Créer une filière industrielle et de nouveaux usages, c’est le défi qu’est en passe de relever Haut la Consigne. L’entreprise fondée à Lille en 2020 fait la preuve, auprès des industriels comme des consommateurs, que la réutilisation des contenants peut être aisément mise en place, tant d’un point de vue logistique que sanitaire.
Adopter de nouvelles habitudes
"C’est toute l’idée qui a présidé à la création d’Haut la Consigne : nous mettons en place l’ensemble des outils qui permettent l’usage des contenants réutilisables. C’est d’un côté, gérer la logistique et garantir un lavage irréprochable des contenants pour nos clients. Et de l’autre, pousser le consommateur à adopter de nouvelles habitudes, en l’incitant à ramener ses contenants en magasin, au travers de la communication et de gratifications financières, comme des bons de réduction", résume Florence Duriez, co-fondatrice, avec Catherine Thiebert, de l’entreprise de 15 salariés, qui devrait réaliser 1 million d’euros de chiffre d’affaires cette année.
Entrée sur le marché des cosmétiques
Contrat rempli en ce qui concerne la première étape, surtout depuis juin 2024 et la mise en service de la laveuse industrielle de l’entreprise, à Neuville-en-Ferrain près de Lille. Avec ses deux lignes de lavage, le site, qui représente un investissement d’environ 1 million d’euros, a une capacité de traitement de 30 millions d’unités par an. Et cette dernière, encore loin d’être atteinte, va encore augmenter avec l’adjonction d’une nouvelle ligne, dédiée aux cosmétiques, dont l’arrivée va occasionner un nouvel investissement d’un million d’euros, entre les machines et l’aménagement des locaux.
Une ligne équipée d’une inspectrice optique avec 12 caméras
"Jusqu’à présent, nous nous sommes concentrés exclusivement sur l’agroalimentaire, les bouteilles surtout, de bière, de vin, de jus et soupes, mais aussi, les pots et plats. Nous serons bientôt en mesure de laver des flacons de parfum pour le compte d’un premier client, dans l’univers du luxe. Et notre bureau d’études travaille sur les projets d’autres acteurs de la cosmétique, qui cherchent à sortir du tout jetable. Il y a peu d’acteurs en France qui proposent les mêmes prestations que nous, et nous sommes les seules à avoir équipé notre ligne d’une inspectrice optique avec 12 caméras, qui garantit un état parfait du contenant une fois lavé."
Gagner de nouveaux clients
Consommant 51 % moins d’eau, 79 % moins d’énergie, et émettant 76 % moins de C02 que le recyclage du verre, le réemploi du verre a des arguments solides. Et la mise en place de la loi Agec joue pour Haut la Consigne, en imposant aux industriels le recours au réemployable : les entreprises réalisant plus de 50 millions d’euros de chiffre d’affaires doivent en utiliser 6 % dès cette année, et monter à 10 % d’ici 2027. Et dès 2025, ce sont les entreprises pesant 20 millions d’euros de chiffre d’affaires qui vont devoir s’y mettre, avec un premier palier de 5 %.
Créer des emplois non délocalisables
Côté consommateurs, les attentes vont également vers le réemploi. Déjà courante dans les réseaux de distribution bio, la récupération des contenants usagés en magasin progresse dans les grandes surfaces traditionnelles. Partenaire depuis un an de Carrefour, avec la mise en place de gratifications pour inciter au retour des bouteilles dans plusieurs magasins, Haut la Consigne s’apprête à s’implanter en Île-de-France avec un partenaire distributeur. Avant, sans doute, l’ouverture d’autres sites pour créer ailleurs en France, des emplois "non délocalisables".
