Vous lancez une activité de revalorisation de matériel professionnel usagé à Béthune (Pas-de-Calais). Quelles sont vos ambitions ?
Gilles Fontaine : Nous voulons devenir le leader en France du reconditionnement d’équipement professionnel, en misant sur cette particularité : être multimarques et multiproduits. Les acteurs déjà présents sur ce marché sont des revendeurs qui ont lancé, en complément, une activité de reconditionnement de leurs produits. Ennea Green est le seul acteur français positionné à 100 % sur cette activité de reconditionnement de matériel d’entreprise. Si le siège groupe est à Paris, nous avons installé notre usine en novembre dernier sur une partie de la friche industrielle de Bridgestone, à Béthune. Nous y occupons 2 500 m², extensibles à 5 000 m², avec 15 collaborateurs, dont quatre anciens salariés de Bridgestone, trois lignes de production actives et 400 machines déjà reconditionnées. Nous avons démarré avec des distributeurs automatiques, du matériel de propreté, puis de manutention. Nous allons poursuivre avec du matériel de restauration, de laveries, médical, etc. Le projet est de reconditionner tout type d’équipement professionnel, sauf le matériel informatique ou électronique.
Comment avez-vous financé ce projet ?
Eric Busche : Nous avons démarré cette aventure tous les deux, à partir d’une feuille blanche et forts de 30 ans d’expérience dans des groupes de services. Ces dix dernières années, nous avons travaillé dans la même société, moi en tant que directeur des achats et Gilles en tant que directeur général. Ennea Green a été créée sur fonds propres, avec des subventions locales, régionales et du fonds de revitalisation. Nous nous préparons toutefois à lever de la dette, dans le cadre d’un développement national et du lancement d’une marketplace de l’équipement professionnel reconditionné. Nous disposons déjà d’un site marchand mais nous voulons aller plus loin et nous imposer vite, car il y a une demande et un intérêt grandissant. Nos clients sont les constructeurs et les distributeurs d’équipements, ainsi que les entreprises utilisatrices. Nous reconditionnons les machines et ensuite, soit les clients les reprennent, soit nous les revendons. Nous réfléchissons aussi à une offre de location.
L’activité est-elle portée par l’essor de l’économie circulaire ?
E. B. : Nous ne communiquons pas de chiffre d’affaires prévisionnel. Notre ambition est d’ouvrir un site de ce type par an, pour mailler la France en cinq ans. Un équipement professionnel reconditionné a des avantages à faire valoir face à la surproduction, l’inflation, l’allongement des délais de livraison, la pénurie de matière première ou de composants.
G. F. : S’inscrire dans l’économie circulaire n’est toutefois pas un argument déterminant : le prix continue de prendre le dessus. Notre matériel reconditionné est garanti six mois, avec un prix qui représente 50 à 60 % du prix neuf en catalogue. Or les entreprises qui achètent en gros bénéficient déjà de réductions de l’ordre de 30 % sur le neuf. Cet écart n’est pas toujours suffisant. S’il y a une prise de conscience de l’urgence climatique, la traduction dans les gestes d’achat se fait encore attendre. Il manque des incitations : les entreprises ont des aides pour acquérir du matériel neuf, mais pas pour du matériel d’occasion…
