Coronavirus : A Pâques, les chocolatiers ne sont plus à la fête
# Commerce

Coronavirus : A Pâques, les chocolatiers ne sont plus à la fête

S'abonner

Alors qu’ils devraient affronter un pic d’activité lors du week-end pascal, les chocolatiers voient leur chiffre d’affaires s’effondrer en raison de l’épidémie de coronavirus. Néanmoins, que ce soit à Angers ou au Mans, ces professionnels tentent de réduire la casse.

Les chocolatiers qui distribuent leur oeufs de Pâques en boutiques anticipent une chute drastique de leur chiffre d'affaires. — Photo : Simon Lagoarde- Waap!

Temps fort de l’année avec Noël, Pâques a cette année un goût amer pour les chocolatiers. Des professionnels qui ont enregistré dès la semaine précédant le confinement, entre le 9 et le 15 mars, une baisse conséquente de leurs ventes. « Au lendemain de l’annonce de la fermeture des écoles, nous avons fait aussi un tout petit samedi en termes de chiffre d’affaires », indique Anne-Françoise Benoît, dirigeant de Benoît Chocolats qui réalise 2 millions d’euros de chiffre d’affaires dans ses deux boutiques d’Angers et de Paris.

Même son de cloche au Mans, à la Chocolaterie Bellanger, qui totalise 3 millions d’euros de chiffre d’affaires. « Nous en avons perdu 20 % de celui-ci dès le début mars, indique son dirigeant Vianney Bellanger. Très vite, nous avons réagi avec un plan de mesures sanitaires spécial Covid 19. Il s’agissait de préserver l’entreprise dans une période importante afin de continuer de travailler. »

Néanmoins, avec le confinement généralisé, l’entrepreneur va finalement se résoudre à fermer ses deux boutiques du centre-ville du Mans et celle de Tours. L’entreprise mancelle affiche une perte de 92 % de son chiffre d’affaires dans ses implantations de cœur de ville. Seul le magasin attentant au laboratoire de l’entreprise reste ouvert.

Maintenir un filet d’activité

Chez Benoît Chocolats, la production a cessé avec le confinement général et les 20 salariés ont été placés en chômage partiel. « Il y a eu un léger moment de flottement. Le gouvernement a demandé de fermer les commerces non-essentiels. Même si le chocolat est essentiel à la vie, plaisante Anne-Françoise Benoît. Comme pour les entreprises du BTP, on nous a d’abord dit qu’on pourrait peut-être rester ouvert. Mais il faut être sérieux. Je ne voulais pas prendre la responsabilité de laisser les deux magasins et l’atelier ouverts, avec des risques pour les salariés, pour les clients et pour moi. »

Au Mans, Vianney Bellanger fait encore travailler quatre collaborateurs sur un effectif de 40 salariés. Et pour affronter le traditionnel pic d’activité du week-end pascal, l’équipe va monter à 10 personnes. Le chocolatier sarthois ayant en effet développé une offre de vente en ligne. « Nous assurons nous-mêmes les livraisons en Sarthe et en France entière avec Chronopost Food. Il s’agit de rentrer un peu de chiffre d’affaires tout en maintenant quelques emplois qui ne seront ainsi pas à la charge de l’État. Mais ce n’est pas rentable. » Toutefois, deux boutiques mancelles ouvrent à nouveau leurs portes en matinée, celle de Tours proposant des retraits de commandes et des livraisons.

Pour limiter la casse, Anne-Françoise Benoît cherche elle aussi de nouveaux canaux pour écouler ses chocolats. La boutique parisienne rouvre ainsi en prévision du week-end de Pâques. « Elle s’y prête par sa configuration mais il nous est impossible de le faire pour celle d’Angers, qui est toute en longueur. Les clients s’y croiseraient et je crains qu’il n’y ait beaucoup de monde. Je ne veux pas prendre le risque. » La chef d’entreprise propose également des livraisons et s’appuie sur les réseaux et initiatives angevines, comme Produit en Anjou qui commerciale des colis alimentaires réalisés avec des productions locales.

Retour de bâton cet automne

Néanmoins, ces filets d’activité ne peuvent masquer des trésoreries fondant comme chocolats au soleil. « Nous vivons quasiment à crédit toute l’année. La période de décembre à février représente 50 % de notre chiffre d’affaires annuel. Nous gagnons ensuite de l’argent à Pâques, les mois de mars et avril comptant pour 25 à 30 % de nos revenus. En septembre-octobre, nous toucherons le fond de nos trésoreries », explique Vianney Bellanger.

Grâce à l’export, Anne-Françoise Benoît n’a pas tous ses œufs dans le même panier. Une petite activité tournée vers le Japon où la demande est principalement orientée vers la Saint-Valentin, et qui a elle aussi subit la crise. « Nous y enregistrions déjà une légère baisse de la consommation dès cette période, alors qu’on en était qu’au tout début de la crise sanitaire. Je crains que pour l’an prochain on ne fasse une croix dessus. Dans tous les cas ils ne referont pas la même commande que cette année. »

De l’avis des deux entrepreneurs, cette épidémie mondiale survient donc au plus mauvais moment, après les manifestations des gilets jaunes et les mouvements de grèves de la fin 2019 qui ont malmené leurs trésoreries respectives. En outre, les chocolatiers ayant préparé à l’avance leurs produits de Pâques se retrouvent avec d’importants stocks de chocolats au frais. « Nous avons conditionné pour 250 000 euros de marchandise, afin de la préserver pour Pâques 2021. Le chocolat a l’avantage de pouvoir se conserver longtemps s’il est bien stocké », souligne Vianney Bellanger. Une lueur d’espoir en vue de la résurrection de leur activité et l’espérance d’un prochain Noël au balcon.

# Commerce