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De la rémunération au congé parental, la place des femmes au travail encore marquée par les inégalités
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De la rémunération au congé parental, la place des femmes au travail encore marquée par les inégalités

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En 2022, le revenu salarial moyen des femmes était inférieur de 23,5 % à celui des hommes, selon l’Insee. Dans une nouvelle étude, l’Institut livre des données à jour sur les inégalités femmes-hommes, notamment dans l’accès aux postes les mieux rémunérés et sur l’impact de la parentalité sur les carrières des mères.

À poste comparable, l’écart de salaire entre les femmes et les hommes est de 4 % — Photo : Jacob Lund

Salaires, accès aux postes de direction, répartition de la parentalité… En entreprise, les inégalités perdurent entre les femmes et les hommes. Plusieurs études publiées à l’approche de la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars mettent en avant des améliorations contrastées.

Salaires, métiers et secteurs : une "ségrégation professionnelle" qui reste forte

Les inégalités salariales continuent de peser dans le secteur privé : en 2022, le revenu salarial moyen des femmes est inférieur de 23,5 % à celui des hommes, selon des données de l’Insee. Un écart qui s’explique par un volume de travail moins important chez les femmes, souvent à temps partiel choisi ou subi. À temps de travail identique, cet écart diminue à 14,9 %. Quand les femmes et les hommes occupent un poste comparable, la disparité de salaire atteint 4 %. Si les inégalités perdurent, elles ont reculé de 10 points depuis 1995.

"Les différences de salaire s’expliquent surtout par la répartition genrée des professions : les femmes n’occupent pas le même type d’emploi et ne travaillent pas dans les mêmes secteurs que les hommes et accèdent moins aux postes les plus rémunérateurs", indique l’Insee.

Cette "ségrégation professionnelle" est marquée chez les secrétaires, un métier occupé à 95 % par des femmes, les aides à domicile et ménagères (94 % de femmes). À l’inverse, les femmes ne représentent que 25,5 % des ingénieurs.

Les écarts entre femmes et hommes sont importants parmi les ouvriers avec une différence de 13,5 % sur les salaires et de 22,3 % sur le temps de travail. L’écart des salaires est marqué chez les cadres (15,7 %) et les professions intermédiaires (11,9 %). Le secteur d’activité a également une influence sur l’importance des inégalités. Les secteurs des services mixtes comme l’information communication, les services financiers et immobiliers sont les plus inégaux avec un écart de 24,2 %.

Moins de femmes dans les postes les mieux rémunérés

La place des femmes diminue à mesure que l’on s’élève dans les niveaux de salaires. Elles représentent un tiers des effectifs percevant un salaire au niveau du 9e décile. Mais parmi les 1 % des salariés les mieux rémunérés, leur place descend à 22,8 %. Selon les résultats de l’Index de l’égalité professionnelle 2023, 33 % des entreprises ont moins de deux femmes dans les 10 meilleures rémunérations.

La rémunération et l’évolution de la carrière des femmes sont aussi perturbées par la parentalité. "Les écarts de revenu salarial entre femmes et hommes sont encore plus marqués entre parents : les mères ont des temps de travail mais aussi des salaires en équivalent temps plein nettement inférieurs aux pères, et les écarts croissent avec le nombre d’enfants", poursuit l’Insee. En 2021, l’écart de salaire atteint 29,5 % entre les mères et les pères de 3 enfants ou plus.

Parentalité : les femmes plus souvent éloignées de l’emploi que les hommes

À la naissance d’un enfant, c’est souvent la mère qui travaille moins. Selon une étude de la Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques (Drees), la mère est plus éloignée de l’emploi que le père dans 42 % des couples avec enfant(s) de moins de 6 ans. Là encore, les inégalités se renforcent selon le type d’emploi occupé. Les employées ou ouvrières sont plus souvent contraintes que les cadres de cesser leur activité pour s’occuper de leurs enfants.

L’éloignement de l’emploi est aussi plus marqué : 28 % des mères sont sans emploi, inactives au foyer ou en congé parental. Pour rendre plus attractive et égalitaire la prise de congés à l’arrivée d’un enfant, Emmanuel Macron a confirmé en janvier dernier vouloir réviser la durée et la rémunération du congé parental. La réforme pourrait aboutir en 2025.

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