« Nous sommes fiers de contribuer à l’urgence sanitaire, nos tubes sont vitaux pour les patients atteints du covid-19 », déclare Luc Kemp, le dirigeant de Sodiamex, une PME basée sur le site de la Clouterie Rivierre, à Creil (Oise). L’entreprise fait face depuis début mars à une augmentation de la demande concernant les tubes pour les machines à assistance respiratoire. « Les commandes ont été multipliées par quatre », détaille le chef d’entreprise, ajoutant que pour y répondre, il a embauché trois personnes supplémentaires. La PME compte aujourd’hui 15 salariés, « et nous envisageons d’en embaucher 2 ou 3 autres dans les trois prochaines semaines ». S’il ne communique pas le chiffre d’affaires, il affirme qu’il sera en croissance cette année.
De 10 à 90 % de la production pour le médical
Sodiamex, qui fabrique des gaines en particulier pour l’industrie, le bâtiment, l’éolien ou le nucléaire, a donc dû se réorganiser. Là où les tubes pour le domaine médical concernaient 10 à 15 % de l’activité avant la crise, ils représentent aujourd’hui 90 % de la production. Tous les salariés ont donc basculé sur ces postes de travail, « nous sommes à flux tendu, les amplitudes de travail ont été allongées, d’autant qu’il faut que l’on respecte les gestes barrières de sécurité sanitaire, cela prend donc plus de temps », indique Luc Kemp.
Ces tubes sont longs de 9 à 12 cm, et d’un diamètre de 40 mm. Il a fallu deux années de recherche à la PME pour les mettre au point, entre 2014 et 2016. « Nous avons lancé cette recherche à la demande d’un fabricant de machines à assistance respiratoire, qui connaissait notre savoir-faire pour l’industrie et le bâtiment », détaille Luc Kemp. Ces tubes sont produits par une machine spécialement conçue, et « la finition se fait de manière artisanale par une équipe formée à cette technique ». Des tubes bien particuliers, car ils permettent aux personnes atteintes d’insuffisance respiratoire de recevoir les inhalations nécessaires à leur traitement, sans retirer la ventilation de l’appareil le temps des soins. Cela permet de réduire le risque de pneumonie. « Les tubes sont transparents, on peut donc voir s’il n’y a pas de liquide qui peut y passer, ajoute le dirigeant, mais ils sont aussi chimiquement neutres et ne font pas de bruit. Le patient n’est donc pas gêné ».
Un stock d’un an de matière première
L’entreprise travaille pour deux clients, l’un au Royaume-Uni, l’autre aux États-Unis, qui sont les deux leaders mondiaux en produits innovants destinés aux soins respiratoires en milieu hospitalier. Le client anglais vend ses machines à assistance respiratoire dans 72 pays différents. « Nous sommes les seuls à fabriquer cette solution dans le monde », assure Luc Kemp. Il ajoute que les ouvriers ne seront pas en rupture de matière première, car l’une des exigences des clients depuis 2016, est que l’entreprise ait un stock d’une année d’avance, « une exigence qui permet d’anticiper et de faire face à des crises comme celle-ci », conclut-il.
