"J’ai réduit le turnover d’Hava 3D de 50 % à 5 %"
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"J’ai réduit le turnover d’Hava 3D de 50 % à 5 %"

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Basé au Mans, le distributeur de matériel d’impression en trois dimensions Hava 3D a enrayé la fuite de ses salariés, liée à un management défaillant. Pour y parvenir, le nouveau dirigeant, Geoffroy-Henri de Lageneste, a revu le fonctionnement de l’entreprise. Il a recentré l’activité, accordé de la reconnaissance et de la transparence aux collaborateurs. Désormais, ils restent.

"En nous recentrant, avec notamment un portefeuille de marques réduit, nous avons ôté de la complexité pour les équipes marketing et la logistique", observe Geoffroy-Henri de Lageneste — Photo : Hava 3D

À la question "Recommanderiez-vous votre entreprise à un ami ?", la majorité des salariés d’Hava 3D, en 2022, répondaient par la négative dans l’enquête QVT (qualité de vie au travail). "Oui", ont-ils toutefois unanimement répondu en 2024. La PME spécialisée dans la distribution d’imprimantes 3D connaissait un turnover annuel de 50 %. Ce chiffre est descendu aujourd’hui à 5 %. Ce revirement spectaculaire est dû à la politique mise en place par le nouveau dirigeant, Geoffroy-Henri de Lageneste.

Croissance rapide

Lorsque l’ancien directeur financier d’Hava 3D en a pris les rênes en novembre 2022, l’entreprise, créée en 2013 et détenue depuis 2019 par le fonds d’investissement Apicap, se portait bien économiquement. Avec 32 salariés, elle réalisait 14 millions d’euros de chiffre d’affaires, et avait connu une croissance à deux chiffres pendant plusieurs années. Elle avait étendu ses locaux en 2021. Pourtant, elle avait grandi trop vite au détriment de la qualité de vie au travail. Depuis la reprise, le turnover avait augmenté, entraînant la direction dans un cercle vicieux : elle n’avait plus le temps de se consacrer à ses missions élémentaires, ce qui accentuait la désorganisation.

Un cadre de travail redéfini

"Ma première action a été de lancer cette enquête QVT. Elle a révélé un besoin de confiance du personnel, une demande de transparence sur l’entreprise et sa stratégie", décrit Geoffroy-Henri de Lageneste. Il s’est appuyé sur ces retours pour remettre à flot un navire sens dessus dessous. Face à la dispersion généralisée, il a fait en sorte de "mettre du focus sur l’essentiel". "J’ai présenté six initiatives pour 2023, avec un projet pour trois ans. Cela m’a permis d’embarquer l’équipe", indique-t-il.

Prime et ERP

Plusieurs actions ont convaincu les salariés. La prime exceptionnelle de pouvoir d’achat a été activée. Un accord d’intéressement a été mis en place, avec transparence sur les résultats. " Au-delà de l’aspect financier, cela intéresse vraiment les gens, qui demandent : ‘On en est où ?' Avant, nous étions dans la culture du secret, les gens ne savaient pas où on les emmenait ", observe le dirigeant. Désormais, chaque lundi se tient une réunion du personnel. La direction y fait le point sur la semaine passée, celle à venir.

La mise en place d’un ERP a fluidifié les relations entre équipes. " Nous étions issus d’un mode start-up, où des geeks bricolent dans leur coin. Lorsque l’on devient une PME, tous ces outils s’entrechoquent ", observe le PDG.

Héritage start-up

Un organigramme clair, avec des managers proches, a été établi. "J’ai augmenté le niveau de délégation, en particulier pour le service commercial. J’ai nommé un directeur commercial en interne, et fait monter en compétences d’autres cadres. Ces promotions les remotivent". L’héritage start-up donnait une "trop forte proportion de personnel très jeune, inexpérimenté, qui change d’entreprise à la moindre contrariété", rappelle le dirigeant. Ses nouveaux recrutements ont mêlé du personnel senior avec des jeunes en contrat d’alternance.

Un catalogue simplifié

Ces évolutions RH accompagnent une stratégie de l’offre revue. Le portefeuille de marques distribuées par Hava 3D a été réduit, passant d’une vingtaine à six. "En nous recentrant, nous avons ôté de la complexité pour les équipes marketing et la logistique". Le stock, qui comptait jusqu’à 4 000 références, sources d’erreurs, a été trié et allégé.

Pendant trois ans, Hava 3D a subi un turnover important. La nouvelle direction a inversé la tendance en redonnant un cadre, des perspectives et de la transparence — Photo : Hava 3D

La boutique en ligne Makershop reste une locomotive à forte notoriété (70 % de l’activité d’Hava 3D). Elle conserve son étiquette B to C. En revanche, sa gamme de solutions industrielles rejoint celle de sa gamme Neofab. Ces business unit sont désormais réunies sous l’étendard Hava 3D avec un nouveau logo et un site internet relooké, lancé ce 15 avril. S’y ajoute la gamme de services et de formation, anciennement Hava 3D Academy.

Il s’agit pour Hava 3D d’un virage renforcé vers le B to B. "Notre marché a migré. Nous voulons favoriser l’adoption de la fabrication additive par les entreprises. La 3D est un outil de prototypage qui devient un outil de production ". La PME sarthoise fait valoir qu’avec une imprimante 3D, "elles n’ont plus à stocker des pièces dont elles n’auront peut-être jamais besoin, ou à être tributaire des délais d’approvisionnement".

Croissance en 2024

Les services prennent de l’ampleur : révision annuelle des machines chez les clients, impression 3D à la pièce, extensions de garantie à 3 ans. "En 2024, nous allons développer les CPF pour former nos clients comme techniciens ou opérateurs 3D dans leur entreprise". Ces activités contribuent "à valoriser les compétences de mes équipes ", et donc à leur donner plus de cœur à l’ouvrage. Si cette stratégie a généré un recul de 10 % du chiffre d’affaires en 2023 (avec moins de marques vendues), elle permet d’envisager une croissance de 18 % en 2024.

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