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Coronavirus : Deux tiers des entreprises de la métallurgie en activité, selon l'UIMM 49
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Coronavirus : Deux tiers des entreprises de la métallurgie en activité, selon l'UIMM 49

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Le 25 mars, l’UIMM de Maine-et-Loire a lancé une enquête auprès de ses entreprises adhérentes du secteur de la métallurgie. Il s’agissait de mesurer leur niveau d’activité depuis le début de la crise sanitaire et les différentes problématiques qu’elles rencontrent. Certaines ont cessé temporairement l’activité, d’autres l’ont poursuivi, d’autres encore sont toujours à l’arrêt. 61 % d’entre elles prévoyaient d'être ouvertes cette semaine.

64% des entreprises de la métallurgie devaient être en activité cette semaine, selon le résultat du sondage de l'UIMM 49. (ARCHIVES) — Photo : Olivier Hamard JDE

88 % des interrogés ont répondu à l’enquête adressée par l’UIMM de Maine-et-Loire le 25 mars dernier, soit 96 entreprises du secteur de la métallurgie sur 240 adhérents. L’union départementale souhaitait en effet connaître les premiers effets de la crise sur les entreprises locales et leur niveau de fonctionnement, pour celles qui sont en activité, même réduite. Le président de la République ayant annoncé le confinement le 16 mars au soir, 67 % des entreprises sondées avaient fermé leurs portes dès le lendemain ou le surlendemain, 5 % annonçant même qu’elles ne reprendraient pas avant la fin du confinement.

Des clients eux aussi à l’arrêt

« L’industrie s’est arrêtée brusquement les 17 et 18 mars, constate Fabrice Jacrot, le président de l’UIMM de Maine-et-Loire. Nos instances nationales et le gouvernement incitaient à une poursuite, ce que je peux comprendre.

Fabrice Jacrot, président de l'UIMM 49. — Photo : UIMM 49

Pour ma part, j’avais un avis différent et j’ai décidé de fermer mes entreprises, pour des raisons éthiques et de sécurité en premier lieu. Mais je voulais aussi savoir concrètement, par une enquête, comment avaient réagi les entreprises de la métallurgie en Maine-et-Loire et la manière dont elles s’organisaient. » Fabrice Jacrot dirige en effet 4 sociétés, dont, en Maine-et-Loire, SMP à Segré (25 personnes), spécialisée dans l’usinage de précision pour l‘industrie pétrolière, la défense, le médical ou encore l’aéronautique, et AMU à Nyoiseau (30 personnes), qui conçoit et fabrique des machines spéciales d’assemblage et de contrôle pour l’industrie automobile. « Dans ce secteur, nos clients se sont arrêtés eux aussi, et dans tous les cas, je ne voulais pas non plus envoyer d’équipes chez eux. »

La santé des salariés avant tout

Comme lui, une majorité des dirigeants de la métallurgie ont décidé de fermer leur entreprise dès l’annonce du confinement, 33 % des entrepreneurs sondés dans le département déclarant avoir poursuivi leur activité. Selon l’enquête menée par l’UIMM 49, 88 % d’entre eux ont opté pour des mesures de chômage partiel, 60 % pour des congés payés en accord avec les salariés. Parmi les raisons ayant conduit à la fermeture, 31 % ont déclaré avoir fermé pour préserver la santé de leurs salariés et 23 % pour la pression sociale, 15 % ayant enregistré par ailleurs un droit de retrait de leurs salariés. Puis l’activité a lentement repris, puisque les 26 et 27 mars, 54 % des entreprises se disaient toujours à l’arrêt. 13 % avaient repris le travail après avoir été fermées pendant quelques jours. En ce début de semaine, 64 % des entreprises annonçaient reprendre une activité.

Indispensable dialogue pour reprendre l’activité

Cette reprise, Moules et Outillage de l’Ouest (M.O.O), filiale du groupe familial angevin Delahousse (60 salariés), installé sur le même site de Vauchrétien et spécialisé dans les accessoires et machines pour les industries de la literie ou du meuble rembourré, l’a effectuée après avoir été fermée une semaine. « Au lendemain de l’annonce du confinement, témoigne Antoine Prod’Homme, le gérant de MOO, j’ai senti une tension dans l’atelier, avec des salariés inquiets. J’ai préféré apaiser les esprits, fermer pour prendre le temps de réfléchir et d’organiser les choses. En fin de semaine, je leur ai proposé de reprendre l’activité le lundi suivant. Nous en avons beaucoup discuté, ce qui est indispensable. » Le bureau d’études de l’entreprise de 10 salariés, qui fabrique des moules pour l’industrie, travaille à domicile. Dans le vaste atelier de 600 m2, l’entreprise a repris avec 6 personnes. Les circuits de déplacement ont été revus, la machine à café et le vestiaire sont condamnés. « Nous sommes loin les uns des autres, les locaux sont désinfectés chaque soir, j’ai aussi trouvé des lingettes et des gants, ajoute Antoine Prod’Homme. Nous espérons avoir des casques à visière dans les prochains jours. La semaine de reprise, j’ai aussi diminué les horaires et j’ai offert les deux heures quotidiennes non travaillées. » Les commandes réalisées actuellement, enregistrées avant le confinement, assurent du travail à M.O.O jusqu’à fin mai.

Redémarrage progressif

Ce 6 avril, Fabrice Jacrot a lui aussi rouvert ses deux entreprises angevines, avec 5 personnes pour l’une et 6 pour l’autre, soit 20 % de l’effectif : « Nous avons passé commande de masques, de gants, de gel, de visières et de produit désinfectant, confie-t-il. Notre responsable sécurité-environnement prépare le redémarrage complet, avec une organisation adaptée, entre autres pour le respect des mesures barrières. La semaine prochaine, nous multiplierons par deux les effectifs puis vers le 20 avril, nous devrions à nouveau être à 100 %. » Un démarrage progressif pour les entreprises du groupe (8 M€ de CA) avec un carnet de commandes plutôt rempli, même si pour SMP, le principal client, Euro Disney, qui représente 30 % de l’activité, a lui aussi fermé ses portes. Du jamais vu depuis l’ouverture du parc, hormis lors de la tempête de décembre 2019. « Nous avons au moins 4 semaines de travail devant nous, assure Fabrice Jacrot, voire 2 mois de commandes en usinage, mais en revanche, je ne sais pas encore si je pourrais livrer. Actuellement, nous avons aussi dans nos locaux de Segré trois personnes du bureau d’études de l’entreprise Eolane, pour qui nous allons fabriquer l’outillage nécessaire à la fabrication des cartes électroniques pour les appareils respiratoires d’Air Liquide. »

Si les deux sociétés angevines de Fabrice Jacrot ont des commandes à honorer avec un stock suffisant de matières premières, selon le sondage mené par l’UIMM 49, ce n’est pas le cas pour toutes les entreprises : les trois-quarts d’entre elles disent avoir des difficultés d’approvisionnement, 72 % ont vu leurs commandes annulées ou pour le moins leur nombre diminuer. Conséquence : une activité en nette baisse, que 65 % des entreprises du département estiment actuellement à moins de 50 % de la période habituelle. L’UIMM 49 a mis en place une cellule de crise au niveau territoriale. Elle reçoit environ 150 appels par jour. « On est à l’écoute des difficultés, précise Fabrice Jacrot, et l’on sait que pour certains de nos adhérents qui étaient déjà fragilisés, cela va être difficile. Nous faisons tout pour les identifier rapidement. » 

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