Innover pour parvenir à s’insérer sur le marché déjà mature de la mesure vibratoire, tel est le défi que Jean-Sébastien Moulet et Lamine Benaissa, deux chercheurs du CEA-Leti, se sont lancé en créant Wormsensing, il y a tout juste deux ans. Cette start-up grenobloise, spin-off du laboratoire d'électronique et de technologie de l'information, où elle a été incubée entre 2018 et 2020 avant de voler de ses propres ailes, conçoit des capteurs ultrasensibles pour mesurer avec précision les vibrations.
2 millions de capteurs à partir de 2023
L'entreprise, qui a déjà commercialisé des préséries auprès d'industriels du secteur de l'énergie, de l'automobile et de la machinerie vient de boucler un premier tour de table de 3,5 millions d'euros, financé par KBC Focus Fund, Innovacom et CEA Investissement. "Nous avons un budget de 7 millions d'euros (3,5 millions d'euros empruntés pour compléter la levée de fonds), qui devrait nous permettre de démarrer notre première ligne de production, dans la région de Grenoble, d'ici l'été 2023", explique Jean-Sébastien Moulet. Objectif : produire 2 millions de capteurs à partir de 2023.
La levée de fonds devrait aussi permettre à la jeune pousse de mieux se faire connaître à l'international, et notamment aux États-Unis, afin de pouvoir commercialiser ses produits via des distributeurs locaux spécialisés. "Pour l'instant nous n'avons fait que de la vente directe et principalement en France", expose Jean-Sébastien Moulet. Les équipes de Wormsensing devraient doubler d'ici 2024 pour atteindre une trentaine de salariés.
Des perspectives de croissance à mettre en corrélation avec le potentiel du marché et le côté disruptif de la technologie développée par la jeune pousse. "Nous arrivons sur un marché qui a très peu évolué depuis 70 ans", décrit le dirigeant. "Nos concurrents proposent seulement des versions améliorées de capteurs qui existent depuis les années 1960", poursuit-il.
Un champ d'application immense
Le champ d’application de la mesure des ondes mécaniques est pourtant immense, qu’il s’agisse de détecter l’endommagement précoce de machines, de contrôler que les vibrations sonores ne dépassent pas certains seuils réglementaires ou de mesurer des signaux biologiques, tels que le rythme cardiaque.
C'est dans ce contexte porteur que Jean-Sébastien Moulet et Lamine Benaissa ont décidé de développer des capteurs fondés sur un matériau piézoélectrique, dont la particularité est de générer des charges électriques quand il est déformé. "Notre capteur très fin peut être collé sur n’importe quel type de surface. Quand une onde traverse l’objet sur lequel le capteur est collé, elle va venir le déformer et générer un signal électrique, permettant de mesurer la vibration", explique Jean-Sébastien Moulet, qui compare son produit à un petit patch souple, très facilement intégrable pour le client. Une technologie qui selon lui, permet d’écouter une plus grande gamme de vibrations que les capteurs déjà commercialisés sur le marché et d’obtenir des mesures plus précises.
Concrètement, les capteurs de Wormsensing peuvent être installés sur certains équipements industriels pour contrôler leur bon fonctionnement dans le temps. La technologie est également utile lors de la phase de développement de produits dans l’industrie, afin de vérifier que les produits en phase de tests répondent aux normes vibratoires exigées.
