Karim Vincent-Viry est loin d’être un novice en matière de distribution de fruits et de légumes, un domaine dans lequel il évolue depuis plus de trente ans. Ancien directeur des achats d’enseignes connues telles qu’Auchan, Carrefour, Intermarché ou encore Casino, le Lyonnais s’est récemment installé à Saint-Pol-de-Léon, où il a notamment racheté l’entreprise Keltivia en 2022 (30 salariés, 20 M€ de CA), spécialisée dans l’import-export de légumes frais bretons. Ainsi que la société d’expédition de légumes bio Creignou, qui emploie une dizaine de salariés pour un chiffre d’affaires de 8 millions d’euros et qu’il a récemment rapatriée dans le giron de Keltivia.
Mais c’est bien sa dernière aventure entrepreneuriale qui l’a mis sous le feu des projecteurs. En novembre 2021, en pleine crise sanitaire, il décide en effet de s’attaquer à un problème majeur de la grande distribution : le gaspillage de fruits et légumes engendré par les "écarts de tri", ces produits rejetés par la GMS car leur taille, leur forme ou leur couleur ne correspondent pas à leur cahier des charges.
Un million de paniers distribués en dix-huit mois
"Cela tient parfois au degré de courbure d’un concombre !", soupire le quinquagénaire. "Au final, cela fait qu’environ 20 % de la production française est retoquée, et qu’on jette près de 200 000 tonnes de légumes par an rien qu’en Bretagne ! J’ai donc décidé d’en récupérer auprès de producteurs pour en faire quelques paniers à 5 euros que j’ai commencé à vendre sur l’application Too Good To Go ou directement depuis ma camionnette". Le succès est immédiat. Très vite, Finisterestes 29 étend sa zone de chalandise à Morlaix, puis à Brest… Pour arriver aujourd’hui à une cinquantaine de points relais en Bretagne et en Loire-Atlantique et même en région parisienne.
En parallèle, Karim Vincent-Viry élargit son catalogue en proposant des fruits, puis du poisson, de l’épicerie sèche ou encore de la viande et du fromage. "En matière de produits frais, chaque métier est concerné par ces produits retoqués pour diverses raisons", confie l’entrepreneur qui, en dix-huit mois, a d’ores et déjà passé le cap du million de paniers distribués. De quoi occuper une cinquantaine de salariés, dépasser les trois millions d’euros de chiffre d’affaires sur les dix derniers mois et prévoir une vingtaine d’embauches sur les douze prochains.
Levée de fonds et franchises en vue
Pour soutenir son développement, Karim Vincent-Viry prépare actuellement une levée de fonds de 1 à 2 millions d’euros afin d’investir notamment dans des équipements frigorifiques et informatiques. "Nous allons également créer des "légumes stores" qui emploieront des personnes en réinsertion professionnelle", explique celui qui souhaite aussi s’adosser à des commerces de proximité auxquels il donnera l’exclusivité de ses paniers dans leur ville. Autre axe de développement : la création de franchises afin de permettre à des jeunes de se lancer dans l’aventure moyennant un apport modique. "Nous allons également développer le volet restauration privée et collective. Il y a beaucoup de demande de ce côté car l’anti-gaspillage devient un véritable argument pour séduire la clientèle", conclut-il.
