Finance solidaire : collecter 1% du patrimoine financier des français
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Finance solidaire : collecter 1% du patrimoine financier des français

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Du 3 au 10 novembre 2016 se tient la semaine de la finance solidaire, organisée par Finansol, un organisme qui rassemble tous les acteurs français de cette filière. Le point sur cet événement avec Bruno Dupont, le président d'Autonomie&Solidarité, un capital-risqueur régional.

— Photo : Le Journal des Entreprises

Le Journal des Entreprises : Pourquoi les acteurs de la finance solidaire ont-ils besoin d'une semaine dédiée ?

Bruno Dupont : Cette semaine existe depuis plusieurs années et vise à faire connaître davantage la finance solidaire. C'est un circuit simple, qui soutient les projets à forte valeur sociale et finance ainsi l'emploi, le logement, les activités environnementales, etc. Cette semaine est organisée par Finansol, qui regroupe tous les acteurs de la finance solidaire et délivre depuis 1997 un label qui reconnaît la qualité des produits de financement solidaire. Durant cette semaine, près de 150 manifestations sont attendues sur le territoire français. La finance solidaire progresse puisqu'en 2015, plus d'un million d'épargnants français se sont orientés vers les produits solidaires, avec environ 6.000 euros de souscription par personne, pour une collecte qui a atteint 8,46 milliards d'euros au 31 décembre. Cela représente une progression de 24 % en un an.

Quels sont aujourd'hui les enjeux de la finance solidaire ?

B.D. : La finance solidaire pèse aujourd'hui 0,19 % du patrimoine financier des français - qui s'élève à quelque 4000 milliards d'euros. Et l'objectif de Finansol est d'atteindre les 1 %, soit 40 milliards d'euros. Cela passe par davantage de visibilité mais aussi par des incitatifs au niveau du rendement financier. Finansol mène d'ailleurs une réflexion sur la fiscalité car certains programmes des candidats aux élections présidentielles de 2017 prévoient une suppression de l'ISF : cela pourrait impacter à terme la finance solidaire sur la partie collecte...

Et les enjeux pour Autonomie&Solidarité ?

B.D. : Il s'agit de mieux nous faire connaître dans la région Hauts-de-France. Nous poursuivons donc d'un côté nos partenariats avec les acteurs financiers régionaux. Et de l'autre, nous incitons les porteurs de projets à venir nous voir. Pour cela, nous lançons un Grand Prix Autonomie&Solidarité, visant à récompenser les créateurs d'emplois de la région, qu'il s'agisse de porteurs de projet ou d'entreprises en phase de développement. Notre critère principal est avant tout la création d'emplois. Le premier lauréat recevra 10 000 euros, le second 5 000 euros, et ces sommes seront investies directement au capital des entreprises. Les dossiers de candidature peuvent être déposés jusqu'à fin décembre sur le site d'Autonomie&Solidarité. En 2015, nous estimons avoir contribué par notre action à la création ou au maintien de 205 emplois dans la région et d'ici à fin 2016, nous devrions être aux alentours de 250 emplois. Un autre enjeu pour Autonomie&Solidarité est de contribuer au développement de l'emploi dans les associations mais, en raison de leur statut, nous nous heurtons à une législation qui n'est pas adaptée. Il y a aujourd'hui un enjeu réglementaire : il faudrait des véhicules d'investissement appropriés.

Combien Autonomie&Solidarité va-t-elle investir dans l'économie régionale en 2016 ?

B.D. : Notre objectif d'investissement pour 2016 est de 2,5 millions d'euros, contre 1,9 million en 2015. L'investissement moyen est de l'ordre de 80 000 euros par entreprise, en capital, en compte-courant et éventuellement en prêt participatif grâce à une ligne mise à disposition par la Région. Notre maximum est fixé à 150 000 euros par dossier. Nous sommes en général intégrés dans un tour de table aux côtés d'autres acteurs financiers comme l'IRD, Finorpa ou les banques de la place. Pour ce faire, nous avons 2 200 actionnaires privés et publics.

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