Fille de médecins, Léonie Schroder connaît les difficultés que traverse notre pays pour tout ce qui touche à la santé. À 27 ans, cette ingénieure développe actuellement, avec un de ses collègues d’école d’ingénieur Bryan Boulé, l’application Huvy. Alors que les nombres de cas incidents de mélanomes ont été multipliés par 3 chez les femmes et par 5 chez les hommes sur ces 30 dernières années, les patients peinent à obtenir des rendez-vous chez des spécialistes déjà surchargés.
À partir d’une expérience connue avec un proche, les deux jeunes ont élaboré un programme innovant. "Il s’agit en prenant une photo d’un mélanome de détecter au plus vite sa dangerosité", explique la jeune femme. Ayant créé à l'automne 2021 la start-up Huvy, une SAS au capital de 11 400 euros basée en Charente-Maritime, à Vaux-sur-Mer, les deux associés ont constitué une base de données d’une grande richesse (35 000 clichés) qui leur permet, grâce à un algorithme, de classer le mélanome en trois catégories, du bouton bénin, à la probabilité quasi certaine d’un cancer. Cette solution sera proposée aux acteurs du premier rang de la santé (médecins généralistes, infirmiers, pharmaciens…).
En phase de certification
"En fonction du stade du mélanome, cet outil effectue un premier tri et permettra au professionnel de santé d’orienter - ou non - les patients vers un dermatologue", poursuit Léonie Schroder qui se réjouit d’obtenir "90 % de bonnes prédictions lors des premiers essais".
Si le prototype est prêt à fonctionner, sa mise sur le marché n’est pas pour demain. "Nous en sommes à la phase de certification, ce qui prend beaucoup de temps". Cette appli devrait être disponible, sur abonnement, début 2024. Les deux porteurs de ce projet ont investi près de 450 000 euros pour le développer. Leur initiative est bien accueillie par les dermatologues, qui sont confrontés à un manque de praticiens.
"Nous ne souhaitons pas nous substituer aux médecins mais bien de leur proposer un outil complémentaire au diagnostic", conclut la jeune vauxoise qui ne compte pas s’arrêter là. D’autres applis, toujours dans le domaine de la dermatologie, pourraient bien émerger de ces jeunes entrepreneurs…
