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Hôtellerie : Un nouvel épisode de la guerre des étoiles à Rouen
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Hôtellerie : Un nouvel épisode de la guerre des étoiles à Rouen

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L'ouverture d'un établissement 4 étoiles Radisson Blu près de la gare de Rouen dès 2018, couplée au possible classement en 5 étoiles du futur hôtel intégré au palais des congrès de la Matmut, suscite des réactions contrastées chez les professionnels du tourisme.
— Photo : Le Journal des Entreprises

Le paysage hôtelier rouennais a connu une première révolution en avril 2010 avec l'ouverture de l'Hôtel de Bourgtheroulde. Un établissement 5 étoiles, selon la nouvelle nomenclature entrée en vigueur en juillet 2012, qui reste à ce jour l'unique représentant local dans cette catégorie « très haut de gamme ». Appartenant au groupe lillois SLIH qui gère une dizaine d'établissements en France et en Belgique, l'hôtel a pris ses quartiers dans un bâtiment du XVe siècle, ancien siège du Crédit Industriel de Normandie (CIN) situé à deux pas de la place du Vieux-Marché en plein coeur de ville.

Deux nouveaux établissements d'ici 2018

D'ici 2018, deux nouveaux établissements haut de gamme vont sortir de terre à proximité de l'immédiat centre-ville : un hôtel 4 étoiles sous enseigne Radisson Blu (Carlson Rezidor Hotel Group), installé au pied du Donjon dans le quartier de la gare rive-droite, et un établissement -probablement- 5 étoiles jouxtant le palais des congrès développé par la Matmut, situé route de Neufchâtel en limite de la commune de Bois-Guillaume.

« Nous avons créé un marché du luxe à Rouen »

Quel impact ces deux ouvertures vont-elles avoir sur le marché hôtelier rouennais ? Sur ce point, les avis divergent. Pour Jean-Marie gras, le directeur général de l'Hôtel de Bourgtheroulde, pas de concurrence frontale en vue avec Radisson Blu. « En créant le premier 5 étoiles de Rouen, nous avons créé un marché du luxe qui n'existait pas ; nous n'avons pas pris la clientèle des autres », sous-entendue les 4 étoiles déjà existants sur la place rouennaise. « Demain, la clientèle loisirs continuera à venir chez nous car nous n'offrons pas les mêmes services que les autres ».

« Un hôtel coûte cher à construire et à entretenir »

L'inquiétude est plus vive du côté de l'hôtel Mercure Champs de Mars (121 chambres). Un établissement 4 étoiles du groupe Accor, dirigé par Jean-Louis Hossin. « Les élus veulent toujours plus d'hôtels, sans forcément réfléchir aux conséquences », dénonce le dirigeant. « Mais un hôtel, ça coûte cher à construire et surtout cher à entretenir ». Jean-Louis Hossin se prépare donc à un véritable « appel d'air » à l'occasion de l'ouverture du Radisson Blu en 2018. Mais une fois le soufflet retombé, il faudra bien « se partager la clientèle ». Une clientèle d'affaires qui représente actuellement l'essentiel de ses nuitées : « aujourd'hui les périodes d'hébergement ont tendance à rétrécir », concède le dirigeant. Si l'établissement affiche en général complet les mardis et mercredis, le taux de remplissage baisse à 50 % le jeudi et l'hôtel est même parfois presque vide le week-end en l'absence de groupes. « Une chose est sûre, le manque de clientèle business ne sera pas compensé par la clientèle tourisme ».

"La clientèle pourrait déborder chez nous"

Que penser dès lors de l'ouverture de l'hôtel du palais des congrès de la Matmut ? Si le groupe mutualiste refuse pour l'heure de communiquer sur le sujet, certains professionnels du tourisme local laissent entendre qu'il pourrait s'agir d'un 5 étoiles. Un choix en cohérence avec la volonté de la mutuelle de faire venir le chef étoilé rouennais Gil derrière les fourneaux du restaurant prévu dans cet ensemble. Choix qui, s'il devait se confirmer, n'inquiéterait finalement pas plus que cela Jean-Marie Gras, le directeur de l'Hôtel de Bourgtheroulde, bien au contraire : « sur la clientèle corporate, ce serait un apport pour la ville. Sur leurs grosses opérations, la clientèle pourrait même déborder chez nous ». Difficile en effet d'imaginer les futurs congressistes (amphithéâtre de 800 places) tous loger route de Neufchâtel ! Quoi qu'il en soit, souligne Jean-Louis Hossin, « la Matmut occupe quotidiennement une trentaine de chambres sur Rouen réparties sur plusieurs établissements. Demain, ils les rapatrieront chez eux ! C'est logique, et on s'y attend ».

Un potentiel touristique sous-évalué

À l'office de tourisme de Rouen, le directeur Yves Leclerc, lui, se frotte les mains : « le marché haut de gamme rouennais décolle ; l'arrivée d'un nouveau 5 étoiles serait une très bonne chose pour la ville ». Car même si les hôteliers souffrent depuis quelques mois d'une baisse de fréquentation -notamment de la clientèle japonaise- suite aux attentats de Paris, Rouen commence à trouver sa place entre Paris et le Mont-Saint-Michel dans l'esprit des tour-opérateurs, assure Yves Leclerc. « Une étude menée en 2015 montre que nous manquons d'hôtels haut de gamme, donc de 5 étoiles », explique-t-il. Un constat que tempère un peu Jean-Marie Gras : « je crois que le potentiel touristique de la ville est sous-évalué et que globalement, la clientèle haut de gamme n'est pas assez drainée ». La concurrence peut y contribuer, reconnaît-il. « Mais n'oublions pas que le taux de remplissage moyen des hôtels à Rouen est de l'ordre de 60 %. Si on augmente la capacité d'hébergement sur ce même créneau, ce sera plus compliqué pour nous tous ! »

(Dossier complet à lire dans notre édition de février)

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