Alpes-Maritimes
Coronavirus - Fayat Bâtiment: « C'est difficile de travailler sur un chantier avec un masque »
Interview Alpes-Maritimes # BTP

Marco Sébastiani directeur d’agence Fayat Bâtiment Côte d’Azur Coronavirus - Fayat Bâtiment: « C'est difficile de travailler sur un chantier avec un masque »

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Fayat est l’une des premières entreprises du bâtiment à reprendre ses activités dans les Alpes-Maritimes. Séances de lavage de main, repas froids, horaires décalés et port du masque : Marco Sébastiani, directeur de l’agence Fayat Bâtiment Côte d’Azur (110 collaborateurs), revient sur les nouvelles conditions de travail imposées par l’épidémie de coronavirus.

A Nice, le Campus Sud des Métiers doit accueillir 2500 alternants à l’horizon 2021, sur une surface de 24 200 m². Ce projet de 84 M€ est porté par la CCI Nice Côte d’Azur et Habitat 06, avec la Région Sud, le département des Alpes-Maritimes, la Ville de Nice et l’Etat — Photo : CCI Nice Côte d'Azur

Dans quelle mesure l’activité de Fayat Côte d’Azur a-t-elle repris à ce jour sur la Côte d’Azur ?

Marco Sébastiani : Nous avons redémarré le chantier du Campus Sud des Métiers à Nice, le 20 avril dernier, ainsi que celui du collège Bréa à Saint-Martin-du-Var, dans le haut-pays. Nous essayons de reprendre l’ensemble des chantiers, nous sommes en train d’étudier cela avec l’ensemble des maîtres d’ouvrage. Notre objectif est de redémarrer au mieux le 11 mai.

La CCI Nice Côte d’Azur, qui porte le projet du Campus Sud des Métiers à Nice, a parlé d’un « chantier test », c’est donc bien ce dont il s’agit pour vous aussi ?

Marco Sébastiani : En effet. Nous avons mis en place les mesures préconisées par le guide de l’OPPBTP, l’Organisme Professionnel de Prévention du Bâtiment et des Travaux Publics. À ce jour, quinze compagnons, sur les soixante que compte l’agence, ont repris sur ce chantier, essentiellement grutiers et coffreurs. Nous sommes en train de monter la deuxième grue donc nous devrions être une trentaine d’ici deux semaines.

A-t-il été simple de suivre ces préconisations ?

Marco Sébastiani : Simple ? Pas tout à fait. L’adaptation de la base-vie est faite Nous avons modifié les bungalows. Frigo et micro-ondes sont interdits pour éviter la contamination des aliments. Les repas sont donc froids, avec les beaux jours cela ne pose pas de problème pour l’instant.

« Le plus difficile est de faire respecter la distanciation. Quand on fait du coffrage par exemple, on ne peut pas être seul. »

Chaque jour, les compagnons passent d’abord par le lave-mains à l’entrée avant de signer leur fiche de présence et leur fiche médicale, pour signaler d’éventuels symptômes. On leur distribue ensuite gants et masques, puis ils se changent dans les vestiaires. Il y en a un dédié au propre, un autre pour le sale. Il y a désormais une femme de ménage à demeure pour nettoyer en profondeur, notamment les points de contact.

Deux équipes travaillent en horaires décalés. Le déjeuner aussi se fait en décalé. Nous avons par ailleurs rajouté des sanitaires et installé des rampes à eau afin de se laver les mains toutes les deux heures. Tout est respecté. Les ouvriers nous le disent, ils se sentent plus en sécurité avec toutes ces dispositions que lorsqu’ils vont par exemple faire des courses.

Quel est alors le plus difficile à mettre en place dans ce contexte ?

Marco Sébastiani : Faire respecter la distanciation. Quand on fait du coffrage par exemple, on ne peut pas être seul. C’est pour cela que nous avons imposé le masque. Mais selon les retours que nous avons, il est difficile de travailler avec un masque. Ce n’est pas confortable, pas facile pour bien respirer. Le FPP2 est trop lourd, il ne correspond pas à notre activité. Aujourd’hui, tout le monde joue le jeu, ce sera plus difficile cet été avec la chaleur. Les visières adaptables aux casques que nous avons n’excluent pas le port du masque.

Comment vous assurer que toutes ces mesures soient bien respectées ?

Marco Sébastiani : Nous avons un référent Covid-19 sur le chantier, qui a suivi une formation QSE, Qualité-Sécurité-Environnement. Les trois chefs de chantier et les conducteurs de travaux veillent aussi. Ce sont de nouvelles habitudes à prendre, l’exceptionnel devient le quotidien mais nous avons eu le temps de nous y préparer. Nous sommes désormais dans la deuxième semaine d’activité et nous nous adapterons par petites touches en fonction de la montée en puissance. Les bonnes pratiques développées aujourd’hui seront déployées à l’ensemble de nos chantiers. Le référent Covid-19 est aussi là pour cela. Nous faisons visiter le site aux encadrants d’autres chantiers pour expliquer, pour rassurer.

Quand pensez-vous reprendre les autres chantiers ?

Marco Sébastiani : Tout est prêt pour ouvrir dans ces nouvelles conditions. Nous espérons redémarrer le 11 mai le chantier d’Amadeus, celui de la résidence Giaume à Monaco, l’Unity au sein du Grand Arénas à Nice (programme de plus de 20 000 m² impliquant deux hôtels, des bureaux, commerces et un parking, NDLR) ou encore l’Îlot Pasteur à Monaco (superstructure de 47 000 m² avec parking, piscine, gymnase, salle de spectacle, collège, bureaux et médiathèque, NDLR). Sur certains chantiers qui nécessitent une forte présence, il est prévu des marquages au sol, des sens de circulation, tout pour éviter de se croiser avec un travail de planification important en amont.

Est-ce qu’on peut parler de soulagement aujourd’hui ?

Marco Sébastiani : Le soulagement viendra quand tout aura repris. Nous avons été la première entreprise à suspendre notre activité dès le 16 mars et nous sommes l’une des premières à rouvrir dans les Alpes-Maritimes. Nous n’avons pas eu de cas de coronavirus jusqu’alors, nous avons sans doute arrêté à temps. Nous passerons ensuite à la question des délais et des coûts, ce sera à discuter chantier par chantier. Ce sera l’étape d’après.

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