En visite à Angers, Fabrice Le Saché (Medef) estime que l’Europe n’est "pas du tout business friendly"
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En visite à Angers, Fabrice Le Saché (Medef) estime que l’Europe n’est "pas du tout business friendly"

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Fabrice Le Saché, Monsieur Europe du Medef, faisait étape à Angers ce vendredi 8 mars dans le cadre de son "Grand tour de France". L’occasion de "prendre le pouls du tissu économique français vis-à-vis de l’Europe", à quatre mois des élections européennes.

Fabrice Le Saché, vice-président du Medef en charge de l’Europe : "On doit se battre pour une Europe qui soit leader sur les projets économiques, pas sur les normes." — Photo : Antoine Humeau

L’Europe est "un gros paquebot qui n’avance pas assez vite et dans la mauvaise direction, je préférerais un bateau plus léger et plus rapide, qui aille dans la bonne direction". Pour le vice-président du Medef en charge de l’Europe Fabrice Le Saché, celle-ci n’est "pas du tout business friendly". Il est venu le rappeler aux adhérents du Medef des Pays de la Loire ce vendredi 8 mars à Angers, à l’occasion de la 9e des 14 étapes de son Grand tour de France. Dans chaque région, une thématique, ici c’était l’entrepreneuriat et l’innovation avec la visite de la start-up VoltR spécialisée dans le reconditionnement de batteries lithium.

Normes et réglementations

"Un certain nombre de signaux faibles montrent un décrochage de l’Europe vis-à-vis de la Chine et des États-Unis, s’alarme Fabrice Le Saché. Les brevets sont déposés surtout par la Chine, la productivité par heure travaillée progresse aux États-Unis mais pas en Europe." La faute aux normes, aux réglementations, qui induisent un manque de réactivité, juge le président du groupe Aera. "Entre 2017 et 2022, on a dénombré 5 000 pages de réglementations en plus et 850 nouvelles obligations, et chacune de ces obligations est assortie de reporting de la part des entreprises, on transforme les entreprises en agents administratifs."

"L’Europe ne va pas assez vite"

Autre grief émis par le vice-président du Medef national, "l’Europe ne va pas assez vite. Pour délivrer des autorisations de permis pour des usines, pour des subventions d’État, il faut retrouver de la vitesse dans la prise de décision afin de rester compétitif, parce que les cycles d’innovation sont beaucoup plus rapides que par le passé". Fabrice Le Saché veut "consolider cette Europe, la renforcer pour qu’elle ne soit pas spectatrice des évolutions du monde, qu’elle accompagne les projets, l’innovation."

Plus de lobbying à Bruxelles

Alors que 70 % des réglementations appliquées aux entreprises françaises ont une origine européenne et que 60 % de l’économie française dépend du marché intérieur de l’Union, le Medef compte faire entendre davantage sa voix à Bruxelles. Il dispose actuellement d’une équipe modeste de sept à huit personnes pour les actions de lobbying. Son vice-président en charge de l’Europe compte renforcer ce pôle et ambitionne de créer une " maison des entreprises de France " à Bruxelles, qui rassemblerait des représentants d’organisations professionnelles et de grands groupes. "Il y a tout un travail d’influence à faire à la Commission parce que les textes sont préparés très en amont par des fonctionnaires, et le travail d’influence est actuellement très fortement réalisé par les ONG."

"Les gens ont conscience qu’il y a besoin d’Europe, mais il y a une crispation"

De sa visite angevine, Fabrice Le Saché repart renforcé dans ses convictions : "Les gens ont conscience qu’il y a besoin d’Europe, mais il y a une crispation face à cette déconnexion des préoccupations des entreprises."

Une fois le tour de France terminé, le Medef organisera le 18 avril des auditions des têtes de listes aux Européennes. L’occasion de leur faire entendre ses propositions, la création d’une Union des marchés des capitaux par exemple. "On doit se battre pour une Europe qui soit leader sur les projets économiques, pas sur les normes", martèle encore Fabrice Le Saché. Presque un slogan de campagne.

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