF (NDLR : Sustainable Aviation Fuel ou carburant durable pour l’aviation) sur la région pour que la production rencontre les besoins réels. Il s’agit donc d’identifier les acteurs pertinents dans la future chaîne logistique et les intérêts de contractualisation, notamment pour déterminer qui fait quoi dans le transport du produit", explique Mathieu Hoyer, porte-parole d’Elyse Energy.

Un premier maillon logistique

L’aéroport de Bordeaux Mérignac a déjà lancé une première offre de carburants durables. En juin 2022, il avait annoncé l'alimentation de trois vols (Air France, Lufthansa et Airlec, compagnie d’aviation d’affaires bordelaise) en SAF, produit par TotalEnergies à partir d’huiles de cuisson usagées et de carburant traditionnel. L’offre est toujours d’actualité et alimente principalement l’aviation d’affaires et les industriels. C’est le troisième aéroport de France à en bénéficier, après ceux du Bourget et de Clermont-Ferrand.
L’accord annoncé ce 30 janvier "est la première contractualisation d’une collaboration autour de la logistique du carburant durable" au niveau d’une région, affirme Mathieu Hoyer. Mais Elyse Energy, qui multiplie les projets d’installation d’usines, est en discussion avec d’autres aéroports pour répliquer le partenariat bordelais.

75 000 tonnes de carburant par an

Pour rappel, le projet d’usine "BioTJet" piloté par Elyse Energy – aux côtés d’Avril, Axens, IFPen et Bionext - vise à produire à Pardies, sur le bassin de Lacq, 75 000 tonnes annuelles de biokérosène dès 2028. Un projet dont l'investissement est chiffré à un milliard d'euros.

Le biokérosène sera fabriqué à partir d’hydrogène issu d’électricité (principalement nucléaire) et de biomasse issue de la sylviculture, des déchets de bois (ameublement, industrie) et d’exploitations agricoles (vignes arrachées, haies bocagères…).

"L’usage de l’hydrogène dans la production permet de produire la même quantité de kérosène en utilisant deux fois moins de biomasse", précise Mathieu Hoyer. Soutenu par l’État et l’Ademe, BioTJet doit "répondre à 20 % des objectifs nationaux d’ici 2030 en termes d’utilisation d’e-fuel dans l’aviation", précise la société.

Un important besoin en ressources

L’usine BioTJet est aussi l’une des briques d’E-CHO, un projet à 2 milliards d’euros d’investissement au total, destiné à produire du biokérosène donc, mais aussi 200 000 tonnes d’e-méthanol (via une autre usine) pour l’industrie et le transport maritime à Lacq. Les deux usines seront alimentées par un site de production d’hydrogène et d’oxygène "bas-carbone" à Mourenx (Pyrénées-Atlantiques).
Le projet E-CHO n’est toutefois pas sans opposants, notamment des associations de défense de l’environnement qui s’interrogent sur les besoins du projet en bois et en eau : 7,7 millions de m3 prélevés par an pour 3,8 millions de m3 de rejets selon l’agence de l’eau Adour Garonne. Cette dernière a d’ailleurs rédigé l’une des 222 contributions à la concertation publique d’E-CHO, qui se poursuit jusqu’à la fin de l'année 2024.

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