Factures impayées : la galère estivale des PME
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Factures impayées : la galère estivale des PME

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L’été, les trésoreries des PME les plus fragiles souffrent à cause de la recrudescence des impayés et des délais de paiement à rallonge.

Photo : Fotolia

Il est temps que les vacances d’été se terminent. La période estivale met en effet à rude épreuve les trésoreries de milliers d’entreprises. Pour certaines d’entre elles, les ventes s’étiolent naturellement en juillet et en août. D’autres n’ont pas ce désagrément mais sont forcées d’accroître leurs coûts de production pour remplacer des collaborateurs partis en vacances. À ces deux traditionnelles désorganisations estivales, s’en ajoute une troisième : les retards de paiement qui tendent à se multiplier comme des petits pains dans la torpeur du mois d’août.

L'été, 20 % d'impayés en plus

Le nombre de demandes de médiations liées à un impayé augmente ainsi de 20 % durant la période estivale, constate Pierre Pelouzet, le Médiateur des entreprises, une structure rattachée au ministère de l’Économie. Elle vient en aide aux entreprises rencontrant des difficultés dans une relation commerciale. Que l’économie soit en crise ou se porte comme un charme, cette statistique revient inlassablement chaque été. Et peu importe le secteur d’activité : personne n’échappe à cette loi implacable.

Le pire, c'est que la recrudescence estivale n’a pas grand-chose à voir avec une quelconque once de malhonnêteté : on ne devient pas soudainement mauvais payeur au mois d’août. Cette statistique est tout simplement la conséquence de services paie déstabilisés par les congés. Les factures sont tout simplement… oubliées. « On part en vacances, on a encore plein de dossiers à boucler et on oublie une facture. Une note de 20 000 euros ne va pas perturber la vie d’un un grand groupe ou d’une administration… », relate Pierre Pelouzet.

« Chaque jour, 30 entreprises disparaissent à cause d’un retard de paiement. »

Sauf que le trou de mémoire peut avoir de graves conséquences pour les petites et moyennes entreprises. Plusieurs impayés de quelques milliers d’euros peuvent rapidement avoir raison d’une trésorerie exsangue. Et génèrent sans sourciller une autre statistique, autrement plus dramatique : « Chaque jour, 30 entreprises disparaissent à cause d’un retard de paiement », rappelle Pierre Pelouzet. Les impayés sont une cause majeure de faillites en France : une fois sur quatre, une entreprise met un genou à terre à cause de factures oubliées, volontairement ou non.

230 mauvais payeurs épinglés en 2017

Depuis dix ans, l’État durcit le ton envers les mauvais payeurs. La loi LME de 2008 a ainsi plafonné les délais de paiement à 60 jours maximum suivant l’émission de la facture (ou 30 jours en cas d’absence de mention dans le contrat). La loi Sapin 2 ou la loi Macron de 2015 ont aussi alourdi les sanctions qui peuvent désormais se monter à 2 millions d’euros pour une personne morale.

L’an passé, 230 grandes entreprises et administrations se sont ainsi fait taper sur les doigts par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). À la clé, près de 15 millions d’euros d’amendes. Du coup, chèques et virement se font un peu moins attendre. « Il y a quatre ans, les entreprises étaient payées avec 14 jours de retard. Aujourd’hui, cette moyenne est passée à dix jours », indique Pierre Pelouzet.

Mais que faire pour encore raccourcir ses délais ? Dans l’urgence, contacter le Médiateur des entreprises peut s’avérer judicieux. « Plus de 2 000 entreprises et administrations ont signé notre charte Relations fournisseurs responsables et nous fournissent les coordonnées de leurs collaborateurs qui peuvent débloquer la situation. On arrive à créer facilement un dialogue, les fournisseurs comprennent l’urgence et règlent leurs factures », assure Pierre Pelouzet.

Pour être plus serein au quotidien, il convient de mettre en place des processus simples qui vont amener vos clients à vous régler dans les temps. Cela passe aussi bien par une meilleure organisation interne que par une négociation avec votre partenaire commercial. Autre solution, plus coûteuse, le recours à un cabinet de recouvrement. Pour aller plus loin, un groupe de travail animé par l’Afnor, Codinf et le Médiateur des entreprises propose un guide réunissant 15 recommandations pour réduire durablement ses délais de paiement.

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