Malgré des volumes de vente en hausse, vous affichez en 2022 un chiffre d’affaires en léger retrait. Comment expliquez-vous cela ?
À 2,2 millions d’euros, notre chiffre d’affaires 2022 est quasiment identique à celui de 2021, alors que le volume de nos ventes a augmenté de près de 20 %. Cela s’explique par le fait que nous avons baissé nos prix sur quelques projets à forts volumes pour nous positionner sur ces marchés et amener d’autres chantiers d’envergure. Notre rentabilité est également un peu dégradée par l’arrivée dans nos comptes des dotations d’amortissement qui font suite aux investissements industriels que nous avons réalisés. Il n’y a pas de surprise. Nous sommes sur notre trajectoire de montée en puissance.
Effectivement, votre déploiement industriel se poursuit en 2023. Quels en seront les temps forts ?
Nous avons mis en service au mois de mars notre centrale à béton R & D à Bournezeau. Haute de 70 mètres et construite entièrement en béton bas carbone Hoffmann, c’est le premier showroom de notre activité. En mai, nous allons inaugurer notre seconde unité de production H2, toujours en Vendée. Et nous allons remettre en service, après des travaux, notre centre de broyage situé au sud d’Angoulême. Pour mémoire, nous avons fait l’acquisition d’ABC Broyage avec la volonté d’être indépendants sur le broyage de nos coproduits. En 2024, nous lancerons la construction de notre troisième unité de construction à Dunkerque.
À partir de 2025, elle livrera le nord de la France et la région parisienne. Il s’agit là d’investissements industriels structurants (22 millions d’euros pour la centrale béton) qui s’inscrivent dans la vague de réindustrialisation de la France. Ils s’accompagnent de la construction d’usines impliquant des entreprises régionales et de recrutements. David Hoffmann et moi avons commencé à deux dans un laboratoire. Nous employons aujourd’hui plus de 50 collaborateurs.
Où en est le marché des ciments bas carbone aujourd’hui ?
Même si le marché de la construction est conservateur et avance pas à pas, il évolue. En France, nous sommes plutôt en avance avec la mise en œuvre de la RE 2020. Il nous reste un travail de terrain à mener pour évangéliser les prescripteurs, mais de plus en plus de d’acteurs de la construction veulent utiliser nos ciments. Nous avons été des pionniers sur ce marché et avons une vraie longueur d’avance en termes d’innovation, avec 12 brevets en France, en Europe, aux États-Unis et en Chine. Nous produisons les ciments les plus décarbonés du marché en France, en Europe et dans le monde. Nos ciments émettent moins de 200 kg de CO2 par tonnes, ils divisent par cinq les émissions de CO2 par rapport à des ciments conventionnels, alors que nos concurrents les réduisent de 20 à 30 %. Il nous a fallu cinq ans pour obtenir toutes les certifications et homologations. Mais c’est fait et nous avons l’intention de profiter de notre avantage, en accélérant la commercialisation en France et à l’international.
Quels objectifs visez-vous ?
Nous avons en commande 240 000 tonnes de béton décarboné, soit l’équivalent d’un volume d’affaires de 50 millions d’euros. Nous avons, par exemple, signé un contrat de fourniture avec le groupe Alkern, un des leaders français de préfabrication d’éléments en béton, avec un engagement de volumes de 14 000 tonnes de ciment Hoffmann. Nous visons un doublement de notre chiffre d’affaires 2023 par rapport à 2022. Nous avons signé des contrats en Suisse, en Belgique, au Royaume-Uni et en Arabie Saoudite. À l’international, notre objectif est de construire des usines avec des partenaires qui produiront des ciments Hoffmann. En 2022, nous avons signé notre première joint-venture avec un acteur suisse de la construction qui produira localement, dans un site similaire à H2, et distribuera de façon exclusive les ciments Hoffmann en Suisse. Ce modèle a vocation à être dupliqué dans d’autres pays. Nous sommes en discussion avancée avec l’Italie, l’Espagne et des Américains.
