France 2030 : l’aéronautique décroche plus de 2 milliards d’euros pour faire décoller l’avion propre du futur
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France 2030 : l’aéronautique décroche plus de 2 milliards d’euros pour faire décoller l’avion propre du futur

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Ter repetita. Pour la troisième fois en quatre jours, Emmanuel Macron a décliné par secteur sa politique de réindustrialisation-décarbonation. Cette fois, c’est l’aéronautique qui était mise à l’honneur, avec la promesse d’investissements publics conséquents pour aider la filière et ses start-up à développer des avions moins polluants et "ultra-sobres".

Parmi les projets qui devraient bénéficier de la rallonge de l’État à la filière aéronautique figure le démonstrateur d’avion à propulsion hybride distribuée, développé par Daher, Safran et Airbus — Photo : Daher

Quel est le point commun entre un médicament, un algorithme et un avion ? Réponse : ils ont tous les trois été choisis par l’Élysée pour marquer, cette semaine, le grand retour d’Emmanuel Macron sur le terrain économique, au sortir d’un semestre agité par la réforme des retraites.

Pour tourner définitivement cette page, le président de la République a mis le paquet, pendant quatre jours, sur la "France de 2030", et le plan d’investissement du même nom, censé aider le pays à remporter les "trois batailles" de la décennie : réindustrialisation, décarbonation et souveraineté.

Après la pharmaceutique, mardi, et l’intelligence artificielle, mercredi, c’était donc au tour de l’aéronautique, ce vendredi, de profiter de la tournée d’Emmanuel Macron. Et en visite à l’usine Safran Aircraft Engines de Villaroche (Seine-et-Marne), à quelques jours du salon du Bourget, le chef de l’État n’est pas venu les mains vides. Il a sorti de sa poche, ou plutôt des caisses de France 2030, plus de 2 milliards d’euros pour le secteur.

Des moyens "triplés", mais décevants, pour l’avion "ultra-sobre"

Le plan d’investissement avait fixé un objectif clair dès 2021 : produire le "premier avion bas carbone" sur le sol national dès 2030. Le président de la République reformule, aujourd’hui, cette ambition : "Nous devons être les champions de l’avion ultra-sobre." Pour y parvenir, pas de secret : il faut investir et "accélérer", a-t-il martelé. L’État va donc "tripler [son] effort" pour injecter, sur la période 2024-2030, 300 millions d’euros par an dans le Corac, le Conseil pour la recherche aéronautique civile. Las, en février dernier, les industriels avaient plutôt réclamé 450 millions d’euros pour financer leurs projets de décarbonation. Et entre 2020 et 2022, le gouvernement avait été beaucoup plus généreux (1,6 Md€ sur la période, soit plus de 500 M€ annuels).

Cette enveloppe devrait bénéficier, entre autres, à Safran et General Electric pour leur moteur Rise, à Airbus Toulouse pour leur recherche d’alternatives au titane russe, ou encore à Daher Tarbes pour son travail sur la propulsion hybride électrique (projet conjoint avec Safran et Airbus), a énuméré Emmanuel Macron. Le Corac pourra aussi "aider encore plus les TPE-PME" avec ces moyens renforcés.

Les start-up aidées à faire décoller l’électrique et l’hydrogène

C’est une constante du plan France 2030 : l’État entend réserver une partie de ses fonds à des acteurs émergents. Sans surprise, le président a donc annoncé 200 millions d’euros pour les start-up, mais pas n’importe lesquelles : celles qui planchent sur "les petits avions électriques et hydrogène". "On pense que c’est vraiment une filière d’avenir", a justifié Emmanuel Macron, citant, cette fois, comme modèles, le toulousain Beyond Aero et le rochelais Elixir Aircraft.

Pleins gaz sur les carburants durables made in France

Pour les gros-porteurs, l’État fait un tout autre pari : celui du SAF (pour "sustainable aviation fuel"). L’Union européenne exigera, à partir de 2030, l’incorporation dans les réservoirs des avions de 6 % de ces carburants dits "durables", car produits à partir de biomasse. Autrement dit, il en faudra 500 000 tonnes pour atteindre cet objectif, selon les calculs d’Emmanuel Macron. "Nous avons sécurisé la capacité à produire en France" l’intégralité de ce volume, a-t-il assuré. La fabrication a notamment démarré sur le site TotalEnergies de La Mède (Bouches-du-Rhône). Pour faire décoller cette filière naissante, l’exécutif prévoit donc d’y injecter 200 millions d’euros. Une partie ira, là encore, à de jeunes entreprises, comme le lyonnais Elyse Energy et son projet d’usine BioTJet, prévu à Lacq (Pyrénées-Atlantiques), avec 700 emplois espérés à la clé.

"Je crois très profondément dans l’avenir du secteur aéronautique", a insisté Emmanuel Macron. Aidée par l’État à traverser les turbulences du Covid-19, la filière sait désormais qu’elle est attendue au tournant sur un tout autre enjeu - environnemental celui-là, mais tout aussi existentiel.

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