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Entech : "L’énergie est un facteur de réussite des entreprises"
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Christophe Franquet PDG d’Entech "L’énergie est un facteur de réussite des entreprises"

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Christophe Franquet PDG d’Entech (110 salariés, 20,8 M€ de CA), société spécialisée dans le stockage et le pilotage intelligent des énergies renouvelables basée à Quimper, a été classé premier du classement d’Épopée Gestion des personnalités les plus influentes de l’Ouest. Il livre sa vision de l’économie bretonne, ses atouts et ses faiblesses.

Christopher Franquet, PDG d’Entech à Quimper — Photo : Isabelle Jaffré

Que représente pour vous le classement d’Épopée Gestion des personnalités les plus influentes de l’Ouest ?

L’intérêt de ce classement est l’échange avec les autres chefs d’entreprise. Après, être classé premier, à par pour mon ego, ce n’est pas grand-chose. Je reste assez terre à terre. Il y a plein de belles entreprises et de beaux entrepreneurs dans cette liste. Nous avons aussi eu le témoignage de Louis Le Duff sur la construction de son groupe. Avoir le retour d’expérience et des conseils de tels chefs d’entreprises est très enrichissant.

Quand je viens à ce genre de réunion, je ne cherche pas du business en tant que tel, mais à partager et apprendre des autres. Chaque entreprise a ses réussites et c’est cela qui m’intéresse.

Lors de cette soirée, vous avez parlé de l’attractivité du territoire. Quels sont les atouts et les faiblesses du territoire selon vous ?

La Bretagne et le Grand Ouest plus largement bénéficient de conditions de vie qui sont vraiment excellentes. Sa culture fait que la Bretagne rayonne partout. D’ailleurs, on trouve des Bretons partout dans le monde.

Le point faible est le même depuis des années : les réseaux de transports. Le débat semble éternel mais ce qui manque à la pointe bretonne surtout, c’est le TGV avec le moyen d’aller rapidement au-delà de Rennes. Il faut favoriser au maximum les transports décarbonés.

Le deuxième bémol que j’identifie, ce sont les écoles. Chez Entech, nous avons besoin d’ingénieurs. Il faut encore davantage de formations sur des métiers de demain. Actuellement, nous embauchons beaucoup en dehors de la Bretagne, en ouvrant des centres technologiques à Lyon et plus récemment Angers pour toucher d’autres bassins d’emplois. Nous y sommes contraints au vu de notre croissance. Nous ne pouvons pas recruter qu’à Quimper, même si je reste très attaché à ce que notre siège reste là. Nous avons donc fait le choix d’ouvrir des agences ailleurs en France.

Entech fait du stockage et du pilotage intelligent des énergies renouvelables. Avec l’envol du prix de l’énergie, avez-vous eu davantage d’écoute de la part de pouvoirs publics et d’autres entrepreneurs ?

En effet, même si cela fait déjà quelques années que les industriels se sont mis à réfléchir à leur consommation d’énergie électrique. Ils essayent de réfléchir à autoproduire leur énergie. Aujourd’hui, cela est possible. Avec Entech, nous souhaitons aller encore plus loin en décarbonant le secteur électrique. En France, nous avons la chance d’avoir la capacité de produire de l’énergie électrique pas chère, bas carbone mais intermittente. Avec nos solutions, nous arrivons à en faire une énergie pilotable et déployable facilement sur le réseau. Et la demande est très forte.

Avez-vous vu une vraie différence ?

Nous avons vu la différence avant même la guerre en Ukraine. Celle-ci a cependant accéléré cette demande. Il y a une prise de conscience assez globale que l’énergie est un des facteurs de la réussite des entreprises. Son autoproduction devient un atout.

Lors de la soirée d’Épopée les 40, vous avez déclaré : “Celui qui n’arrive pas à innover, je ne sais pas comment il fait !”. Qu’entendiez-vous par là ?

Oui, j’ai dit ça. C’était une petite provocation pour pousser les autres entrepreneurs. Je pense que beaucoup d’entreprises en Europe nous envient, car en France, nous avons la chance d’avoir un cadre réglementaire favorable, des aides. Tout ceci permet de développer l’innovation très facilement. On parle beaucoup de “start-up nation”, je ne suis pas fan du terme mais il est vrai qu’il est possible d’entreprendre : partir de rien, créer son entreprise et avancer. Nous avons bénéficié des aides dès le démarrage d’Entech et nous en bénéficions encore un petit peu, même si c’est beaucoup moins qu’avant.

Vous avez choisi de financer votre développement via une introduction en Bourse. Peu d’entreprises bretonnes font ce choix. Que cela vous apporte-t-il ?

Il est sûr que ce n’est pas le plus simple. Mais ça reste le plus vertueux. Aujourd’hui, nous avons plus de 6 000 actionnaires qui nous font grandir et qui font rayonner Entech au-delà des frontières. C’est toujours mieux que de n’en avoir qu’un ou deux. Cela ouvre plus d’opportunités.

Louis Le Duff, président du groupe Le Duff et parrain de la soirée en compagnie du numéro 1 d’Épopée les 40, Christopher Franquet, président d’Entech — Photo : Isabelle Jaffré

Où en est votre développement à l’international ?

Je faisais partie du déplacement avec la délégation du président de la République début mars en République démocratique du Congo (RDC). Nous avions regardé l’Afrique où nos produits sont pertinents mais le contexte géopolitique aujourd’hui est très compliqué. Ce n’est pas notre priorité à court terme.

Nous avons déjà beaucoup de choses à faire en France, dans les Dom-Tom et en Europe. Donc, nous nous concentrons un peu plus sur les objectifs les plus faciles à atteindre. Nous sommes d’ailleurs chef de file du projet européen C3POe avec d’autres Bretons comme H2X Écosystèmes et SLCE watermakers pour constituer une gamme de produits prêts à l’emploi pour une alimentation durable en électricité et en eau à partir de ressources marines et renouvelables.

Quel est l’intérêt d’un tel programme ?

De ne pas être seul. C’est ce qui manque peut-être en France encore un peu : aller “chasser en meute”. C’est pourquoi les réseaux, comme celui des 40 d’Épopée Gestion, peuvent avoir leur importance pour tisser des relations de confiance et faire grandir nos entreprises ensemble.

Je pense qu’il faut davantage d’ETI en France. Entech a eu la chance d’intégrer il y a deux ans le Booster Bretagne, géré par les technopôles, Bpifrance et la Région. Cela a été pour nous très fort parce que nous avons vu d’autres entreprises qui sont capables de faire des choses comme de racheter une société qui fait trois fois son chiffre d’affaires. On ne pense pas que cela soit possible ; les réseaux nous permettent de l’imaginer. On peut partir de rien et créer une entreprise qui fait plusieurs milliards d’euros de chiffre d’affaires, comme l’a fait Louis Le Duff.

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