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Hi Inov : "Nous ciblons des jeunes entreprises du numérique dans les secteurs de la décarbonation et du new work"
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Wolfgang Krause associé gérant chez Hi Inov "Nous ciblons des jeunes entreprises du numérique dans les secteurs de la décarbonation et du new work"

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Implanté à Lyon (siège social), Paris et Munich, la société de gestion Hi Inov, membre de la holding familiale Dentressangle, mise sur des pépites européennes du numérique ayant le potentiel de devenir des leaders mondiaux. Elle vient de lever 75 millions d’euros pour financer son troisième fonds. Wolfgang Krause, associé gérant chez Hi Inov s'en explique.

Wolfgang Krause, associé gérant de Hi Inov, qui gère 320 millions d’euros d’actifs — Photo : DR

Quel est le positionnement du fonds Hi Inov, propriété de la holding d’investissement Dentressangle (16 salariés à Lyon, Paris et Munich) ?

Depuis 2013, nous sommes spécialistes du financement d’entreprises porteuses de technologies numériques innovantes en B to B. Nous investissons des tickets de 500 000 euros à 15 millions d’euros dans de jeunes entreprises qui créent des solutions pour aider les acteurs à se digitaliser. Disposant de fortes barrières technologiques et/ou de business model innovants, ces sociétés ont le potentiel pour adresser des marchés larges, a minima, européens. Notre axe prioritaire porte sur la France et l’Allemagne, mais aussi la Suisse et le Benelux depuis notre deuxième fonds lancé en 2018.

Quelle est votre stratégie pour le troisième fonds pour lequel vous venez de réaliser un premier closing à 75 millions de fonds, avec l’objectif de réunir un montant total de 150 millions en 2024 ?

Le fonds III a attiré un groupe diversifié d’investisseurs (institutionnels, holding familiales, entrepreneurs, etc.), dont la holding Dentressangle à hauteur de 30 %.

Nous allons poursuivre l’internationalisation de nos investissements. Déjà 40 % des sociétés de notre deuxième fonds étaient étrangères. Nous ciblons prioritairement des levées de fonds de série A, entre 1 et 5 millions d’euros. Ce sont des entreprises dont le projet initial a déjà fait ses preuves, et qui ont besoin de financement pour développer leur produit et accélérer leur développement commercial. Deux secteurs nous intéressent plus particulièrement, ceux de la décarbonation et du "new work". Les nouvelles formes de travail suscitent de forts besoins technologiques. Les entreprises doivent, d’une part, s’adapter aux demandes des jeunes générations qui privilégient la qualité de leur vie, incluant une liberté pour travailler à distance. Pour cela, elles ont besoin d’outils collaboratifs d’e-learning et de ressources humaines. D’autre part, le manque de main-d’œuvre les incite à de plus en plus utiliser les nouvelles technologies.

Comment repérez-vous les entreprises dans lesquelles vous pourriez investir ?

Outre l’écosystème de la holding Dentressangle et nos propres connexions à Lyon, Paris et Munich, nous avons un partenariat avec le fonds lyonnais Axeleo Capital, qui recherche pour nous des "truffes" (NDLR : des start-up à fort potentiel). Il est également doté d’une forte expertise pour mesurer si une entreprise est effectivement sur la bonne trajectoire pour devenir leader dans son secteur. Ils ont notamment déniché la plateforme d’internationalisation de l’e-commerce Glopal et la start-up belge Luzmo (data analytics orientée client).

Comment allez-vous concilier décarbonation et digitalisation ?

Nous sommes conscients que la digitalisation augmente de façon considérable la consommation d’énergie et sommes particulièrement attentifs à l’architecture des produits que nous finançons. Il faut qu’un soft soit économe au niveau énergétique. Nous réalisons en amont des études approfondies pour évaluer la technologie de nos investissements et nous assurer qu’ils seront reproductibles à grande échelle de façon rentable.

Quel bilan tirez-vous des investissements de vos deux premiers fonds ?

Nous gérons 320 millions d’euros d’actifs et avons déjà procédé à 14 cessions avec un DPI* de 1,5 sur les premiers millésimes (le DPI mesure la liquidité générée par le fonds grâce aux cessions d’investissements, comparée au montant total de capitaux propres investis, NDLR). Nous avons notamment accompagné Hiflow, plateforme de transport de véhicules leader de son secteur que nous avons cédée cet été au Crédit Agricole, en multipliant par 3 notre mise de fonds initiale. On peut aussi citer la villeurbannaise Per Angusta, solution Saas de pilotage de la performance achats issue de notre deuxième fonds, capitalisé à hauteur de 100 millions d’euros. Nous avons multiplié par 4 notre investissement de départ seulement 18 mois après être entrés à leur capital. Et je peux aussi citer le spécialiste de l’optimisation énergétique des bâtiments Deepki (1 milliard d’euros de CA), qui a levé 150 millions d’euros en 2022.

Comment collaborez-vous avec les entreprises que vous financez ?

Notre accompagnement se caractérise par une approche très opérationnelle, en travaillant main dans la main avec les managers. Pour cela, nous nous appuyons sur le réseau Dentressangle et des partenaires compétents en matière de marketing vente et communication. Contrairement à d’autres acteurs qui sortent au bout de 3 à 5 ans, nous travaillons sur des temps longs de 10 à 12 ans pour se donner le temps de construire des belles réussites. Nous construisons des portefeuilles concentrés. Sur le premier fonds, 70 millions ont été répartis entre 14 entreprises. Nous perdons au maximum 2 à 3 sociétés par génération.

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