Petits yeux, mais grand sourire. "Événement inoubliable". "Incroyable". "Extraordinaire". À l’issue du Booster Camp qui se tenait à l’Université catholique de l’Ouest à Laval (Mayenne), la salle pleine de 135 participants est survoltée. Patrick Bruneau, président du réseau Entreprendre Mayenne (réseau d'associations de dirigeants qui accompagnent les créateurs d'entreprises), résume l’ambiance générale : "Je suis arrivé boosteur, je repars boosté". Le Booster Camp, opération régionale des réseaux Entreprendre des Pays de la Loire, a réuni fin octobre, dans un même lieu, quinze dirigeants de dix entreprises de la région. Chacun de ces lauréats a été épaulé pendant 24 heures par une équipe de dix chefs d’entreprises bénévoles pour les aider à définir ou redéfinir une stratégie de développement. Douze étudiants en master 2 Innovation, Entreprise et Société de l’UCO ont également intégré les équipes. "Les équipes ont planché pendant 24 heures, avec un break de six heures", décrit Marion Hurbin, directrice du réseau Entreprendre Mayenne, organisatrice de l’événement.
Un accompagnement concentré
Le dispositif Booster Camp, inventé en 2011, se tenait pour la première fois en Mayenne. "Il apporte une plus-value différente d’un accompagnement classique, assure Marion Hurbin. D’habitude, deux ou trois bénévoles accompagnent un lauréat et on se voit tous les deux ou trois mois. Là, ils sont dix à douze et c’est concentré sur 24 heures. Cela vient en complément de notre suivi habituel, pour vraiment donner un coup de boost."
Fondateur de l'entreprise nantaise orientée sur la restauration durable Bame (Bon à manger ensemble), Simon Dufour-Emmanuel confirme, particulièrement enthousiaste : "L’équipe s’est approprié le projet. J’avais douze patrons de Bame devant moi !". "On a apprécié de se faire challenger dans la bienveillance", témoignent les dirigeants mayennais de Faguier Print & Pack.
Les lauréats sont unanimes. Tous ont bénéficié de "l’intelligence collective" prônée et mise en œuvre par le réseau Entreprendre.
La constitution d’une équipe conséquente offre la "pluridisciplinarité" des profils et de leurs conseils. "Il y a toutes les expertises, ce qui m’a permis d’avancer dans certaines directions que je ne soupçonnais pas", admet Geoffroy Bataille, dirigeant de Piérisol (Maine-et-Loire). "On conçoit notre stratégie seul. Là, on peut la remettre à plat, la consolider. L’avis des autres rassure et sert de garde-fou", estime l’Angevin Thomas Lemaire, de NDP Systèmes. "Nous avons été confortés dans notre positionnement et nous avons pu mettre le doigt sur des besoins d’amélioration", ajoutent les dirigeants d’Oscar (Loire-Atlantique).
Effet miroir
"Être enfermé pendant 24 heures nous force à synthétiser et nous permet une concentration que nous n’avons pas au quotidien car pris par l’opérationnel", analyse Olivier Messager, du cabinet de conseil environnemental angevin O2M. Eric Grelier, vice-président du Conseil régional des Pays de la Loire délégué aux entreprises et créateur des sociétés Oya et ByFlox, salue le temps donné par "des gens (les bénévoles chefs d’entreprise, NDLR) débordés, ou du moins avec une activité importante". Ils y trouvent aussi un intérêt, constate Marion Hurbin : "Pour eux, il peut y avoir un effet miroir, qui renvoie à des questions pour leur propre entreprise".