Quand une société de plus de 200 ans, le groupe Devineau, siglée "entreprise du patrimoine vivant", doit maintenir le lien à distance avec ses clients pour cause de confinement, l’appel aux technologies les plus innovantes constitue une solution toute trouvée. Une solution qui reste d’actualité pour enrichir le lien avec ses partenaires, malgré la levée de restrictions sanitaires.
Le numéro un français de la bougie, implanté à Carquefou (200 collaborateurs) près de Nantes, en Loire-Atlantique et Cugand en Vendée avec la marque Bougies la Française (100 salariés) a, avec l’apparition du Covid, dû se réinventer pour faire face à l’impossibilité pour ses clients de se déplacer.
"Comme si l’on était l’un à côté de l’autre"
"Quatre semaines après le premier confinement (décrété le 17 mars 2020, NDLR), nous avons mis en place un outil numérique, des lunettes de réalité mixte, pour faire en sorte que nos partenaires voient l’usine depuis leur écran d’ordinateur", résume Guillaume Rolland, directeur de l’innovation pour le groupe Emosia (plus de 500 salariés, 100 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021), né en 2019 de la fusion de Devineau avec le spécialiste mondial de la fabrication de lampes à catalyse, Maison Berger Paris basé dans l’Eure (175 collaborateurs, 55 millions de chiffre d’affaires en 2020).
D’un côté, le collaborateur dans l’usine, qui porte ces lunettes. De l’autre, le partenaire derrière son écran ordinateur, connecté en visioconférence. "Les lieux physiques sont représentés grâce à la caméra des lunettes, poursuit Guillaume Rolland. On peut y intégrer des hologrammes, de la réalité augmentée, par exemple un nouveau packaging qu’il est possible d’agrandir ou de réduire. Le client voit en temps réel l’usine, interagit avec tout ce qu’il visionne, il peut commenter en direct et ses commentaires s’afficheront dans le champ de vision du porteur de lunettes", permettant ainsi une sorte de conversation "comme si l’on était l’un à côté de l’autre."
"Raccourcir les temps de développement"
La première paire de lunettes a été utilisée sur le site de Cugand en lien avec un grand acteur français de la cosmétique, puis deux autres sur celui de Carquefou, "un investissement de quelques milliers d’euros." Elles ont rapidement prouvé leur utilité. Si Devineau ne dévoile pas son chiffre d’affaires 2021 (il était de 43 millions d’euros au moment de la reprise par Emosia), Guillaume Rolland souligne que ces derniers 24 mois, "la demande a explosé pour ce qui est produit de décoration, parfum d’ambiance, les gens passant plus de temps chez eux et prenant davantage soin de leur intérieur". La fabrication de bougie pour les marques tierces a progressé durant cette période de 50 %.
"Les visites immersives nous ont permis de ne pénaliser aucun projet, et même de raccourcir les temps de développement, note Guillaume Rolland. Nous avons pu valoriser à distance nos outils de production et avons été en mesure de répondre à davantage de demandes."
Conséquences, les lunettes dites HoloLens, une technologie de Microsoft utilisée notamment par un hôpital d’Île-de-France pour préparer des opérations de chirurgie orthopédique ou par l’Oréal pour l’installation de machines, va être davantage déployée par le groupe Emosia. Le site Maison Berger de Paris va en être équipé pour présenter à ses partenaires l’outil industriel autour des diffuseurs de parfum, sprays et autres produits fabriqués dans l’Eure.