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La start-up nantaise Elwave déclenche les radars de l’Otan
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La start-up nantaise Elwave déclenche les radars de l’Otan

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Spin-off de l’IMT Atlantique, Elwave a été la seule entreprise française sélectionnée dans un appel d’offres de l’OTAN, qui comptait plus de 1 300 candidats. Une sélection liée à la nature de sa technologie, qui offre un système de capteurs dotés d'une précision inégalée lors d’explorations et de détections sous-marines.

Pierre Tuffigo, fondateur et dirigeant d’Elwave, débute la commercialisation de son dispositif — Photo : Benjamin Robert

Des mines datant de la seconde guerre mondiale sont enfouies dans les fonds marins. Certaines, en aluminium, se trouvent sur les terrains de futurs champs d’éoliennes offshore, et sont indétectables via des sonars ou des magnétomètres classiques. Seule la technologie d’Elwave permet de les détecter. Après avoir levé deux millions d’euros en 2020, cette start-up de 15 personnes basée à Carquefou vient d’être sélectionnée lors d’un appel à projets de l’Otan. Spin-off de l’IMT Atlantique, c’est d’ailleurs la seule entreprise française parmi les 44 lauréats retenus, sur plus de 1 300 candidatures. "Il y avait seulement une trentaine de projets français. Nous avions candidaté l’été dernier. Le processus a été relativement rapide", résume Pierre Tuffigo, qui a quitté Thalès en 2018 afin de fonder et diriger Elwave.

À Carquefou, Elwave possède son propre bassin afin de tester ses capteurs — Photo : Benjamin Robert

Le biomimétisme à l’œuvre

Selon son fondateur, Elwave doit cette reconnaissance au caractère unique de sa technologie. Des électrodes émettent un champ électrique dans l’environnement, et le dispositif mesure ensuite les perturbations de ce champ. "Nous sommes complémentaires des sonars qui utilisent l’acoustique et agissent sur de longue distance. Notre système apporte une meilleure résolution spatiale sur des courtes portées, de quelques dizaines de mètres", précise Pierre Tuffigo. Cette technologie est directement inspirée de certaines espèces de poissons, qui utilisent ce système pour naviguer dans les eaux tropicales peu profondes et chargées en débris.

Au-delà des missions d’exploration pour le secteur de la défense ou de l’énergie, le dispositif d’Elwave peut donc aussi servir à faire naviguer des drones sous-marins. "Notre propriété intellectuelle repose autant sur les composants, que sur les algorithmes qui permettent d’interpréter les données. Nous pouvons déterminer la taille et la forme des objets, et par exemple en déduire le type de mine", poursuit le fondateur.

De l’Otan aux Émirats arabes unis

Cette sélection par l’Otan va ouvrir à Elwave les portes des centres d’expertise de l’organisation internationale. "Nous allons tester notre dispositif dans leur centre italien, à la Spezia durant six mois, grâce à une subvention de 100 000 euros. Ensuite une seconde phase de sélection aura lieu, et les lauréats participeront à une seconde campagne d’un an pour inspecter les infrastructures critiques en mer", déclare Pierre Tuffigo. Malheureusement, le fondateur ne croit guère en sa sélection. "La logique voudrait que les sélectionnables soient aussi éligibles au NIF (un fonds de capital-risque d’un milliard d’euros créé par un groupe de pays membres de l’Otan, NDLR). Or, la France et les États-Unis sont les deux seuls pays à ne pas avoir participé à ce fonds et nous ne devrions donc pas y avoir accès", regrette Pierre Tuffigo.

Qu’à cela ne tienne. L’essentiel est désormais ailleurs pour la jeune entreprise. Forte de cette reconnaissance scientifique internationale, Elwave débute ces premières ventes. "Nous avons livré notre premier capteur aux Émirats arabes unis en novembre et souhaitons enclencher des ventes régulières cette année", ajoute le président. Elwave, qui a déjà passé des contrats industriels avec Naval Group, Total ou encore Exail, vise ainsi les 40 personnes et 10 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici 2027.

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