Start-up : ces structures qui permettent d’accélérer les levées de fonds
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Start-up : ces structures qui permettent d’accélérer les levées de fonds

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En frappant à la porte d’un accélérateur, une start-up s’attend à y trouver une boîte à outils pour réussir sa levée de fonds. Certes, mais pas seulement. Ouverture d’un carnet d’adresses, développement à l’international…Les opportunités ne manquent pas pour assurer sa croissance.

— Photo : Alice Jacquemin

Lorsqu’une start-up intègre un accélérateur, une palette de services s’offre à elle. A l’image de Neo Business, accompagnement pour les start-up et les PME en forte croissance, développé par la Caisse d’Epargne. Dans le cadre d’un partenariat avec l’incubateur strasbourgeois Semia, Sébastien Pierre, directeur du centre d’affaires et entreprises innovantes à la Caisse d’Epargne d’Alsace, intervient pour conseiller les start-up. Il estime « qu’iI s’agit d’un rôle d’aiguillage. Nous identifions les bons interlocuteurs pour le projet porté par la start-up et lui facilitons les contacts avec les investisseurs ».

Les accélérateurs sont également compétents pour accompagner les jeunes pousses dans la consolidation d’un modèle économique. Ainsi, selon Jonathan Lascar, directeur d’investissement du fonds French Tech Accélération chez Bpifrance : « Il est possible pour une start-up de lever des fonds sans passer par un accélérateur. Mais au sein d’une telle structure, les délais sont optimisés. Cela permet d’être plus rapide, d’ouvrir son équipe à un réseau et de rencontrer par exemple un mentor qui pourra devenir business angel. Lorsqu’une start-up rejoint un accélérateur, elle démultiplie sa croissance et c’est une aide pour lever des capitaux par la suite ».

Pour autant, Eric Burdier, directeur général de l’accélérateur lyonnais et parisien Axeleo (14 personnes), tempère et souligne « qu’aux Etats-Unis, les accélérateurs créent des leaders de la croissance en réfléchissant par la suite au modèle économique. En Europe, les marchés sont plus rationnels. L’enjeu est d’abord de structurer la croissance. La levée de fonds peut en être un moyen, mais dans un second temps ».

Accéder à un réseau

Qu’ils soient semi-publics, portés par des investisseurs privés ou des banques, les accélérateurs ont en commun d’ouvrir leurs carnets d’adresses. Lancé à l’initiative du Crédit Agricole, le premier accélérateur Village by CA a été inauguré à Paris en 2014. Depuis, une vingtaine de « villages » ont éclos en France et cet effectif devrait doubler d’ici la fin 2019. Selon Fabrice Marsella, directeur du Village By CA à Paris (CA 2016 : 5,2 M€ ; 8 personnes) qui compte une centaine de start-up, « chaque village a son processus de sélection puis les start-up peuvent visiter différents villages. Nous leur proposons des ateliers récurrents : comment pitcher face à un investisseur, des ateliers juridiques, de vente, etc. Le réseau des villages compte 300 partenaires, notamment de grands groupes à qui les start-up sont présentées. Nous faisons également découvrir les villages aux clients de la banque d’investissement du Crédit Agricole, puisque ces start-up constituent des viviers d’investissement ».

C’est l’expérience qu’a vécue la société Invivox (12 personnes, 500 000 euros de CA en 2017), plateforme de mise en relation entre médecins pour l’organisation de formations auprès d’experts. Créée en 2015, la start-up a levé 1,3 M€ en 2016 auprès du fonds d’investissement Isai. Celle-ci a ensuite bénéficié d’un suivi d’un an au Village by CA. Invivox a aussi fréquenté le village bordelais. « Le Village by CA, dans le 8e arrondissement, à proximité de tous les fonds d’investissement, est une belle adresse dans Paris. Au village, nous avons pitché devant la banque privée IndoSuez. Actuellement, nous préparons une levée de fonds de 3 millions d'euros. L’un des investisseurs rencontrés dans le cadre de ce pitch est prêt à y participer », témoigne Julien Delpech, cofondateur et PDG d’Invivox, dont l’accueil au village lui a également ouvert des opportunités à l’étranger.

Ouverture internationale

Dans la perspective de sonder le marché américain, Julien Delpech a été accompagné à New-York par un conseiller du Crédit Agricole. « Pendant six mois, Invivox a travaillé dans les bureaux américains de la banque. Notre conseiller s’est pris d’amitié pour notre projet et nous a ouvert son carnet d’adresses, notamment auprès de fonds d’investissement et de médecins à Yale et au CHU de Nantes. Quand les équipes des villages jouent le jeu, c’est d’une efficacité redoutable », estime le jeune homme.

Et cette efficacité pourrait bientôt se mesurer à l’échelle européenne. Aussi bien Axeleo que les villages ont en effet l’ambition d’ouvrir des accélérateurs en propre dans des métropoles européennes. « Milan pourrait être retenu pour compter un prochain village », annonce ainsi Fabrice Marsella.

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