Le créateur
Une thèse sur l'optimisation du châssis, huit années passées à la direction de la recherche chez Renault à plancher sur les questions d'allègement du véhicule, puis deux ans chez Goupil Industrie à turbiner sur les moteurs hybrides pour utilitaires. Cela ne suffisait pas à Gaël Lavaud, un docteur en mécanique diplômé de Centrale Lyon.
« L'entrepreneuriat me travaillait un peu et, de mes expériences précédentes, j'avais compris qu'avec peu on pouvait faire beaucoup. J'étais surtout persuadé que l'on pouvait aller plus loin dans le processus d'allègement du véhicule », décrit-il. Alors, en 2014, l'ingénieur quitte son poste chez Goupil pour créer la start-up Gazelle Tech, installée dans les locaux de Bordeaux Technowest, à Blanquefort.
Le concept
Gaël Lavaud a une fixette. « L'automobile, c'est 20 % de la consommation mondiale d'énergie et 50 % de la pollution de l'air. Dans vingt ans, le parc automobile aura doublé de taille. Trois quarts de la consommation d'un véhicule sont dus à son poids, il faut donc réduire son poids », démontre-t-il. Le SUV, présenté cet été par Gazelle Tech, consomme ainsi 3 litres aux 100 kilomètres, d'après le constructeur. Son poids : 650 kilos, contre 1,25 tonne pour un véhicule classique. La clé, c'est son châssis ultra-léger.
« Trois quarts de la consommation d'un véhicule sont dus à son poids. »
« Dès le départ, nous avions opté pour les matériaux composites. Mais nous étions freinés par le coût de la fibre de carbone. Nous nous sommes tournés vers la fibre de verre, moins chère », déroule-t-il. La plus grosse incertitude persistait : le véhicule allait-il résister au crash test ? Aujourd'hui, Gazelle Tech peut souffler : son véhicule en matériaux composites absorbe cinq fois plus d'énergie que l'acier. « Nous espérons obtenir l'homologation mi-2019 », détaille Gaël Lavaud.
Les perspectives
La start-up aurait pu se satisfaire de son SUV allégé, équipé au choix d'un moteur thermique ou électrique. Mais Gazelle Tech a une autre corde à son arc : sa micro-usine, livrée clés en main. Les conteneurs dans lesquels sont livrés les châssis et les pièces détachées suffisent à installer une ligne d'assemblage. Avec ses 100 mètres carrés transportables permettant de relocaliser la production, Gazelle Tech s'ouvre les portes des pays émergents. « Nous avons signé des contrats en Afrique du Nord, nous avons des discussions en Afrique sub-saharienne et en Asie », se réjouit le jeune entrepreneur.
La prochaine étape, c'est une deuxième levée de fonds. La start-up cherche des partenaires pour réunir un million d'euros afin de renforcer l'équipe notamment. Et ce n'est pas une mince affaire. « En quatre ans et demi d'existence, nous avons passé deux ans à chercher des financements. Soit plus de temps que pour développer nos deux prototypes ! ».
