Coronavirus - Hénaff : « Nous nous préparons à un marathon dans les prochaines semaines »
Interview # Agroalimentaire

Loïc Hénaff président du groupe Hénaff et de l'association Produit en Bretagne Coronavirus - Hénaff : « Nous nous préparons à un marathon dans les prochaines semaines »

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En pleine crise sanitaire, Loïc Hénaff, président du groupe agroalimentaire Hénaff (281 salariés, 45,5 M€ de CA), est sur le pont pour assurer la continuité de l'activité. Mais aussi trouver des solutions pour accompagner les membres de l'association Produit en Bretagne, dont il est président et qui rassemble 420 membres. Entretien.

Loïc Hénaff, président du groupe agroalimentaire Hénaff, basé à Pouldreuzic (Finistère), est également président de l'association Produit en Bretagne — Photo : Isabelle Jaffré

Quelle est la situation chez Hénaff ?

Loïc Hénaff : Nous gérons la crise de façon sereine, travailleuse et rigoureuse. Les jours se suivent et ne ressemblent définitivement pas. Le début de la semaine a été difficile mais, 72 heures après le début du confinement, ça commence à se calmer. Nous avons dû répondre à une forte hausse des commandes, il a fallu gérer les priorités en pensant avant tout à la sécurité de nos salariés. Tout en réfléchissant à la façon dont nous allons nous organiser pour la suite, à court et moyen terme. Après le sprint de cette semaine, nous nous préparons à un marathon. Il faut aussi savoir qu’en parallèle de la forte hausse des commandes du début de semaine, - qui correspond à 3 ou 4 journées de Noël en termes de ventes -, certains de nos clients ne répondent plus à nos appels. Notamment dans le domaine de la restauration et de l’export, deux secteurs qui représentent 30 % de notre activité.

Comment vous organisez-vous pour maintenir la production ?

L.H. : Nous avons choisi d’aller plus loin que ce que le gouvernement impose actuellement afin de préserver la santé de nos salariés et de rassurer tout le monde. 70 de nos collaborateurs sont en télétravail, et nous faisons tourner le site avec une centaine de personnes qui se relaient sur un cycle de 18 heures. Je suis actuellement seul à mon étage, là où nous sommes une dizaine habituellement. Nous avons choisi de ne pas avoir recours aux heures supplémentaires car nos salariés ont besoin de se reposer et de passer du temps avec leurs proches. Nous avons aussi décidé de ne pas faire sauter les RTT et de ne pas modifier les plannings de congés.

Quid des approvisionnements et des stocks ?

L.H. : Nous avons 5 à 6 semaines de stocks, mais pas de façon uniforme selon les productions. Le secteur de la pêche, notamment, est sens dessus dessous, et nous avons dû mettre en pause certaines productions. Nous nous approvisionnons à 89 % en France (très majoritairement en Bretagne), ce qui facilite les choses. Et nous sommes bien heureux de travailler avec Massilly-Franpac, qui fabrique nos boîtes de conserve à Douarnenez. A priori, je dirais qu’on est couverts pour un plusieurs semaines car nos groupements de producteurs bio et conventionnels maintiennent eux aussi leur activité. Avec une attention particulière pour la filière bio pour laquelle l’activité d’abattage est ralentie car les laboratoires n’ont plus le temps de faire les analyses nécessaires pour la mise sur le marché.

En tant que président de l’association Produit en Bretagne (visant à promouvoir les savoir-faire des entreprises bretonnes et leurs produits, NDLR), vous lancez aussi un appel aux consommateurs ?

L.H. : Oui, et notamment pour soutenir la filière bio qui est fragile. J’en appelle à la raison des consommateurs car, acheter local, c’est sauvegarder nos emplois de demain. La semaine dernière encore, tout le monde voulait du local. Il n’y a pas de raison d’arrêter. C’est le moment de contacter les pêcheurs pour acheter du poisson frais, les maraîchers, les artisans producteurs, etc.

Quelles remontées avez-vous de vos adhérents sur le terrain ?

L.H. : Nous faisons tout notre possible pour les accompagner au maximum car ils ne sont pas tous affiliés à un syndicat ou à une fédération. Nous travaillons notamment beaucoup avec la grande distribution pour essayer de leur trouver des débouchés. Pour l’instant je ne ressens pas de détresse chez nos adhérents ; en revanche une inquiétude extrême, c’est évident.

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