Et si vous créiez votre espace de coworking ?
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Et si vous créiez votre espace de coworking ?

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Les espaces de coworking poussent aujourd’hui comme des champignons. Pourquoi ne pas monter le vôtre, au sein des murs de l’entreprise ? Cela va vous permettre de rentabiliser un espace inoccupé mais aussi de favoriser l’innovation et les opportunités de business.

Un nouvel espace de coworking ouvrira d'ici fin 2020 à l'ouest de Nantes — Photo : La Cordée

En 2008, Paris accueillait le premier espace de coworking de France. Dix ans après, le phénomène a pris une ampleur assez exceptionnelle. Selon le dernier bilan Coworking 2017, on comptabilise environ 600 espaces de travail partagé en France. Dix fois plus qu’en 2012.

Portés par le développement du travail nomade et le phénomène start-up, ces tiers-lieux envahissent les immeubles de bureaux des grands centres urbains mais aussi les murs des entreprises qui cherchent aujourd’hui à rentabiliser leurs mètres carrés inoccupés. C’est dans cette optique que Sylvain Ogier a ouvert, en 2008 à Saint-Etienne, l’un des tous premiers espaces de coworking de France.

Rentabiliser ses mètres carrés inoccupés

« A l’époque, j’étais locataire pour une de mes activités et j’ai décidé de devenir propriétaire. Je me suis mis en quête de bureaux à acheter mais rien ne correspondait à mes besoins en termes de superficie et de localisation. Et puis, je suis tombé sur une opportunité : un plateau de 250 m² en plein cœur du Technopole de Saint-Etienne. Seul problème, c’était trop grand pour mon activité », relate le dirigeant de 2Easy (formations en langues), So Finance (gestion de patrimoine) et BCom (agence web).

Qu’à cela ne tienne, Sylvain Ogier décide d’acheter l’ensemble et d’y ouvrir un espace de coworking avec des bureaux privatifs et des espaces communs. « Je me suis dit que je pourrais créer des bureaux clés en main avec des services inclus pour permettre à des gens qui travaillent à leur domicile de rompre leur isolement, d’échanger des idées ou des contacts », explique l’entrepreneur.

Un pari gagnant puisque l’espace de coworking O’Brother fait aujourd’hui le plein avec six bureaux occupés en permanence par une quinzaine de personnes. « Ce n’est pas une activité lucrative. Je ne gagne pas d’argent, mais cela me permet de payer mon crédit et de préparer ma retraite », se satisfait Sylvain Ogier.

Créer des liens et faire du business

PDG de FS Group (150 salariés, 10 M€ de chiffre d’affaires), une entreprise spécialisée dans la sécurisation des installations ferroviaires, Jacques Gargowitsh a lui aussi décidé d’ouvrir un espace de bureaux partagés dans son nouveau siège social à Strasbourg. « Nous étions à l’étroit dans nos 200 m². J’ai donc investi dans un bâtiment de 700 m² qui va être occupé sur 300 m² par FS Group et, pour le reste, par un espace de 35 à 40 bureaux partagés baptisé FS Link. L’idée, c’est bien entendu de rentabiliser les mètres carrés mais pas seulement. On veut surtout créer une sorte d’accélérateur pour des start-up sur des sujets liés à la mobilité, à la sécurité et à la maintenance prédictive, explique le dirigeant. Si on conjugue les besoins d’innovation de FS Group et les besoins de structuration des start-up, on peut arriver à favoriser les coopérations. L’idée, c’est de faire du business ensemble », poursuit-il.

Président du groupement infrastructures de la fédération de l’industrie ferroviaire, Jacques Gargowitsh compte donc sur FS Link pour répondre aux besoins identifiés par les grands donneurs d’ordres du secteur sur des sujets de digitalisation, d’objets connectés et d’asset management du réseau ferré. « L’objectif est d’accompagner ces start-up et de leur apporter du business en leur ouvrant notre carnet d’adresses sur la base d’un projet commun. On identifie un besoin, on se met autour d’une table et on essaie de trouver une solution avec laquelle on pourra faire du business », développe le dirigeant.

Favoriser l’innovation

A défaut de déboucher sur du business, créer un espace de coworking dans ses murs peut permettre à son entreprise d’entrer de plain-pied dans l’ère du digital et de favoriser ainsi sa propre innovation. A Lyon, la SACVL (SA Construction de la Ville de Lyon) a dédié le premier étage de son siège social au CPME for H’all, un espace de fertilisation croisée entre la nouvelle économie et les entreprises traditionnelles imaginé par le syndicat patronal.

« L’objectif est d’offrir un lieu d’hébergement à des conditions privilégiées à des start-up. En contrepartie, elles s’engagent à partager leurs compétences en nouvelle économie. La start-up ne se positionne pas comme faiseur, elle apporte des conseils et une expérience », précise Cyril Ihssan, responsable du CPME for H’all by SACVL.

Pour le spécialiste de l’immobilier, qui héberge aujourd’hui 25 start-up, le CPME for H’all a surtout été l’occasion « de comprendre comment un lieu de ce type s’organise pour correspondre à une ambiance start-up. L’idée étant derrière de savoir comment la SACVL devait, en tant que promoteur bailleur, poursuivre ses investissements dans ses espaces de bureaux ».

Pour optimiser des mètres carrés inoccupés tout en s’ouvrant à la culture numérique, il est aussi possible de passer par des plateformes d’intermédiation. C’est ce que propose l’entreprise nantaise Take a Desk. « L’idée est de mettre en synergie via un algorithme des travailleurs agiles innovants avec des acteurs plus classiques qui ont des espaces vacants pour favoriser leur transition digitale », expose Théo Olivier, co-fondateur de Take a Desk. Un concept en plein développement puisque la start-up gère déjà une dizaine d’espaces dans la région nantaise. « On dépasse la simple occupation de mètres carrés. L’entreprise renforce son image de marque en accueillant des start-up, accélère l’émergence de sa propre innovation, le tout sans avoir à gérer l’espace car on apporte une solution clé en main », conclut Théo Olivier.

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