François Asselin (CPME) : « Le gouvernement doit aller plus loin dans son soutien aux entreprises »
Interview # Réseaux d'accompagnement

François Asselin président de la CPME François Asselin (CPME) : « Le gouvernement doit aller plus loin dans son soutien aux entreprises »

S'abonner

Pour le président de la CPME François Asselin, la sortie de crise passe notamment par de nouvelles mesures de soutien aux entreprises, comme un regroupement des dettes ou une extension des conditions d'éligibilité du fonds de solidarité.

François Asselin, président de la CPME : "On ne peut s’affranchir du principe de réalité. Le seul moyen de recréer de la richesse est de remettre le plus de monde possible au travail. " — Photo : Cyril Raineau - Le Journal des Entreprises

Le plan de relance est-il adapté à la crise actuelle ?

François Asselin : Le scénario que nous vivons aujourd’hui n’est pas tout à fait le même que celui nous avions début septembre, au moment où le plan de relance avait été construit. La CPME avait fait 109 propositions dès le mois de juin, et nous l’avions appelé "plan de soutien et d’investissement". Nous sommes en ce moment exactement dans cette problématique : il faut continuer à soutenir les entreprises. Et il manque encore des outils dans la boîte.

Quels types d’outils ?

Beaucoup d’entreprises qui ont souscrit les premiers prêts garantis par l'État vont avoir du mal à faire face à l'échéance de remboursement. Il faut un dispositif qui permette de décaler d’un an leur remboursement. Le ministre de l’Économie a été plutôt sensible à cette demande, mais nous attendons qu’elle soit inscrite dans les faits.

La France des 39 heures était-elle plus anxiogène que celle des 35 heures ?

Par ailleurs, beaucoup d’entreprises ont cumulé des dettes. Nous plaidons pour le prêt de consolidation, c’est-à-dire que ces dettes seraient regroupées pour les étaler dans le temps. Ce qui éviterait que les entreprises les plus faibles mettent le genou à terre.

Le couvre-feu concerne aujourd'hui 54 départements. Les réponses du gouvernement à destination des entreprises impactées par les fermetures administratives sont-elles à la hauteur ?

Il faut les compléter avec les mesures que je viens de décrire. On pense souvent aux bars restaurants, mais autour il y a des activités connexes, en amont ou en aval. Et il n’y a pas que ces activités, tout le monde prend un coup sur la tête. Les consommateurs ne poussent plus autant qu'avant la porte des magasins par exemple, les investisseurs se mettent à hésiter… Quand il y a de telles annonces, c’est toute l’économie du pays qui est touchée.

Faut-il par conséquent de nouvelles aides gouvernementales ?

Il faut faire en sorte que toute entreprise qui a une baisse d’activité de l’ordre de 50 % par rapport à l’année dernière à la même époque puisse accéder directement au fonds de solidarité, quelle que soit son activité.

Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, déclarait au Journal des Entreprises qu’il souhaitait que l’on travaille davantage pour affronter cette crise. Et vous, quelle est votre position ?

On ne peut s’affranchir du principe de réalité. Le seul moyen de recréer de la richesse est de remettre le plus de monde possible au travail. La chance de notre pays, c’est que nous avons de la marge : un Français travaille un peu moins, voire beaucoup moins, que ses équivalents dans d’autres pays de l’espace européen. Il va falloir travailler un peu plus, créer de la richesse, ne serait-ce que pour équilibrer nos régimes de retraite, de santé, sociaux. Il faut de l’activité économique pour avoir de la solidarité et ça passe par le travail. Est-ce que la France des 39 heures était plus anxiogène que celle des 35 heures ? Réfléchissons-y.

# Réseaux d'accompagnement