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HyPrSpace financé par France 2030 pour son microlanceur spatial   
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HyPrSpace financé par France 2030 pour son microlanceur spatial   

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La start-up girondine HyPrSpace vient de décrocher un nouveau financement pour mener à bien le développement de son microlanceur spatial, qui vise un premier vol suborbital en 2026. Il comportera une propulsion hybride innovante sur laquelle la société mise pour se démarquer d’une concurrence féroce.

Le futur lanceur orbital d’HyPrSpace contiendra un moteur à propulsion hybride — Photo : HyPrSpace

La signature du chèque est encore fraîche. La start-up girondine HyPrSpace, qui développe le microlanceur OB-1 (pour "Orbital Baguette"), a reçu de la part de l’État, dans le cadre de France 2030, une part conséquente (60 %) du financement total de son projet PADA1, évalué à 35 millions d’euros.

Ce projet réunit un consortium que la société dirige en partenariat avec le toulousain Telespazio France (environ 500 salariés, 96 M€ de CA en 2021), filiale de Leonardo et Thalès, et le groupe espagnol CT Ingénierie (environ 2 000 salariés) via Bertin Technologies, dont CT a racheté les activités de conseil en modélisation en 2018.

Verrou technologique

Le projet PADA1 (pour Projet Agile de Développement d'Accès à l'Espace) a pour objectif de réaliser la "conception détaillée" du microlanceur suborbital d’HyPrSpace, qui a pour particularités d’être réutilisable et d’employer un procédé breveté de propulsion hybride avec un carburant à base de polyéthylène recyclé solide et d’oxygène liquide.

"Dans l’industrie spatiale, ces deux technologies sont aujourd’hui utilisées séparément et ont des avantages et des inconvénients opposés. Le carburant liquide est très cher mais permet de moduler la poussée. Le solide est peu cher mais impossible à éteindre et hautement explosif", explique Sylvain Bataillard, cofondateur d’HyPrSpace et directeur des opérations.

"La propulsion hybride comporte un verrou technologique : elle marche sur de petits moteurs mais est instable sur des plus gros. Nous avons développé une nouvelle architecture de moteur nécessitant beaucoup moins de pièces et bien moins chère, pour lever ce verrou et rendre la propulsion hybride utilisable même pour des lanceurs orbitaux."

Des tests en Gironde en 2024

La start-up girondine, qui regroupe aujourd’hui 35 personnes, va se concentrer sur la partie moteur du projet. CT Ingénierie s’assurera de la cohérence de la conception des lanceurs. Enfin, Telespazio sera chargée de la gestion opérationnelle, "depuis la prise en charge du lanceur à la sortie de l’usine jusqu’à la mise en orbite des charges utiles", a précisé la start-up, le tout via "des stations de télémesure et de télécommunication ultra-mobiles, autonomes et standardisées".

Le calendrier est déjà fixé pour HyPrSpace : elle va tester son système de propulsion au sol dans les locaux de la Direction générale de l’armement à Saint-Médard-en-Jalles (Gironde) en 2024. "Le projet PADA1 se clôturera avec le vol suborbital d’un seul moteur en 2026. Pour l’étape suivante, huit moteurs équiperont un lanceur orbital en 2027, précise Bataillard. Entre les deux, il nous faudra refaire une levée de fonds d’environ 50 millions d’euros".

Le moteur d’HyPrSpace suscite l’intérêt d’autres acteurs : la société est ainsi intégrée à un programme de recherche binational entre la France et le Royaume-Uni mené par le missilier MDBA et le motoriste Roxel pour développer des innovations autour des nouveaux systèmes de missile.

Concernant son carburant hybride, la jeune pousse - née en 2019 - doit "encore affiner sa supply-chain. Les recherches se poursuivent, à la fois sur de la matière recyclée mais aussi biosourcée, à partir de déchets verts et de matière organique, dans le but de diminuer le plus possible l’empreinte carbone du lanceur", termine le porte-parole du projet. Pour mener à bien PADA1, HyPrSpace devrait doubler de taille pour atteindre 70 personnes courant 2024.

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